L’Opéra national du Rhin présente à partir de vendredi son traditionnel festival multidisciplinaire annuel Arsmondo, consacré aux cultures slaves, qui se veut une réponse à « l’instrumentalisation » de la culture par Moscou.
Alain Perroux, le directeur de l’Opéra national du Rhin avait choisi bien avant l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022, la thématique de l’édition 2023 du Festival Armondo. « Rattrapé par l’actualité », l’OnR s’est ensuite interrogé sur le bien-fondé de maintenir le thème choisi, au risque de se retrouver accusé de relayer la propagande du Kremlin, explique Alain Perroux. « La culture est instrumentalisée par la Russie, qui utilise la langue comme une arme », a-t-il observé. « Mais les œuvres du patrimoine russe ne sont pas la propriété de l’autocrate actuel à la tête de la Russie ».
Parmi les œuvres présentées lors du festival (21 avril au 14 mai) figure Le Conte du Tsar Saltane, un opéra de Nicolaï Rimski-Korsakov tiré d’une œuvre de Pouchkine, deux monuments du patrimoine russe. Mais dans cette histoire, « le tsar est ridicule, critiqué. Il se comporte très mal et s’en repentira », relève le directeur de l’OnR. L’œuvre « est une mise en question du régime autoritaire ».
« Bannir les œuvres russes serait une grave erreur. On alimenterait le discours victimaire de la Russie », estime-t-il, tout en assurant que les artistes russes qui participent au festival « ont pris leurs distances » avec l’invasion de l’Ukraine: « on ne donne pas la parole aux artistes qui se seraient compromis avec le régime ».
Parmi les autres événements au programme: un récital de la soprano russe Olga Peretyatko, qui chantera des œuvres de grands compositeurs slaves, de Tchaïkovski à Dvorak. Mais aussi un festival du cinéma ukrainien contemporain, avec entre autres deux films en prise avec l’actualité: « Mariupolis 2 » et « La Cacophonie du Donbass ».
© Agence France-Presse
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