Cette semaine, Histoire de la violence est créée à Annemasse et Angels in America à la Comédie-Française. Si l’horreur de la société résonne sur scène depuis la fin du XXe siècle, depuis toujours le théâtre se plaît à montrer le pire de l’être humain sur les planches. Qui sont les monstres ? Que disent-ils de nous ?
Qui n’a jamais eu peur des monstres ? Ils nous renvoient à nos angoisses et nos craintes d’enfant. Quand on grandit, on prend distance. Certains les évitent, d’autres sont fascinés par ces créatures aux traits divers et à l’histoire lourde de sens. Mais qu’est-ce qu’un monstre ? « Un être, un animal fantastique et terrible » ou un « être vivant ou organisme de conformation anormale », plus encore « une personne d’une laideur effrayante », si on s’en tient au dictionnaire.
Au théâtre, le monstre réunit une ou plusieurs de ces caractéristiques : il a un physique particulier, une apparence presque humaine, il est agressif ou au moins animé par une volonté destructrice, il apprécie la nuit, on le représente dans l’obscurité. Plus encore, il est seul, par choix ou suite à son exclusion de la société.
Les monstres ne sont pas là simplement pour provoquer l’angoisse de celui ou celle qui les observe. Il y a toujours un sens qui explique sa présence. Les créatures fantastiques sont employées pour transmettre un message au spectateur.
Il y a d’abord l’invitation à passer outre les différences afin de découvrir les qualités de l’autre, passer la barrière physique pour découvrir ses richesses, tel Cyrano de Bergerac ou Gwynplaine, héros de L’Homme qui rit de Victor Hugo.
Autre monstre, ceux que le héros doit combattre. Le théâtre épique ou le théâtre grec regorgent de héros qui doivent affronter un monstre affreux comme l’ultime épreuve avant la renaissance. Affronter la bête qui est en nous pour devenir adulte. Comment faire face et dominer nos propres démons ?
Les fous sont aussi parmi les plus passionnants personnages, à l’instar de Lady Macbeth, Roberto Zucco ou des bonnes de Genet tous particulièrement effrayants car humains, comme le public. Ils sont des exemples parfaits de catharsis, inspirant peur et crainte au spectateur et montrant par l’exemple la conséquence destructrice de comportements anormaux.
Il ne faut donc pas avoir peur des monstres : ils ont tous quelque chose à nous apprendre. Malgré la dureté des histoires, il y a toujours des clés d’interprétation. Et si nous aimions les monstres ? Si nous nous questionnions sur ce qui les a conduits à être comme ça ? S’ils nous apprenaient l’empathie ?
Hadrien Volle – www.sceneweb.fr
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