Le metteur en scène sud-africain William Kentridge présente au Joburg Theatre de Johannesburg, The Head & The Load, spectacle créé à Londres en 2018 sur le rôle de l’Afrique dans la Première Guerre mondiale. C’est la première fois que le spectacle est présenté en Afrique.
« Pouvoir montrer (cette pièce) à la maison est très important », explique William Kentridge à propos de ce spectacle qui se penche sur le sort des porteurs africains ayant transporté des armes, des canons et des fournitures pour les forces européennes pendant la Première Guerre mondiale. Il est consacré à « une histoire cachée, une histoire qui a été délibérément cachée ». Selon l’UNESCO, environ un million de soldats, porteurs et ouvriers africains auraient pris part à la Première Guerre mondiale. Plus de 150.000 Africains sont morts durant ce conflit.
« Je pense que le point de départ du projet était l’ignorance, et une gêne envers moi-même face à ma propre ignorance, je pensais que je connaissais la Première Guerre mondiale », confie le metteur en scène. The Head & The Load tire son nom d’un proverbe ghanéen – « La tête et le poids sont les maux du cou ». « Il y a (…) une charge physique que les gens portent, il y a une charge historique sur la façon dont nous sommes arrivés ici et il y a une charge psychique sur la façon dont on garde cette histoire dans sa tête », détaille William Kentridge.
Réputé pour ses films d’animation de dessins au fusain aux formes changeantes, l’artiste décrit le spectacle comme « un dessin très large… se déplaçant en trois dimensions », combiné avec des silhouettes, « du texte ajouté et beaucoup de musique ». Gregory Maqoma assure la chorégraphie. Il estime que la pièce entend « combler » un vide pour « ceux qui ne sont jamais rentrés chez eux » .
Parmi ces disparus se trouvait un parent éloigné du co-compositeur de la musique du spectacle, Thuthuka Sibisi, 35 ans, qui a raconté qu’un de ses ancêtres était mort à bord du SS Mendi, un bateau à vapeur britannique ayant coulé dans la Manche en février 1917. Le navire, selon lui, emmenait plus de 600 soldats sud-africains, pour la plupart noirs, au front en France. « Le rôle et la responsabilité ici sont de (…) reconsidérer ce que nous pensons être l’histoire », estime le compositeur.
Zama Luthuli © Agence France-Presse
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