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Bernays : le dieu des lobbyistes sur les planches

A voir, Les critiques, Théâtre
photo - Philippe Rocher

photo – Philippe Rocher

Pour se poser la question de la démocratie, Julie Timmerman montre la vie d’Edwards L. Bernays (1891-1995), spécialiste de la manipulation des masses, homme qui a tout vendu : des politiques, des voitures, des cigarettes aux femmes et qui à la fin de sa vie est employé par les lobbys anti-cancer pour convaincre les femmes d’arrêter de fumer. Un spectacle qui dépeint un monde déprimant où on se fait sans cesse mettre (des idées dans la tête !) sans même qu’on s’en rende compte.

À l’image de la couleur de la matière cérébrale, le plateau est couvert de gris. Propice à insérer toute sorte d’idées dans la tête du spectateur. C’est ce qu’a fait toute sa vie Edwards Bernay, neveu de Freud et père de la manipulation des masses. Le spectacle suit le fil de son existence, les souvenirs d’un homme plus que centenaire au soir de sa vie. Selon lui, pour vendre, rien ne sert de vanter les mérites : il faut créer l’idée du produit dans l’esprit des gens, modifier la culture, semer le doute. Une expertise dont Bernays fera sa fortune, il accomplira son rêve américain en inventant les songes des autres.

Chaque comédien joue « Eddie » tour à tour, illustrant les pans les plus marquants de son succès mais prenant parfois de la distance sur leur personnage, comme pour montrer qu’ils sont des personnifications d’un mal moderne dont chacun doit avoir conscience. Leur dynamisme oscille entre le talk-show et l’épopée, on s’amuse de quelque chose qui, si on réfléchit un peu, est horrible.

Outre ce didactisme, on retiendra quelques belle images. De la création visuelle progressive sur le mur du fond où les publicités s’amassent, quelques lumières parviennent à donner au plateau une esthétique de science fiction. De l’arrivée du patron de Lucky Strike, texan aux bottines rouges, dans un volute de fumée, à l’effondrement final qui accompagne une lueur d’espoir : les images puissantes, l’air de rien, marquent l’œil du spectateur. Ambiance visuelle mais aussi sonore : quelques bips informatiques et on se retrouve plongé au cœur d’un centre de big data futuriste permettant la surveillance des masses par des personnages commandeurs, comme les héros du dessin animé Vice-Versa contrôlent les émotions d’un cerveau juvénile.

Un spectacle salutaire ? Il n’est pas pour autant un appel à la révolution. Malgré le cynisme affiché du personnage principal (rassurant ses ouailles inquiètes que le peuple se rende compte des agissements qu’on le fait subir), « Un Démocrate » risque de ne pas faire plus d’effet qu’un documentaire de Michael Moore : on en sort plein de bonne volonté, on se sent intelligent, mais on ne se fera pas pour autant violence. Cette création sera davantage nécessaire lorsqu’elle ira à la rencontre de publics de théâtre moins traditionnels (comme le prévoit la tournée). Il pourrait faire revivre l’esprit critique que les techniques de Bernays ont annihilées dans la tête de l’homme du XXIe siècle.

Hadrien Volle – www.sceneweb.fr

Un démocrate
texte et mise en scène : Julie Timmerman
dramaturgie : Pauline Thimonnier
scénographie : Charlotte Villermet
lumière : Philippe Sazerat
musique: Vincent Artaud
costumes : Dominique Rocher
avec : Anne Cantineau, Mathieu Desfemmes, Julie Timmerman, Jean-Baptiste Verquin
Production Idiomécanic Théâtre.
Coproduction Ville d’Orly – Centre culturel Aragon Triolet, Fontenay en Scènes / Fontenay-sous-Bois, Théâtre des 2 Rives de Charenton-le-Pont.
Avec le soutien de la Drac d’Ile-de-France – Ministère de la Culture et de la Communication, de l’Adami, et du Conseil départemental du Val-de-Marne dans le cadre de l’aide à la création.
Coréalisation Théâtre de l’Opprimé et Gare au Théâtre.
Durée : 1h25

du 10 au 26 avril 2025
Théâtre de la Concorde, Paris

12 mai 2018/par Hadrien Volle
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