Pour clôturer ce 72e Festival d’Avignon, Olivier Py programme Pale Blue Dot d’Etienne Gaudillière créé en 2016 au Nouveau Théâtre du 8ème à Lyon. Une rampe de lancement pour ce jeume metteur en scène de 31 ans, dont le spectacle suivant autour de l’histoire du Festival de Cannes sera créé en mai 2019 au Théâtre Molière de Sète.
Une vidéo d’un glacier en fonte tourne en boucle sur l’écran géant pendant que le public s’installe dans les gradins du gymnase Mistral. Une image forte de l’année 2010, celle des révélations de Wikileaks qui ont fait trembler la planète politique. La bande de Julian Assange publie au début de l’année la vidéo Collateral Murder montrant un crime de guerre commis par les soldats de l’armée américaine à Mossoul. L’une des victimes est un photographe de presse travaillant pour l’agence Reuters : Namir. Il sera le fil rouge du spectacle, le fantôme de WikiLeaks. Tout habillé de blanc, Benoit Charron domine le plateau, le comédien-musicien chantes les tubes de l’année 2010 de Lady Gaga à Eminen en passant par Stromae et Adèle.
Ce marqueur des événements de l’année 2010 aurait suffit. Au lieu de cela, Etienne Gaudillière truffe son spectacle de multiples images d’archives qui ralentissent l’action. Certaines tombent comme un cheveu sur la soupe : le César remis à Adjani, la bande-annonce de la série Sherlok, la liesse dans les rues de Johannesburg pendant la Coupe du Monde de football. La forme prend le pas sur le fond. Du coup le spectacle se transforme en happening potache et bon enfant. Il touche le public des trentenaires, mais en faisant le choix d’une narration linéaire en suivant les événements dans un ordre chronologique, la mise en scène d’ Etienne Gaudillière manque parfois un peu de profondeur.
Certains scènes sont longues et laborieuses, d’autres réjouissantes comme celle de l’énumération du Cablegate, la publication de la plus grande fuite de documents secrets de l’Histoire dans laquelle l’administration de Barak Obama qui s’en prend à la terre entière. C’est un petit moment de bonheur et de drôlerie. Puis le récit s’enlise dans les affaires personnelles de Julian Assange et les accusations de viol dont il a été victime. A la fin, Etienne Gaudillière rend hommage à Bradley Manning devenu Chelsea Manning – ce soldat par qui les informations ont transité, seul « vrai héro » de cette affaire pour le jeune metteur en scène. Mais sur ce thème des lanceurs d’alerte, le spectacle Heroe(s) présenté à la Manufacture est beaucoup plus engagé et beaucoup mieux ficelé théâtralement.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Pale Blue Dot
Avec Marion Aeschlimann, Anne de Boissy, Gilles Chabrier, Benoit Charron, Étienne Gaudillère, Stéphane Naigeon, Claudius Pan, Rémi Rauzier, Loïc Rescanière, Arthur Vandepoel, Nicolas Zlatoff
Texte et mise en scène Étienne Gaudillère
Scénographie Bertrand Nodet
Lumière Romain de Lagarde
Vidéo Clément Fessy
Musique Benoit Charron
Son Chloé Levoy, Clément Vercelletto
Costumes Marion Aeschlimann, Bertrand Nodet
Maquillage Julie Laborde
Assistanat à la mise en scène Arthur VandepoelProduction Compagnie Y
Coproduction NTH8/Nouveau Théâtre du 8e (Lyon)
Avec le soutien de la Drac Auvergne – Rhône-Alpes
Durée : 2h20Festival d’Avignon 2018
Gymnase du lycée Mistral
Du 20 au 24 juillet à 22h22
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