Cofondatrice de la Cie Comme Si, Aurore Déon a joué sous la direction de Bob Wilson, Matthieu Roy, Rébecca Chaillon ou Julia Vidit. Elle présente au Théâtre 14, Baskets rouges. Voici son interview Soir de Première.
Avez-vous le trac lors des soirs de première ?
Toujours ! J’ai le bide en vrac, je me demande ce que je fais là, je réfléchis à quel autre métier je pourrais faire et quand je commence à avoir quelques idées, il faut déjà entrer en scène ! Pourtant, j’adore ce vertige et j’adore y retourner. Pour le spectacle Baskets Rouges où je suis à la mise en scène, j’ai carrément la trouille par procuration pour mon équipe.
Comment passez vous votre journée avant un soir de première ?
J’essaie toujours d’en faire une journée un peu sacrée : allumer des bougies, faire des cadeaux de première, je voudrais planer jusqu’au théâtre, vivre d’amour et d’eau fraîche… mais très vite, je suis rattrapée par le réel : je me salis en mangeant, je me cogne les orteils sur des coins de chaises, je me rentre le mascara dans l’oeil… bref, la journée passe super vite et le soir dans mon lit, je réalise que c’est une journée comme une autre.
Avez-vous des habitudes avant d’entrer en scène ? Des superstitions ?
Avant je récitais l’alphabet dans ma tête, trois fois (rires) maintenant je vais aux toilettes, mais à la dernière minute bien sûr (rires) …et quand j’ai un costume un peu élaboré, je vous laisse deviner le stress ! Sinon j’adore me passer de la crème sur le corps, c’est un petit rituel, un rendez-vous avec moi-même.
Première fois où je me suis dit « je veux faire ce métier ? »
J’ai commencé le théâtre par hasard, j’avais 9 ans, et ce qui m’éclatait à l’époque c’était d’avoir découvert un endroit où toutes les folies que j’inventais dans la cour de récré étaient autorisées, voire encouragées ! J’ai mis du temps à comprendre que c’était un métier, on n’avait pas du tout cette culture-là à la maison. C’est au lycée je pense, en option théâtre, en voyant nos intervenants en cours avec nous la journée, puis sur scène le soir que j’ai eu un déclic. C’était le maillon qu’il me manquait : je voulais faire un métier de transmission.
Premier bide ?
J’étais en formation de comédienne et il y avait un intervenant Clown qui ne laissait rien passer. Je suis entrée sur scène, de manière un peu trop confiante et il m’a crié : » TU SORS !!! » L’angoisse…
Première ovation ?
En HipHop, on est très souvent debout pour regarder les cercles, les battles. En 2004, avec Michel Onomo on remporte le Juste Debout (un battle international de danse) et là… une marée humaine envahit la scène. C’était dingue ! Mon cœur s’est soulevé. Une vraie liesse sur scène, avec le public, les amis, la famille. Un moment magique.
Premier fou rire ?
Ohlalaaa mais moi, un rien me fait rire ! une intonation, une expression, une attitude, des sons…malheureusement j’ai très mauvaise mémoire pour me rappeler ce qui m’a fait rire. Mais un fou rire qui m’a marquée, une fois au cinéma avec ma grande sœur, je ne sais plus pour quel film c’était mais on en pleurait. La salle entière s’est mise à rire avec nous et plus du tout pour le film ! j’ai encore la sensation des soubresauts dans mon corps.
Premières larmes en tant que spectateur, spectatrice ?
J’ai 16 ans, à la Cartoucherie, au Théâtre du Soleil, Le Dernier Caravansérail d’Ariane Mnouchkine. J’étais à des années lumières de savoir qu’une telle puissance était possible sur scène. Le propos, la beauté des images, la troupe, le lieu, tout m’a bouleversée…
Première mise à nue ?
Au sens propre comme au figuré ! avec Rébecca Chaillon dans Carte Noire Nommée Désir. Avec tellement d’écoute, de confiance, de bienveillance et d’évidence que ça s’est fait très naturellement.
Première fois sur scène avec une idole ?
Travailler sur Jungle Book de Robert Wilson, c’est unique ! C’est comme plonger dans les pages de tes bouquins de fac et d’éprouver physiquement une esthétique et un jeu qui te fascinent. Jouer pour Marie Piemontese dans Qui déplace le soleil était une super expérience aussi car je suis une grannnde fan de la comédienne qu’elle est. Après, si je peux lancer un message à l’univers, je veux bien jouer avec Viola Davis 🙂 Et Michel Gondry 🙂
Première interview ?
Pour le spectacle La Barbe Bleue en 2008, nous étions interviewées avec Caroline Maydat avec qui on codirige la Cie Comme Si, par Véronique Soulé sur Aligre.fm . À l’époque on entendait souvent « mais Barbe Bleue ?! ça fait pas un peu peur pour les enfants, non ?! », on était dépitées… Avec Véronique, on avait eu un super échange autour de la curiosité qui n’a pas d’âge et se rappeler que jouer à se faire peur, c’est sain.
Premier coup de cœur ?
Ahhh y’en a deux. Deux références théâtrales, chorégraphiques et visuelles qui m’habitent encore et ont complètement façonné mon paysage intérieur en quelque sorte… Le spectacle Drop It !, de Franck II Louise. Et Les Marchands, de Joël Pommerat.
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