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Le Prince travesti : Marivaux en ternes palabres

À la une, Calais, Décevant, Les critiques, Malakoff, Nevers, Poitiers, Théâtre, Vannes, Versailles

Photo Guy Delahaye

Aux commandes d’une mise en scène trop sage, Yves Beaunesne ne parvient à donner ni relief, ni éclat à cette intrication de marivaudages qui s’étiole en mornes bavardages.

Le Prince travesti n’est ni la plus connue, ni la plus représentée des pièces de Marivaux. Après avoir monté La Fausse Suivante, il fallait un brin d’audace à Yves Beaunesne pour s’emparer de celle-ci, la préférer à des pièces plus célèbres, et sans doute plus aisées à orchestrer, comme Le Jeu de l’amour et du hasard ou La Double Inconstance. Toute la difficulté de cette comédie romanesque réside dans les multiples juxtapositions sur lesquelles elle repose. Aux traditionnelles péripéties amoureuses et à l’incidence des hiérarchies sociales, toujours traversée par les questions d’argent, Marivaux ajoute une dimension politique, pour le moins inhabituelle dans son œuvre, et place ses marivaudages dans le cœur du réacteur du pouvoir.

S’ensuit une intrigue aussi riche qu’emberlificotée, où les affres du cœur se mêlent aux querelles de sceptre, où les batailles de tous ordres – économiques, sociales, amoureuses, politiques – s’entrechoquent et se complètent. Engagé comme mercenaire dans l’armée de la princesse de Barcelone, l’aventurier Lélio, qui n’est autre que le prince de Léon, remporte une bataille décisive qui lui ouvre les bras de la souveraine. Bien décidée à faire de lui son mari et son chef de gouvernement, en dépit des impératifs inhérents à la Cour, elle demande à son amie, Hortense, de lui passer le mot. Mais, au-delà de la véritable identité de Lélio, elle ignore qu’il entretient une passion secrète avec sa confidente. Dans un passé récent, le prince de Léon avait sauvé héroïquement la vie de la belle Hortense, alors mal mariée avec un époux qui la laissera bientôt veuve. Excité, et compliqué, par un valet avare, un faux ambassadeur de Castille et un ministre complotiste, ce conflit de loyauté inter et intrapersonnel ne tarde pas à se transformer en guerre à ciel ouvert.

Pour déployer et démêler cette imbrication de marivaudages, le dramaturge français a préféré opter pour les circonvolutions langagières, propres au monde politico-diplomatique, plutôt que pour l’ardeur fougueuse des sentiments amoureux. A charge, donc, pour le metteur en scène d’en gratter le vernis ampoulé pour faire émerger le feu passionnel. Malheureusement, Yves Beaunesne n’y parvient pas. Malgré l’engagement de sa troupe de comédiens qui ne ménagent ni leur peine, ni leur talent, la directeur de Centre dramatique régional de Poitou-Charentes s’est laissé emporter par le flot textuel marivaudien. Au lieu de chercher à les dompter, à en révéler la beauté, il se laisse bercer par des discussions diluées qui se métamorphosent en mornes palabres. La pièce de Marivaux ne dégage alors ni saveur, ni éclat particulier, enfermée dans un écrin poussif qui échoue à la propulser et à lui imposer un quelconque rythme.

Assombrie, cadenassée dans un élégant décor, dont la grisaille ambiante concourt à ternir l’atmosphère, la prétendue comédie prend les atours d’un drame aux accents bourgeois chics. Sans doute conscient de ce manque d’énergie naturelle, Yves Beaunesne instille quelques intermèdes musicaux, comme autant de chansons curieusement italiennes dans cette Espagne théoriquement moyenâgeuse, pour donner un peu de tonus et de couleurs à l’ensemble. Las, leur exécution inégale n’installe aucun dynamisme particulier et rend ces moments aussi poussifs que les autres. Ne reste, alors, que les purs instants comiques, ceux du vibrionnant Thomas Condemine en truculent Arlequin. Un bien maigre butin.

Vincent BOUQUET – www.sceneweb.fr

Le Prince travesti
Texte Marivaux
Mise en scène Yves Beaunesne
Avec Marine Sylf, Elsa Guedj, Nicolas Avinée, Jean-Claude Drouot, Thomas Condemine, Johanna Bonnet, Pierre Ostoya-Magnin et Valentin Lambert
Dramaturgie Marion Bernède
Assistanat à la mise en scène Marie
Clavaguera-Pratx et Théophile Guilhem-Guéry
Scénographie Damien Caille-Perret
Lumières Joël Hourbeigt
Composition musicale Camille Rocailleux
Costumes Jean-Daniel Vuillermoz
Maquillages Kuno Schlegelmilch

Production Comédie Poitou-Charentes
Coproduction Théâtre 71 – Scène nationale de Malakoff, Théâtre d’Angoulême – Scène nationale, Théâtre Montansier avec le soutien du fonds d’insertion de L’éstba financé par la Région Nouvelle-Aquitaine, du fonds d’insertion pour Jeunes Artistes Dramatiques avec le soutien de la DRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur et de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur avec la participation artistique du Jeune Théâtre National

Durée : 2h20

Théâtre Firmin Gémier/La Piscine, Châtenay-Malabry
Les 4 et 5 décembre

Centre des Bords de Marne, Scène conventionnée du Perreux-sur-Marne
Le 10 janvier 2019

Scènes du Golfe, Vannes
Le 15 janvier

Théâtre 71, Scène nationale de Malakoff
Du 23 janvier au 1er février

Théâtre Montansier, Versailles
Du 6 au 10 février

SN 61, Scène nationale d’Alençon
Le 26 février

Théâtre Jacques Coeur, Lattes
Le 21 mars

Grand Théâtre, Calais
Les 28 et 29 mars

MCNA, Nevers
Le 4 avril

6 décembre 2018/par Vincent Bouquet
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