Agnès Sourdillon n’a pas quitté les planches depuis son apprentissage à l’École du théâtre national de Chaillot dirigée par Antoine Vitez. De la Cour d’honneur du Festival d’Avignon aux côtés de Pierre Arditi dans L’Ecole des femmes à l’Odéon dans le Phèdre de Patrice Chéreau. Elle retrouve cette semaine au Théâtre national de la Colline, l’un des ses auteurs fétiches, Valère Novarina pour la création de L’animal imaginaire avant d’endosser celui de Penthésilée en 2020 dans la création de Sylvain Maurice au Théâtre de Sartourville. C’est son Soir de Première.
Avez-vous le trac les soirs de Première ?
Si seulement ce n’était que les soirs de Première… Mais c’est comme ça : Si j’ai le trac y a des couacs et si j’ai pas le trac tout part en vrac ! Une seule formule pour m’en sortir : » Oh mon cœur, prenons un galop! »
Comment passez-vous votre journée avant un soir de Première ?
J’essaie d’avaler une Vache-qui-rit.
Avez-vous des habitudes avant d’entrer en scène? Des superstitions ?
« Mieux vaut un peu de superstition que pas de religion du tout »: Deux gouttes d’eau derrière chaque oreille et je demande à mon époux, où qu’il soit, de tenir à l’heure dite un clou glané n’importe où dans le creux de sa main.
Première fois où je me suis dit « Je veux faire ce métier » …
Aujourd’hui.
Premier bide…
Celui de ma maman.
Première ovation…
Dans un rêve idiot, avant même ma première Cour d’Honneur (Avignon 2001).
Premier fou rire…
Tinel de la Chartreuse, Avignon 1995, La Chair de l’homme, premier spectacle de Valère Novarina dans lequel je joue, une scène de repas pendant laquelle l’actrice Laurence Mayor s’étrangle en mangeant de la compote, fou rire collectif inexorable… Depuis beaucoup d’autres… Le dernier en date : Théâtre de l’Odéon, juin 2019, Un Ennemi du peuple d’Ibsen mis en scène par Jean-François Sivadier : Entre l’acte III et IV le noir se fait sur scène, je reste au plateau mais profite de l’obscurité totale pour retirer un manteau que je dépose sur un élément du décor dans mon dos, une étagère. Je ne sais pourquoi un soir l’étagère en question bouge : je viens de poser ce foutu manteau sur la tête d’un partenaire…
Premières larmes en tant que spectatrice…
Je les retiens. Elles débarquent beaucoup plus tard, hors du théâtre, quand je ne les attends pas. Par exemple, à 4000 mètres d’altitude dans l’Himalaya en approchant dans la montagne un cheval harnaché de paniers d’osier, soulevant un des couvercles et découvrant trois agneaux nés dans la nuit.
Première mise à nue ….
Nu dans le bain, mis en scène David Géry, La Chartreuse de Villeneuve-lez- Avignon, juillet 2017. Le titre est inspiré de celui d’une série de tableaux du peintre Pierre Bonnard. Je joue le rôle de la modèle, celle qui se tait et se met soudain à parler, nue pendant 1 heure et quinze minutes.
Première fois sur scène avec une idole …
Lecture en duo avec le poète palestinien Mahmoud Darwich (« La terre nous est étroite, poètes de l’exil », à la Maison de la culture du monde, mars 2000).
Premier interview…
A la Maison de Radio France : le journaliste : « Vous n’avez aucun talent, est-ce que ce n’est pas un handicap pour une toute jeune comédienne? », moi : blanc. Le journaliste : » Pas de panique, c’était un essai son! ».
Premier coup de cœur…
Raymond Devos traversant un rideau rouge avec à la main une scie musicale. Et toujours premier : le jour qui se lève et le noir qui se fait dans la salle avant le début d’un spectacle.
Propos recueillis par Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
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