Un Aide-Mémoire qui manque de mystère

L’aide-mémoire, huis clos de Jean-Claude Carrière, succès des années 70, est de nouveau à l’affiche à l’Atelier avec un beau duo de comédiens: Pascal Greggory et Sandrine Bonnaire, mais le spectacle a bien du mal à nous faire entrer dans l’étrangeté de cette rencontre.

Sandrine Bonnaire et Pascal Greggory: un beau couple sur le papier pour une pièce de Jean-Claude Carrière qui a marqué la fin des années 60. Cet Aide-Mémoire a été créé peu après les événements de mai 68 dans ce même théâtre de l’Atelier avec Delphine Seyrig et Henri Garcin. On a changé d’époque et la pièce qui lorgne vers le théâtre de Pinter est censée jouer sur le mystère. Ladislas Chollat, le metteur en scène a souhaité y mettre des ingrédients à la « Hitchcock ». On ne les a pas vraiment trouvé. Sauf dans le jeu de Sandrine Bonnaire dans la première partie de la pièce. Elle rentre bien dans le personnage de Suzanne, cette femme étrange qui s’incruste dans la vie de Jean-Jacques, vieux garçon maniaque. Elle joue sur un bon tempo entre l’espièglerie et un calme détaché. C’est le retour sur scène de la comédienne après 25 ans d’absence. Au début de l’année à la Comédie de Valence, elle avait renoué avec le théâtre dans une lecture de L’odeur des planches de Samira Sedira.

Dans ce huis clos psychologique, rien n’est vraiment oppressant. L’action de la pièce est assez vite diluée. La mise en espace de Lasdislas Chollat est certes agréable. Les costumes de Jean-Daniel Vuillermoz sont élégants. Sandrine Bonnaire ressemble à la Emma Peal de Chapeau melon et bottes de cuir. Mais quand la pièce bascule, quand Jean-Jacques décide d’enfermer Suzanne, ce retournement de situation fait « pschitt ». Dommage car indéniablement les deux acteurs forment un beau couple.

Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr