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Jacques Weber : « Lear, c’est le rôle de mes rêves ! »

Actu, Les interviews, Paris, Théâtre
Jean-Louis Fernandez

photo Jean-Louis Fernandez

Georges Lavaudant met en scène pour la 3e fois Le Roi Lear de Shakespeare, avec cette fois-ci Jacques Weber dans le rôle-titre. A 72 ans, le comédien aborde enfin de ce rôle. Créé à l’Archipel, Scène nationale de Perpignan, cette production des Théâtres Aix-Marseille est à l’affiche du Théâtre de la Porte Saint-Martin dans le cadre de la saison du Théâtre de la Ville, avant de repartir en tournée en France en 2022

Etes-vous heureux de retrouver ce théâtre de la Porte Saint-Martin, et enfin ce rôle ?

C’est formidable. C’est un rôle dont j’ai rêvé. C’est un tournant dans une vie car je pense que c’est un des très grands chefs-d’œuvre de la culture occidentale. Et puis, c’est un retour dans un théâtre que j’adore. Je l’ai fréquenté très souvent avec des gens que j’aime énormément comme Emmanuelle Béart dans Le misanthrope ou Pierre Arditi dans Le Tartuffe. Tout concourt à ce que ce soit un beau rendez vous, maintenant, il faut que je sois présent dans ce rôle. J’aime bien qu’il me bouffe. C’est ce qu’il est en train de faire, ce garnement. C’est très réjouissant parce que ce texte, même si il est drôle, farcesque et dramatique, est aussi plein de suspens. C’est aussi un texte très exigeant et très poétique.

Quel style de Lear êtes-vous ?

Très honnêtement, je crois que ce sera aux spectateurs de le dire. Je n’ai pas de miroir lorsque je joue. Ce que je sais, c’est que j’ai 72 ans, et c’est le bon moment pour le jouer. C’est un colosse aux pieds d’argile, comme beaucoup d’hommes de pouvoir. Comme De Gaulle. Cet homme se dégrade et la pièce elle même se détruit petit à petit, son architecture se liquéfie. On tombe sur un monde où il n’y a plus rien. On est sur les rivages du futur grand auteur contemporain que sera Samuel Beckett. C’est quelque chose de cet ordre là. Et au moment même où notre monde est tout à fait en lisière de la catastrophe, je trouve que c’est une pièce qui en parle.

Vous n’avez pas souvent rencontré Shakespeare dans votre carrière. Vous avez joué et mise en scène La mégère apprivoisée, et c’est tout. Pourquoi ?

C’est très, très bizarre. Il y a deux auteurs dont on me parle tout le temps et que je n’ai abordé que tardivement, Shakespeare et Tchekhov. La mégère apprivoisée est une œuvre dont j’ai eu tort de dire qu’elle était mineure. Elle ne l’est pas du tout, quand je l’ai jouée sous la direction de Jérôme Savary, c’était extraordinairement festif et spectaculaire, et merveilleusement gourmand et sensuel, comme tout ce que faisait ce merveilleux Jérôme. Quand à Tchekhov, je ne l’ai joué que dernièrement au Théâtre de l’Atelier, puis à la télévision avec Oncle Vania. Ce sont deux rencontres magnifiques. Avant je n’avais peut être pas la maturité, en tant qu’homme et en tant qu’acteur pour affronter ces deux colosses. C’est vrai que j’étais plutôt dans le bain Molière.

Quelles différences faites-vous entre Molière et Shakespeare ?

Autant Molière reste, et ça n’a aucun caractère péjoratif, le peintre de la bourgeoisie, il appartient à l’art précieux du 17e siècle, même si ça déborde de génie et d’humanité de Molière; autant Shakespeare est un des rares auteurs cosmologiques. Derrière chaque phrase, se trouvent des étoiles. Nous sommes là, chez un homme qui prend en compte l’univers et qui parle d’homme à homme, avec les éléments. En tout cas, Le roi Lear parle à hauteur d’homme dans un face à face avec les éléments et l’univers. Mais je pense que ce n’est pas la peine de faire ressembler Shakespeare à Game of Thrones en le surchargeant de cris, de vociférations et de fumigènes. Dans chaque phrase, il y a de la philosophie, de la poésie, de la sensualité, de la gourmandise, de l’érotisme et de la sexualité. Il y a tout les composantes de l’existence de l’humanité.

S’agit-il d’un défi physique pour un comédien ?

Pas du tout, c’est très étrange. La tempête est beaucoup plus épuisant. Le rôle d’Arnolphe dans L’Ecole des femmes fait 900 vers et il est omniprésent sur scène. Avec Le roi Lear, Shakespeare commençait à vieillir, et c’est comme si il voulait aussi faire reposer l’acteur. Il y a des vraies plages de repos. Le problème, c’est qu’il y a une telle tension quand la folie le gagne, que chaque vers devient puissant. C’est là que peut surgir l’épuisement.

Propos recueillis par Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr

4 novembre 2021/par Stéphane Capron
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