Valéry Colin, ancien danseur de l’Opéra de Paris, devenu producteur a connu une série de succès en présentant le show Tutu ou la compagnie classique de l’Opéra national de Kiev. Toutes ses productions sont au point mort depuis la mi-mars. Point de vue par temps de crise.
Vous avez annulé des spectacles ce printemps comme d’autres confrères du secteur privé ?
Valéry Colin : nous avions commencé avec Les Echos-Liés à Bobino le 26 février ! Nous avons stoppé le show le 12 mars. Tous les danseurs ont droit au chômage partiel jusqu’au 20 juin qui était la date de la dernière supposée représentation à Paris. Je savais que nous ne pouvions pas reprendre en mai. Momix la troupe américaine devait revenir cet automne avec Alice et j’ai déjà décalé sa venue sur l’année prochaine. Pour beaucoup de directeurs de théâtre il est évident que la reprise ne se fera pas demain. D’abord sur un plan économique c’est intenable de jouer sur des moitiés de salles avec un fauteuil libre entre chaque. Quant à demander au public d’être masqué c’est une autre gageure.
Ces annulations ou reports ont un coût j’imagine ?
Pour Les Echos-Liés nous avions souscrit une assurance en novembre. Donc on sera en partie remboursé. Mais je sais que nombre de collègues n’ont pas pu souscrire ce genre d’assurance. Il y aura pas mal de dégâts dans les rangs. Je pense même que certains gros producteurs vont avoir du mal à rebondir. En ce qui concerne les prêts garantis par l’état dans les faits c’est assez compliqué. Toute mon équipe est au chômage partiel –sauf moi-, mais nous espérons nous remettre au travail en septembre. Par contre il faudra tenir jusqu’aux prochaines productions en février 2021.
Cette échéance de reprise début 2021 pour vous est probable ?
Personne n’a de réponse, que ce soit les scientifiques ou les politiques ; le conseil du Prodiss ( Syndicat national des producteurs, diffuseurs, festivals et salles de spectacle musical et de variété) c’est en gros de se mettre « sous cloche » pour un petit moment. Je vois heureusement une vraie solidarité entre les producteurs, un dialogue permanent. Nous sommes tous prêts à faire des efforts.
Quel genre d’efforts ?
Revoir nos grilles tarifaires par exemple. Ce qui veut dire que certains artistes aussi devront peut-être revoir leur prétention. On avait assisté à une inflation des cachets ces temps derniers. On va sans doute revenir à plus raisonnable.
Ne risque t’on pas un « embouteillage » des salles à Paris l’an prochain ?
C’est simple il n’y a déjà presque plus de créneaux dans beaucoup de lieux car les producteurs ont repoussé les grands shows ou les plus modestes sur 21/22. Le ballet Virsky que je devais présenté au Palais des Sports en novembre prochain est ainsi décalé d’un an. Je me dis qu’après le confinement, après une potentielle seconde vague de contaminations, il y aura enfin l’envie pour le public de retrouver les salles et les artistes.
Propos recueillis par Philippe Noisette – www.sceneweb.fr
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