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Willy Wolf ou l’absurdité d’un saut

À la une, Cirque, Décevant, Les critiques, Paris

photo Olivier Bonnet

 Dans Willy Wolf, la compagnie de cirque La Contrebande s’inspire de la mort de l’acrobate et ouvrier polonais Willy Wolf en 1925 pour questionner le sens du saut et du risque. Entre absurde et spectaculaire, ils peinent à développer une narration capable de porter leurs belles interrogations.

Sur une musique électro, c’est dans le plus simple appareil que cinq des six acrobates de la compagnie La Contrebande – le sixième s’étant blessé au début des représentations du Monfort, le spectacle a dû être adapté à la hâte – entrent en scène. Avec l’énergie de qui est prêt à tout, de qui veut absolument en découdre avec la situation, ils s’habillent tandis que du haut de son observatoire, l’artiste blessé reconverti en présentateur annonce le début d’une compétition. Les cinq personnes au plateau, dit-il, ont été choisie parmi les meilleures. Et elles vont le prouver. Nous n’en saurons pas plus sur la nature de l’affrontement, ni sur ses modalités. Dans Willy Wolf, la vacuité de la société du spectacle est ainsi affirmée d’emblée. C’est là le sujet principal de la nouvelle pièce de La Contrebande. Non pas, comme on aurait pu le penser, le personnage éponyme : un ouvrier polonais qui s’est rendu célèbre grâce à ses sauts dans le vide. Et qui en est mort en 1925.

Dans l’étrange jeu qui se déroule sur la piste, Willy Wolf n’apparaît que de loin en loin. Et souvent de manière incompréhensible pour qui n’aurait pas pris le temps lire la feuille de salle intitulée « Le saut de Willy », où ce dernier est décrit comme un « migrant polonais travaillant comme ajusteur dans une usine à Nantes, avide de sensations et de reconnaissance, aussi acrobate de haut vol ». « Trapéziste, cascadeur et autoproclamé ‘’champion du monde de plongeon’’ », lit-on encore, « Willy scande son slogan tout en distribuant ses cartes postales ‘’Achetez l’homme qui va mourir’’. À 27 ans, il trouve la mort en sautant du pont transbordeur de Nantes ». Un saut avorté depuis un haut plongeoir et une cascade en moto suspendue par des câbles évoquent l’homme considéré comme l’un des pionniers de l’art de la performance. Le récit de sa mort est aussi prononcé par une voix off. Mais, dans le mélange de numéros absurdes et spectaculaires qui composent la pièce, ces références trouvent assez mal leur place.

Malgré un désir manifeste d’échapper à une écriture classique par numéros, c’est dans les moments où l’agrès est le plus central que La Contrebande excelle le plus. Spécialité de la compagnie, la bascule coréenne aurait mérité d’être encore davantage utilisée. Développant autour de cet agrès une énergie très collective, faite de sauts et de courses où chacun a la possibilité d’exprimer son rapport singulier à la piste, les artistes disent leur capacité à faire de la bascule l’axe d’un langage à part entière. Mais ils s’arrêtent au milieu de leur démonstration, pour se livrer à des jeux de fléchettes, à des exploits en fauteuil roulant et autres exploits minuscules, voire dérisoires, qui ne produisent pas tous l’effet comique escompté.

Ces tentatives nourrissent par contre une critique bien appuyée de la société du spectacle, qui a tendance à prendre le dessus sur une autre question que tente de poser le collectif : celle du sens du saut et, plus généralement, du risque. En creusant davantage la figure de Willy Wolf, La Contrebande aurait certainement pu relier davantage ces deux sujets. Car s’il s’est fait connaître par ses sauts, le plongeur suicidaire s’est aussi distingué par sa manière de travailler son image. Les quelques photographies qui nous restent de lui révèlent en effet un sens aigu de la mise en scène et de la construction du personnage. Ce dont manquent hélas les membres de La Contrebande dans cette création.

Anaïs Heluin – www.sceneweb.fr

Willy Wolf

La Contrebande

Conception et jeu : Jacob Auzanneau, Florian Bessin, Simon Cheype, Antoine Cousty, Hugo Moriceau, Lluna Pi

Regard extérieur : Jean-Benoît Mollet et Cille Lansade

Création sonore : Timothée Langlois

Création lumière : Clément Bonnin

Régie générale : Piwy Dubois

Costumes : Lise Crétiaux et Léa Gadbois-Lamer

Diffusion l’Avant Courrier : Lisa Henin

Administration L’Avant Courrier : Louise-Michèle You

Co-productions : Plateforme 2 Pôles Cirques en Normandie/ La Brèche à Cherbourg – Cirque Théâtre d’Elbeuf ; Cirque Jules Verne, Pôle National des Arts des Arts du Cirque et Rue, Amiens ; CIRCa – Pôle National Cirque Auch Gers Occitanie ; Association CIEL ; La Verrerie d’Alès, Pôle National Cirque Occitanie ; CREAC – La cité Cirque de Bègles

Soutiens et accueil en résidence : Espace Périphérique (Mairie de Paris – Parc de la Villette) ; Loisirs et Culture, Cirk’Eole, Montigny-lès-Metz ; Scènes Vosges, Epinal ; Onyx-La Carrière-Théâtre de Saint-Herblain ; Circa, Pôle National Cirque, Auch Gers Occitanie, Baro D’Evel Cirk Compagnie.

© photo Olivier Bonnet

Durée : 1h15

Le Monfort – Paris

Du 14 décembre 19 au 4 janvier 2020

22 décembre 2019/par Anaïs Heluin
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