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« Une pièce sous influence », palette d’émotions

A voir, Annecy, Brest, Les critiques, Lyon, Paris, Théâtre, Toulouse
Une pièce sous influence de La Cohue
Une pièce sous influence de La Cohue

Photo Virginie Meigne

Mise en scène par Sophie Lebrun et Martin Legros, et écrite par ce dernier, Une pièce sous influence de la compagnie La Cohue dessine une carte des émotions puissante par son interprétation, irriguée par le travail du cinéaste John Cassavetes.

« Je peux pas partir, je veux rester ici. » Cette phrase que le personnage d’Anna adresse à celui de Claire au mitan d’Une pièce sous influence saisit. Elle saisit, parce qu’est alors énoncé, de façon aussi lapidaire qu’intense, ce qui chemine depuis le début de l’histoire – soit le refus et l’incapacité fondamentale de la jeune femme à quitter la maison où elle vit avec Mathias, son conjoint. Elle saisit, également, parce qu’elle synthétise le gouffre infranchissable entre Mathias et elle (lui voulant partir), ainsi que l’écart entre ce qui est supposé arriver – ils signent le lendemain la vente de leur bien – et l’ampleur de la souffrance ressentie par Anne. Elle saisit, enfin, tant, prononcée simplement, brutalement, avec fragilité et détermination, elle bouleverse. D’une certaine façon, ce bref instant contient ce qui donne sa force à cette création de la compagnie La Cohue : un jeu sur le fil, qui creuse patiemment des états émotionnels, des cheminements intimes, dépliant, ce faisant, toute la complexité de personnages en proie aux doutes et à la souffrance.

Mais reprenons. Créé à l’automne 2022 et en tournée depuis, Une pièce sous influence raconte une soirée entre deux couples. Lorsque le spectacle débute, Anna et Mathias rentrent chez eux, passablement éméchés après avoir fêté le carnaval. Rejoignant la scène depuis la salle, le couple encore costumé – elle en mariée assassinée, lui en chevalier – échange à bâtons rompus. Iels passent de l’évocation des vertus de l’ocytocine, l’hormone du bonheur, à un jeu habituel pour eux – retrouver le titre d’un film à partir de l’une de ses tirades –, ou à la requête (renouvelée) de Mathias à Anna de vider la chambre de Nora, leur petite fille morte. Trivialité, complicité, tragique : en quelques minutes, les coq-à-l’âne signalent, outre l’état d’ébriété, la force de l’amour et la puissance de leur relation, ainsi que les traumatismes et les non-dits. Puis, Anna annonce à Mathias avoir invité les futurs acquéreurs de leur maison. Et voilà le couple qui les rejoint : Lukas, encore costumé en Batman, et Claire, en tenue de ville – sa mise signalant son appartenance à la classe bourgeoise. Une pièce sous influence va ainsi déplier la soirée du quatuor. Peut-on dire que les choses ne se passeront pas comme prévu ? Même pas, rien ne l’ayant été, de prévu. D’autant que Mathias et Claire n’ont pour l’autre couple aucune sympathie. Pas plus que des atomes crochus ou une connivence de classe – et les écarts de classe, de croyances religieuses et de conceptions de la vie vont se creuser au fil de la soirée. C’est la transaction financière qui les lie et les retient, l’affaire étant sacrément lestée par la mort de Nora.

Écrite par Martin Legros, la pièce a quelque chose de l’ordre de l’entomologie des affects. La dévastation causée par la mort de l’enfant est scrupuleusement détaillée sous nos yeux, et tout nous est adressé, avec de régulières prises de parole face au public. Le choix d’une scénographie anti-naturaliste – très belle par sa composition, sa création lumières subtile, qui rappelle que la modestie n’empêche pas l’inventivité – permet de débrancher pour partie de stéréotypes qui viendraient enfermer l’histoire et les personnages. Les cotillons qui jonchent le sol, la glacière, les oiseaux factices comme reliés au piano dont on ne se sert plus depuis la mort de l’enfant – sorte de prolongement des cordes de l’instrument – composent un espace ouvrant à toutes les bourrasques, à toutes les expressions de désir, de souffrance, de refus.

Dans ce théâtre qui sonde les sentiments, les personnages sont « sous influence » en ce que, parfois, leur propre volonté leur échappe. Surtout, la pièce est sous l’influence de John Cassavetes et ne cesse de faire signe vers l’univers du cinéaste américain. Si les références au film Une femme sous influence, dans lequel un couple de la classe ouvrière traverse un temps de crise – Mabel, incarnée par Gena Rowland, étant en prise à de multiples états émotionnels –, sont nombreuses, nul besoin de connaître le travail de Cassavetes pour être happé. L’ensemble, accompagné par Nicolas Tritschler à la batterie, expose méthodiquement les troubles et états émotionnels autant qu’il les transmet. Le refus d’Anna de quitter les lieux n’est que l’une des expressions de sa souffrance, et son imprévisibilité va mettre au jour des silences insoutenables comme la violence des rapports de classe.

Si le spectacle mériterait d’être un brin resserré et si le personnage de Lukas aurait pu être moins caricatural – son type sociologique étant ici ultra-lisible comme figure repoussoir –, les quatre interprètes tiennent impeccablement leur partition. Les regards de Claire, la versatilité qui n’est qu’apparente d’Anna, la tendresse indéfectible de Mathias pour sa conjointe et les maladresses de Lukas se déploient avec subtilité, toujours tout en instabilité et fragilité. C’est un théâtre d’acteurs dont on excuse bien volontiers les quelques faiblesses d’écriture, tant il parvient à travailler tous les troubles et l’intensité du tragique et du rire. Et il est rare de voir des créations qui, alors qu’elles pourraient donner le sentiment de faire du surplace, composent patiemment une carte des émotions aussi riche que poignante.

caroline châtelet – www.sceneweb.fr

Une pièce sous influence
Un spectacle de La Cohue
Texte Martin Legros
Mise en scène Sophie Lebrun, Martin Legros
Avec Inès Camesella, Sophie Lebrun, Baptiste Legros en alternance avec Antonin Meyer-Esquerré, Martin Legros, Nicolas Tritschler
Assistanat à la mise en scène Loreleï Vauclin
Création son, musique live et régie générale Nicolas Tritschler
Création son Pierre Blin
Lumières Audrey Quesnel
Scénographie et régie plateau Antoine Giard
Construction du décor et conseils Les Ateliers de la Comédie de Caen, Salvatore Stara, Anatole Badiali, Thomas de Broissia, Antoine Giard
Costumes Loona Piquery
Musique additionnelle Andjelka Zivkovic
Doublure en répétition Louis Martin
Régie plateau Antoine Giard
Régie lumière Audrey Quesnel
Régie son Pierre Blin

Production La Cohue
Coproduction Comédie de Caen, Le Monfort – Paris, Le Rayon Vert – Scène conventionnée d’intérêt national art en territoire – Saint-Valéry-en-Caux, Le Tangram – Scène nationale d’Évreux, Le Volcan – Scène nationale du Havre
Accueils en résidence Comédie de Caen, Le Monfort – Paris, Le Rayon Vert – Scène conventionnée d’intérêt national art en territoire – Saint-Valéry-en-Caux, Le Tangram – Scène nationale d’Évreux, La BIBI – Caen, La Cité Théâtre – Caen, La Renaissance – Mondeville, Le Tapis Vert – Lalacelle, Le Zeppelin – Lille
Soutiens DRAC Normandie, Région Normandie, Conseil départemental du Calvados, Ville de Caen, et l’Adami, l’ODIA-Normandie, la Spedidam

La Cohue est conventionnée par le ministère de la Culture – DRAC Normandie et par la Région Normandie.

Durée : 1h35

Théâtre du Rond-Point, Paris
du 25 septembre au 5 octobre 2025

Centre culturel Juliobona, Lillebonne
le 14 octobre

L’Astrolabe, Figeac
le 8 novembre

Théâtre Sorano, Toulouse
les 12 et 13 novembre

Maison du Théâtre, Brest
le 20 novembre

Salle SolenVal, Plancoët
le 22 novembre

Le Carré Sévigné / Pont des Arts, Cesson-Sévigné
le 25 novembre

Centre culturel Jacques Duhamel, Vitré
le 27 novembre

Morteau
le 27 janvier 2026

Théâtre de la Renaissance, Oullins
les 29 et 30 janvier

Théâtre des Collines, Annecy
le 3 février

Théâtre du Bordeau, Saint-Genis-Pouilly
le 5 février

Quai des Arts, Pornichet
le 17 mars

Théâtre Ligéria, Sainte-Luce-sur-Loire
le 19 mars

La Balise, Saint-Hilaire-de-Riez
le 21 mars

Amphithéâtre Thomas Narcejac, Pornic
le 24 mars

Le Canal, Théâtre du Pays de Redon
le 26 mars

Théâtre Quartier Libre, Ancenis-Saint-Géréon
le 28 mars

Maison de la Culture d’Arlon (Belgique)
le 10 avril

28 septembre 2025/par Caroline Chatelet
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