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A l’Opéra de Lyon, le pouvoir incandescent de Verdi

À la une, A voir, Les critiques, Lyon, Opéra

photo Jean-Louis Fernandez

C’est un Verdi incendiaire qui s’offre à voir et à entendre aux spectateurs lyonnais. Son feu provient d’abord de la fosse où Daniele Rustioni mène l’orchestre dont il est nouvellement le chef permanent ; il apparaît aussi sur scène où s’embrasent les flammes de la passion contrariée et de la révolte dans un Don Carlos version « grand opéra » signé Christophe Honoré et la reprise du Macbeth d’Ivo van Hove.

Pour sa première incursion dans le grand opéra verdien, Christophe Honoré déçoit. Son travail inspire une sentiment de trop peu. Relecteur pertinent de Poulenc, Debussy ou Mozart, le cinéaste propose une facture apparemment plus classique et ne joue plus ses cartes fétiches de la recontextualisation et de l’hyperréalisme. Son geste hybride assume sa portée théâtrale puisqu’il s’inscrit dans le principe d’une quasi mise en abyme atemporelle. Les décors, assez laids et indistincts, s’apparentent à des cadres de scènes délimités par de vilaines tentures ou de hauts murs usés. Rien de clinquant à la cour royale dont les jardins se présentent comme une morne salle des fêtes où l’on danse le madison et s’adonne à des plaisirs plus licencieux trouvant pour point culminant de torrides étreintes qui suscitèrent quelques bêtes huées. Choisir l’ouvrage dans sa version première, en cinq actes et avec partie ballet, c’est l’inscrire dans un format conséquent. La mise en scène joue avec cette monumentalité autant qu’avec le vide. Elle enchaîne mollement de grands tableaux froids et figés.

Pourtant la représentation s’électrise, largement grâce à la direction d’acteurs et les qualités musicales déployées. Beaucoup d’éloquence, de souffle et de nerfs, et autant de subtilités paraissent dans la belle direction d’orchestre du jeune chef milanais, constamment vif, rond, intense, chaleureux, dramatique, élégiaque, exalté, absolument verdien. De la distribution réunie, tous se distinguent par une attention portée à l’expressivité et au texte qu’ils font entendre avec intelligibilité. Le ténor belcantiste Sergey Romanovsky apporte une beauté ténébreuse ainsi qu’une clarté et une chaleur vocales au rôle-titre. Son Carlos est étonnant d’ardeur retenue qui lui donne beaucoup de jeunesse et de sensibilité. Il forme un bouleversant duo avec Stéphane Degout, un Posa totalement admirable de prestance et d’humanité. En dépit d’un vibrato prononcé et d’aigus forcés, Sally Matthews fait une Elisabeth noble et poignante. Eve-Maud Hubeaux est une éclatante Eboli, vocalement et scéniquement radieuse malgré le choix arbitraire de clouer le personnage sur un fauteuil roulant (comme la Reine de la nuit de Simon McBurney). Michele Pertusi et Roberto Scandiuzzi sont deux puissantes basses.

La distribution est peut-être moins flamboyante mais homogène dans Macbeth où Elchin Azizov campe un solide personnage éponyme couplé à Susanne Branchini, une Lady vite limitée mais habitée. Créée en 2012 par un Ivo van Hove bien moins star en France qu’aujourd’hui mais déjà signataire de grandes productions lyriques (notamment un formidable Ring en Belgique), ce Macbeth bénéficie de la fascination comme de l’inquiétude que porte le metteur en scène sur le monde contemporain. Convaincu que le pouvoir n’appartient plus au monde de la politique mais est tenu par celui de la finance, van Hove transpose l’opéra dans une salle des marchés à Wall Street où s’affolent sur des écrans numériques les cours de la bourse. Le peuple gronde tandis que se soulève la forêt de Birnam en foule altermondialiste dont la révolte non violente est comparable au mouvement des indignés. Sur scène, le final, d’un optimisme tout à fait inédit, se présente comme un sitting urbain où résonne scandée une citation de Slavoj Žižek qui vient outrageusement interrompre la musique. Plus que dans Don Carlos, Verdi retrouve ici sa véhémence et sa passionnante actualité.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Don Carlos
Version parisienne en cinq actes, 1867.
Livret de Joseph Méry et Camille du Locle, d’après Friedrich von Schiller.
Nouvelle production

Direction musicale
Daniele Rustioni

Mise en scène
Christophe Honoré

Décors
Alban Ho Van

Costumes
Pascaline Chavanne

Lumières
Dominique Bruguière

Chorégraphie
Ashley Wright

Philippe II, roi d’Espagne
Michele Pertusi

Don Carlos, infant d’Espagne
Sergey Romanovsky

Rodrigue, marquis de Posa
Stéphane Degout

Le Grand Inquisiteur
Roberto Scandiuzzi

Un Moine
Patrick Bolleire

Elisabeth de Valois
Sally Matthews

La Princesse Eboli
Eve-Maud Hubeaux

Orchestre, Chœurs et Studio de l’Opéra de Lyon

Opéra de Lyon
Du 17 mars au 6 avril 2018

26 mars 2018/par Christophe Candoni
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