Devenu chanteur dans un camp de réfugiés, Yacouba Konaté conte et chante son exil pour le jeune public dans Le jeune Yacou. Son témoignage, qui pâtit d’une écriture sans qualités, ne trouve pas sa place au Festival d’Avignon.
La musique, pour Yacouba Konaté, est acte de résistance. C’est au camp de réfugiés de Choucha, au sud de la Tunisie, qu’il écrit sa première chanson, Kakaleka. En arabe, pour s’adresser au plus grand nombre, il y dit la difficulté de l’exil. Ses violences, ses dangers et la nécessité d’avancer malgré tout, de résister. Pour échapper aux rebelles entrés en 2002 dans son pays, la Côte d’Ivoire, lui a déjà traversé le Ghana, le Togo, le Bénin, le Nigéria et le Cameroun. Il est ensuite arrivé en Libye, où s’est déclenchée une guerre civile qui l’a forcé à fuir à nouveau. Ses mots, sa voix sont vite célèbres dans le camp, qu’il quitte bientôt pour tenter de gagner l’Europe. Mais arrivé dans un premier village en Libye, il se fait enfermer. Il connaît ensuite l’esclavage en Libye, avant de finalement arriver à Paris, où l’Atelier des artistes en exil l’aide à poursuivre sa démarche artistique. Le jeune Yacou, où Yacouba Konaté raconte son parcours, est le fruit de cet accompagnement.
Chaque chapitre du spectacle, annonce l’artiste au début de son spectacle, est suivi d’une chanson qu’il interprète lui-même, accompagné par les percussions de Wally Saho, musicien avec qui il a fondé en 2017 le groupe Wary. Chronologique, le récit du Jeune Yacou ne va hélas pas au-delà de ce que chacun sait déjà du sujet qu’il aborde. La pièce aurait gagné soit à documenter davantage les réalités de la migration, soit à creuser davantage la voie du conte. Car s’il parle de lui à la troisième personne, le chanteur ne prend pas suffisamment de distance avec son expérience personnelle pour construire une véritable fable. Et faire ainsi davantage que nourrir la bonne conscience de son pays d’accueil, présenté comme une sorte de paradis où chacun peut devenir ce qu’il veut. Où tous les espoirs sont permis.
Au milieu des grands noms du théâtre français et international du Festival d’Avignon, Le jeune Yacou fait donc figure d’égaré solitaire. Ce qui aurait pu être beau s’il n’avait été si maladroit. Et donc si susceptible d’éveiller la compassion du public, qui consent alors à ânonner en rythme quelques phrases auxquelles, le plus souvent, il ne comprend rien. Et enfin, à se livrer à une chorégraphie aux vagues airs de Macarena. L’illusion est trop grossière pour masquer la réalité : la grande distance qui sépare Yacouba Konaté du Festival qui le programme. D’autant plus que le jeune public, à qui s’adresse en premier lieu l’artiste, y est rarement au rendez-vous.
Anaïs Heluin – www.sceneweb.fr
Le jeune Yacou
Avec Yacouba Konaté, Wally Saho
Texte Yacouba Konaté
Musique Yacouba Konaté, Wally SahoProduction Atelier des artistes en exil
Co-accueil Festival d’Avignon, Là ! C’est de la Musique
En partenariat avec France Médias MondeDurée : 50 minutes
Festival d’Avignon 2019
Cour du collège Joseph Vernet
du 13 au 17 juillet à 10h30 et 12h
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