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Les vies parallèles de Vimala Pons

Cirque, Les critiques, Moyen, Orléans, Paris

Dans sa nouvelle création, Le Périmètre de Denver, Vimala Pons mêle plusieurs de ses obsessions très diverses – pour les objets, les romans policiers ou encore le déguisement – au service d’une enquête située dans un hôtel de Thalasso anglais. Toute seule, elle a l’art de faire vivre toute une galerie de personnages. Au risque de trop disparaître derrière eux.

Emmitouflée dans une grande doudoune noire, le visage couvert d’un masque de femme d’un certain âge, rondelette, la Vimala Pons qui se présente à nous dans Le Périmètre de Denver n’a rien de celle que l’on a pu voir dans Notes on the circus (2012) du collectif Ivan Mosjoukine. Elle n’a rien non plus de commun avec les nombreuses apparences qu’elle se compose à vue dans son spectacle suivant, GRANDE (2017), une « revue circo-théâtrale » d’un genre unique qu’elle co-signe avec son complice Tsirihaka Harrivel, lui aussi ex-Mosjoukine dont l’unique spectacle a bien bousculé le paysage du nouveau cirque. On pourrait continuer longtemps ainsi à chercher et ne pas trouver de traits communs entre la Vimala bibendum, ridée, et toutes ses autres apparitions au théâtre mais aussi au cinéma, où elle a joué avec plusieurs réalisateurs de la Nouvelle Vague ainsi qu’avec des réalisateurs indépendants de la nouvelle génération. Si Vimala Pons ne se ressemble pas, c’est qu’elle est bien elle-même.

C’est du moins ce qu’on se dit-on en écoutant le monologue de son dodu personnage à l’accent allemand, qu’elle semble prononcer elle-même mais qui vient plus sûrement de l’attirail technique et humain – voir la distribution, impressionnante – bien caché derrière un décor à l’esprit surréaliste. Cette drôle d’Angela Merkel – on apprendra plus tard qu’il s’agit d’elle – qui cite à tout-va le Dalaï-lama – elle aime, dit-elle, attribuer toutes sortes de phrases stupides au pauvre moine bouddhiste – est cliente d’un hôtel de Thalassothérapie situé en Angleterre à Brighton au moment où y est commis un meurtre mystérieux. Le Périmètre de Denver – « espace qu’on crée quand on ment. C’est une zone mentale et plus précisément une boucle de temps qui se répète en s’adaptant à de nouvelles situations », lit-on dans le dossier du spectacle qui ne dit d’ailleurs pas grand-chose d’autre – se place d’emblée dans le prolongement de plusieurs des recherches que Vimala Pons aime à mener en parallèle. De manière séparée parfois, mais souvent en imaginant des ponts entre ses univers multiples.

Pour reprendre ses termes, qu’elle employait quand nous la rencontrions en décembre 2020 pour réaliser son portrait dans Génération Sceneweb, Vimala Pons pratique dans Le Périmètre de Denver son art du « montage parallèle ». Dans le délire de sa copie de chancelière, auquel succèdent plusieurs autres logorrhées aussi folles, on peut voir le prolongement du geste d’écriture qu’elle affirmait pour la première fois dans son livre audio Mémoire de l’Homme Fente sorti au moment de notre rendez-vous, en plein confinement. En accompagnant son monologue franco-allemand par un effeuillage qui la fait passer par toutes sortes d’apparences, Vimala Pons prend aussi la suite de GRANDE, qui s’ouvrait sur le contraire d’un déshabillage : par l’enfilage, les uns sur les autres, d’un maximum d’habits qui tout au long de l’Histoire ont contraint le corps de la femme. La pile de faux rochers qu’elle fait tenir en équilibre sur la tête de quasi-parodie de politicienne allemande rappelle aussi de bons et tenaces souvenirs de GRANDE, où l’artiste faisait déjà tenir toutes de choses sur sa tête.

Les étranges passions et obsessions de Vimala, et sa capacité à en assumer le poids – au sens propre comme au figuré – ont bien résisté au temps, plus long que prévu du fait du Covid, qui s’est écoulé depuis sa dernière création. Et il est très impressionnant, et plaisant, de la voir déployer ses grandes forces pour faire exister ses personnages – après Angela, elle se fait tour à tour commercial, vieille femme ou encore attaché de presse doublé d’un troll (c’est lui la victime) – et sa fiction. Cette première création en solo, où Tsirihaka Harrivel est à ses côtés en tant que collaborateur artistique – rôle qu’elle tient pour lui dans sa création La Dimension d’après, qu’ils considèrent tous les deux comme la « Face B » du spectacle de Vimala Pons –, est pleine de charmes. Le récit-cadre qui les relie entre eux est toutefois un peu convenu pour mettre en valeur toute la singularité du langage de Vimala Pons.

Construite selon les règles du genre, avec son lot de fausses pistes, de mensonges et de contradictions, l’enquête du Périmètre de Denver a tendance à affaiblir les parties qui le composent. Les transitions qui séparent celles-ci auraient aussi mérité à être travaillées comme telles. Au lieu de quoi, en s’habillant ou en se déshabillant pour les seuls besoins de son récit, sans faire de ces gestes en eux-mêmes un élément à part entière du spectacle, Vimala Pons tend à s’effacer derrière ses différents protagonistes. Alors qu’elle, avec les techniques de déguisement, d’équilibre et la personnalité complexe qu’elle développe de spectacle en spectacle a tout pour être le solide fil conducteur qui manque à sa pièce. Le Périmètre de Denver gagnerait en profondeur, en incluant aussi une réflexion sur le geste en train de se faire, sur les transformations en cours. De réjouissant, son territoire deviendrait sans doute passionnant, intriguant. Car il est un art de montrer qui au lieu de gâcher le mystère, l’accroît.

Anaïs Heluin – www.sceneweb.fr

Le Périmètre de Denver

réalisation et exécution Vimala Pons
collaboration artistique Tsirihaka Harrivel
construction des objets Charlotte Wallet, Olivier Boisson, Atelier de Nanterre-Amandiers, CDN (MarieMaresca, Charlotte Wallet, Marie-Benoîte Fertin, Jérôme Chrétien, Élodie Dauguet, Ivan Assaël, Mickael Leblond, Mickael Nodin), Marlène Bouana
artificier Marc Chevillon
conception des systèmes électro et vidéos Alex Hardellet, Charles Sadoul
collaboration SFX, fabrication des prothèses l’Atelier69
suivi de production SFX Elise Lahouassa
collaboration informatique musicale Ircam Robin Meiermix
son Victor Praud (Studio Zone d’Ombre)
collaboration dispositif lumière Sylvain Verdet
costumes Marie La Rocca, Anne Tesson, Rémy Ledudal, Marie-Benoîte Fertin
collaboration scénographie Bigtime Studio (Marion Flament et Jimme Cloo)
régie générale Benjamin Bertrand
régie son Anaëlle Marsollier
régie lumière et vidéo Alex Hardellet
habilleuses Mélanie Leprince, Anais Parola

direction de production et diffusion Adeline Ferrante
attachée de production Pénélope De La Iglesias
administration de production Alice Couzelas

coproduction
Nanterre-Amandiers, Centre Dramatique National, 2 Pôles Cirque en Normandie • La Brèche, Cherbourg • Cirque Théâtre, Elbeuf, Lieu Unique, Nantes, CDN Orléans/Centre-Val de Loire, Bonlieu scène nationale d’Annecy, Le TAP, Poitiers, La Coursive, Scène nationale de La Rochelle, MC2 :Grenoble, Malraux scène nationale Chambéry Savoie, Le CENTQUATRE-Paris, Les Spectacles vivants, Centre Pompidou Paris, Les Halles de Schaerbeek Bruxelles, Ircam-Centre Pompidou, Les Subsistances Laboratoire de création artistique Lyon avec l’aide du Ministère de la Culture, Direction Générale de la Création Artistique, DRAC Île-de-France
production déléguée Victoire Chose

Durée : 1h30

CDN Orléans
Jeudi 13 janvier 2022 19h
Vendredi 14 janvier 2022 19h30

Centre Pompidou
10, 11 et 12 février 2022

Le 104
Du 16 au 26 février 2022

19 janvier 2022/par Anaïs Heluin
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