Un comédien, un auteur, c’est comme un être humain, ça rêve d’éternité, ça veut toujours plus, ça craint le temps qui passe alors ça en fait des tonnes et ça se prend les pieds dans le tapis. Mais c’est un humain qui pousse les choses loin, jusque dans une épopée comique de la création et du désir de gloire.
Je voulais encore explorer la piste du seul-en-scène comique pour ce lien magique entre le conteur, le récit et le public. Un conteur acteur en contact avec un groupe, c’est un « contacteur ». C’est joli mais qu’est-ce que ça signifie ? J’avais encore envie de plonger le public ici et maintenant au cœur d’un récit qui l’implique. Mais quel récit ? Quoi dire du monde, de nous, de la vie ? Quelle histoire universelle raconter pour parler au plus grand nombre tout en touchant quelque chose d’intime ou de précis ? Quoi raconter, en vérité ?
C’est une question terrible et je m’y suis perdu, comme beaucoup paraît-il. Je me suis perdu dans des questions de séduction et de performance : que veut le public ?, qu’attend de moi le public qui a aimé le Dossard 512 ?, comment poursuivre dans cette voie mais en étant original et en me renouvelant ?, comment ne pas me planter tout court ? Confirmer ? Changer totalement ? Qu’est ce qui va marcher à coup sûr ?… Bref, j’ai brassé de nombreuses questions en oubliant ce qui ferait la différence : une histoire qui va m’amuser pour que j’ai envie de la raconter au public et lui donner du plaisir !
Alors après avoir ressassé de nombreux sujets, de toutes formes et pris des centaines de notes, je me suis dit : Pourquoi ne pas raconter cette longue prise de tête, cette errance dans les affres de la recherche du spectacle génial et unanime qui assouvirait mon orgueil et mon désir inconscient de gloire éternelle ? Parler de ma quête intime du chef-d’œuvre, d’accord, mais tout le monde s’en fout, non ? Non, pas si c’est mis en action afin que les spectateurs puissent suivre l’aventure rocambolesque du personnage et se reconnaître dans ses aspirations les plus profondes et ses défauts les plus risibles.
Et pour ne pas en faire un long monologue nombriliste et psycho-dramatique, il fallait trouver un moyen de lancer un personnage dans une aventure qui pourrait faire émerger toutes ces questions de soif d’absolu, de peur de l’échec, du désamour, du sens de l’œuvre dans une vie trop courte, du sens de la vie tout court !
Ne vous attendez donc pas à voir ce vous aviez envie de voir dans ce nouveau spectacle, attendez-vous à bien mieux, à bien plus riche, plus intelligent, plus drôle, plus, plus et plus encore… Le mieux est l’ennemi du bien ? Le pire sera encore plus fort alors.
Yohann METAY
«LE SUBLIME SABOTAGE»
de Yohann METAYTHEATRE DU LUCERNAIRE
A partir du 1er octobre 2019
les mardis et mercredis à 21h30
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