Après sept années de travaux, le Théâtre de la Ville de Paris rouvre ses portes au public mercredi 4 octobre avec Chotto Desh d’Akram Khan pour le jeune public, puis avec une veillée de 25 heures, samedi et dimanche, réunissant plus de 300 artistes.
Une plaque « Théâtre Sarah Bernhardt » apparaît désormais sur la façade de ce bâtiment Napoléon III inauguré, comme son jumeau le Théâtre du Châtelet, en 1862. La comédienne, dont on célèbre le centenaire du décès cette année, l’a dirigé pendant plus de 20 ans, au début du XXe siècle, et y a joué des classiques comme L’Aiglon. « C’était une grand comédienne, mais aussi une immense chef d’entreprise, explique Emmanuel Demarcy-Mota, le directeur du Théâtre de la Ville. C’était une femme engagée, qui a pris position dans l’affaire Dreyfus. Elle a représenté la France aussi aux Etats-Unis lors de tournées. C’était une femme multiple et libre. Son nom colle parfaitement à la nouvelle identité du Théâtre de la Ville ».
Transformé en profondeur pour la dernière fois dans les années 1960 – la salle à l’italienne avait été détruite en 1966 pour être remplacée par un gradin –, le théâtre avait été fermé en 2016 pour des travaux de rénovation – accessibilité et mise aux normes des bâtiments – qui devaient initialement durer trois ans. Mais des contraintes sont venues s’ajouter au plan initial : nécessité de déplomber et de désamianter, trous dans les murs après le projet immersif DAU en 2019, crise du Covid. Au total, il y aura eu « plus de 40 arrêts de chantier », relève Emmanuel Demarcy-Mota, et donc sept ans de travaux, qui ont finalement « permis d’inventer autre chose », d’aboutir, selon lui, à une « beauté architecturale » et d’avoir un « théâtre connecté aux enjeux de notre société ».
À l’extérieur, les façades ont été restaurées. À l’intérieur, le hall d’entrée, très lumineux, a changé de look : les escaliers montant aux étages ne sont pas visibles dès l’entrée – une façon de « travailler contre l’intimidation culturelle » – tandis que la coque du gradin en béton armé décoré de feuilles d’or est, elle, dévoilée. Surtout, doté de projecteurs, de connexions multimédia et de mobilier mobile, la billetterie, tout comme le bar, sont sur roulettes. Au total, les travaux, financés par la Ville (sauf la façade), ont coûté « un peu plus de 40 millions d’euros », explique à l’AFP Carine Rolland, adjointe en charge de la Culture, qui précise qu’il s’agit bien d’une « transformation » et non d’une simple « rénovation» .
Un théâtre tourné vers la jeunesse
Dans la grande salle (950 places), l’acoustique a été entièrement revue, le plateau refait à neuf, et la fosse peut désormais accueillir un orchestre. Les sièges ne sont plus gris, mais dans un dégradé de beige. « C’est une salle très moderne. Le plateau est ouvert sur la salle avec cette hauteur qui a été entièrement dégagée. On a cassé une partie du mur arrière. Tout le cintre est électronique. Le système de lumière est extrêmement sophistiqué et celui du son permet une spatialisation. Il y des caméras partout, elles vont permettre de filmer les spectacles en direct et de les retransmettre sur des chaînes YouTube partout dans le monde. Cela permettra aussi un accès de nos spectacles au public éloigné, dans les écoles, les hôpitaux, les centres sociaux, à l’hôpital Necker comme cela avait déjà été le cas pendant le Covid dans les chambres d’enfants ».
Côté programmation, le théâtre, qui pendant sept ans a été contraint à l’exil à l’Espace Cardin et dans 38 lieux partenaires, va renouer avec les grandes formes théâtrales et chorégraphiques. Avec des tarifs spéciaux pour les jeunes : gratuité jusqu’à 14 ans, 15 euros pour les étudiants, et 35 à 42 euros maximum pour des spectacles comme la troupe Pina Bausch/Tanztheater Wuppertal.
La Grande Veillée
Après la réouverture avec Akram Khan les 4 et 5 octobre, le théâtre ne fermera pas l’oeil pendant 25 heures, du samedi 7 octobre 17h au dimanche 8 octobre à 18h, et plus de 300 artistes vont se croiser. « L’idée est très simple, décrit Emmanuel Demarcy-Mota, quand un être naît ou quand un théâtre naît ou quand quelqu’un meurt, on doit prendre soin de lui. Alors on le veille. On donne du temps dans ce monde qui va si vite. Mais, en même temps, dans cette vitesse, on peut aussi ralentir et décider que tout à coup, on va se donner du temps. Deux journées et une nuit pleine pour une grande veillée de retrouvailles que nous avons souhaité confier majoritairement à des femmes, qui, sous les figures tutélaires de Sarah Bernhardt, Juliette Gréco et Pina Bausch, donneront vie à ce nouveau lieu.»
Les artistes invités
Avec Robert Wilson I Flavia Coelho, China Moses, Maud Lübeck, Cynthia Abraham , Julia Richard, Maë Defays, Elia, Czesare, Leïla Huissoud , Perera I (La) Horde & 42 Jumpers I Dalila Belaza I G., Benjamin Alard/Padre Soler I Lucy Guerin /Groupe Grenade I Emmanuel Demarcy-Mota/Ionesco I Leonor Mendes/Debussy I (La) Horde /Groupe Grenade I Samory Ba & Oktawia Scibior I Emmanuel Demarcy-Mota/Eduardo De Filippo I Yi-Lin Wu/Ravel I Rachid Ouramdane/Lora Juodkaite I Angelin Preljocaj I Via Katlehong/Amala Dianor I Tania Carvalho & Joana Gama I Thomas Bangalter, Saïdo Lehlouh & 32 Danseurs I Henri Tournier, Alexandre Choiselat, Sara Belviso I Eun me Ahn I Mellina Boubetra I Lucinda Childs/Dance On I Aurelie Dupont I Ioanna Paraskevopoulou I Olga Dukhovnaya I Bilaka I Chiara I Fiona Alaimo/Liszt/Schubert I Juggling Gandini I Arman Melies I Herve Twahirwa, Alice Diane Uwimana, Tania Rugamba, Yves Iradukunda, Adolatha Uwineza, Ruth Kanoheli, Aimable Iradukunda, Aimable Nkomeza Alexis, Gad Izerimana, Elam Niyobyiringiro I Mathilde Rance I Ambra Senatore I Fouad Boussouf I Mazelfreten… et leurs interprètes.
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !