GRANDE est en passe de devenir un spectacle culte. Créé en octobre 2016 à Angers, il achève sa tournée au Monfort, avant d’autres dates en 2017/2018 (la deuxième partie de la tournée est en construction). Le cabaret de Vimala Pons et de Tsirihaka Harrivel mélange le cirque, la musique et la comédie. Il remet au goût du jour des vieux numéros comme le lancer de couteaux dans une mise en scène baroque et moderne. Rencontre avec les deux artistes.
Les spectateurs sortent heureux de ce spectacle qui parle du couple et de l’amour et pourtant il est très mélancolique, est ce que vous sentez ce décalage ?
Tsirihaka Harrivel : L’humour fait partie du spectacle. Le cirque dégage des choses assez graves. La gravité c’est tragique. On trouve le moyen d’en rire. C’est comme une pirouette par rapport à des situations familières que l’on reconnait.
Vimala Pons : Pour avoir expérimenté une grande joie il faut avoir connu un grand malheur. Sinon c’est l’encéphalogramme plat. Notre écriture est composée de choses antagonistes et complémentaires. L’émotion se niche dans des tensions contradictoires mais qui s’épousent. Mais on n’a pas voulu faire un spectacle sur le couple. C’est une notion abstraite et une institution pas très intéressante. C’est l’inverse de l’amour. Si le spectacle parle du couple, c’est au-delà de nous. Mais cela parle surtout d’amour.
La forme du spectacle est moderne mais puise dans la mémoire du cirque, vous remettez au goût du jour le lancer de couteaux, un vieux numéro.
Tsirihaka Harrivel : Le cirque a toujours été fragmenté. Les numéros n’ont pas de liens entre eux. On a envie de respecter cela, d’écrire sans faire de liens. On a beaucoup regardé l’histoire du cirque pour construire le spectacle, avec des numéros de toboggan ou de lancer de couteaux en les revisitant à notre manière. C’est le principe de la revue.
Et puis il y a de purs moments de comédie.
Vimala Pons : La définition du burlesque c’est être spécialiste de ce que l’on ne sait pas faire. On met sur le même pied d’égalité le jeu et les numéros de cirque. Car on ne sait pas faire grand-chose de bien à fond. Mais on transpose notre passion sur plein de registres.
Il y a beaucoup d’objets et d’accessoires sur scène, ce qui vous amène à préparer avec minutie le spectacle pour que chaque chose soit à sa place.
Tsirihaka Harrivel : L’amour de l’objet vient du cirque. On est toujours en prise avec un trapèze, une balle ou un mat chinois. On met sur le même pied d’égalité ces objets de cirque avec des objets plus familiers comme une cuisine ou un lave-linge. Le cirque peut paraitre inaccessible dans les actes, on souhaite le remettre sur terre, enlever son héroïsme pour le rendre plus concret.
Le spectacle est en train de devenir culte. Est-ce que vous le percevez ?
Vimala Pons : Ce que l’on perçoit surtout ce sont les réactions enthousiastes du public.
Tsirihaka Harrivel : Et on a vraiment envie de continuer à le faire tourner car on a mis beaucoup de temps pour le faire ! La reconnaissance et l’écho sont importants pour nous car cela récompense un travail laborieux.
Propos recueillis par Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
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