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Trewa, la revanche des Mapuche

À la une, Coup de coeur, Les critiques, Sète, Théâtre, Villeurbanne, Vitry-sur-seine
Danilo Espinoza Guerra

© Danilo Espinoza Guerra

La venue en France de la dernière création de Paula González Seguel, Trewa, État-nation ou spectre de la trahison, est un événement non seulement pour la lutte de la communauté mapuche au Chili, mais aussi pour le théâtre. Le festival Sens Interdits à Lyon, qui a organisé sa tournée, clôt avec lui son beau focus chilien.

Au festival Sens Interdits à Lyon, le bruit court : il faut à tout prix voir Trewa, État-nation ou spectre de la trahison du Kimvn Teatro, créé et dirigé par l’autrice, metteure en scène et actrice Paula González Seguel. Patrick Penot, le directeur du festival, est pour beaucoup dans la diffusion de la rumeur favorable, mais il n’est pas le seul. Accueillie pour la première fois en 2011 à Lyon pour la très internationale biennale avec sa première création Ňi pu tremen, l’artiste a pu y montrer son engagement pour le peuple Mapuche au Chili, auquel elle appartient, et sa capacité à en faire théâtre. Dans cette pièce précédente, elle affirmait déjà son désir d’un théâtre militant basé sur le témoignage mais qui le dépasse, d’une dramaturgie où réel et magique communiquent sans cesse. Elle posait pour cela un geste ample, ambitieux : elle réunissait cinq générations de femmes qui, lit-on sur le site de Sens Interdits, « pendant qu’elles filent la laine ou font infuser le maté, nous disent avec beaucoup de dignité la difficile survie de leur culture et de leur peuple ».

Trewa, État-nation ou spectre de la trahison rassemble de nouveau une très importante distribution, ce qui contribue pour beaucoup à faire de sa venue en France un événement. D’autant plus à une période où la pandémie n’est pas encore tout à fait du passé. Dans cette pièce créée en 2019, qui n’a pu se jouer que quelques fois avant d’être arrêtée par le soulèvement social contre les inégalités qui a débouché cette année sur la rédaction d’une nouvelle constitution, les Mapuche sont de nouveau présents en nombre. Ils sont pas moins de vingt-et-un, d’âges aussi divers que dans la première pièce du Kimvn Teatro. Le plus jeune, qui ouvre la pièce et ne dira pas un mot de toute sa durée, a peut-être six ans. La plus âgée, Elsa Quinchaleo, a sans doute huit décennies de plus que lui. Elle ne parlera guère beaucoup plus : le silence, dans Trewa, relie les êtres autant voire davantage que la parole.

La cause de ce silence est rapidement posée par les personnes présentes sur la table, qui trône à cour au milieu d’un décor réaliste d’intérieur plutôt rustique. Si certains se taisent, et que d’autres au contraire parlent beaucoup, trop parfois et dans d’étranges directions, c’est qu’une femme vient de mourir : la mère de l’enfant muet et d’un autre plus âgé. L’épouse d’un homme qui décide de venger sa mémoire, de la faire reconnaître comme victime de son combat contre l’installation d’un barrage au Sud du Chili, sur les terres mapuches. Le nom de cette femme est célèbre parmi le peuple mapuche : il s’agit de la militante écologiste Yudith Macarena Valdès Munoz, tuée en 2016 dans des circonstances troubles.

Durant les deux ans et demie de recherches qu’elle a menées pour cette création, Paula González Seguel s’est intéressée de près à la vie de cette énième victime des multiples violences subies par le peuple Mapuche. À commencer par la perte d’une grande partie de ses terres à la fin du XIXème siècle, du fait de la colonisation par le gouvernement chilien. Trewa, État-nation ou spectre de la trahison n’est pourtant une reconstitution de la protestation causée par le meurtre. Il ne s’agit pas, pour les comédiens et musiciens au plateau, de documenter la douleur des proches de la disparue, ni même celle du peuple Mapuche. À partir du drame en question, Paula González Seguel et ses interprètes composent leur propre famille. Une famille de théâtre, qui tout en jouant le combat des proches de Yudith Macarena Valdès Munoz pour la justice affirme fortement son geste de représentation, sa distance par rapport à l’objet qu’elle porte à notre connaissance.

Moment culminant de la pièce, le rituel auquel se livre la petite communauté pour demander au ngen mapu (esprit mapuche propriétaire et protecteur de la terre) l’autorisation d’exhumer le corps de la militante, de le déterrer pour faire éclore la vérité offre aux acteurs la possibilité de se confondre presque entièrement avec leurs personnages. Il montre à quel point, pour la compagnie ainsi que sans doute pour bon nombre d’artistes mapuches et issus d’autres nations premières, le sacré fait partie du théâtre. De même que la nature, dont l’esprit est présent sur scène en même temps que celle des morts. Tout en adoptant des codes théâtraux susceptibles d’être compris partout, le Kivm Teatro développe ainsi un langage, une esthétique d’une grande singularité, qui fait écho à bien des inquiétudes contemporaines. Y compris en Occident où Trewa résonne avec force, comme l’a prouvée sa venue au Théâtre Jean Vilar à Vitry-sur-Seine le 24 octobre, en amont de Sens Interdits. Né sous l’initiative de la directrice du lieu Nathalie Huerta, le dialogue entre l’artiste en résidence Métie Navajo et Paula González Seguel mené à l’issue du spectacle témoigne de la capacité de celui-ci à dialoguer avec le monde.

Anaïs Heluin – www.sceneweb.fr

TREWA
mise en scène et dramaturgie Paula González Seguel / Kimvn Teatro

avec Amaro Espinoza, Benjamin Espinoza, Constanza Hueche, Norma Hueche, Vicente Larenas, Francisca Maldonado, Juan Carlos Maldonado, Hugo Medina, Rallen Montenegro, Elsa Quinchaleo, Paula Zúñiga

direction musicale, flûte traversière, cuatro venezolano, ron roco, cuenco et chœur Evelyn González Seguel
chant et percussions latino-américaines Nicole Gutiérrez Perret
violon et chœur Sergio Ávila
cordes latino-américaines Juan Flores
violoncelle et chœur Ángela Acuña

régisseur son Ivan González
scénographie Natalia Morales Tapia
assistanat à la mise en scène Andrea Osorio Barra
construction du décor les ateliers du TNP

spectacle en espagnol et mapudungun surtitré en français.

production déléguée Europe Festival Sens Interdits
coproduction Centro de Estudios Interculturales e Indígena – CIIR
financement Ministerio de las Culturas, las Artes y el Patrimonio – FONDART NACIONAL – Trayectoria Artística
coréalisation Festival Sens Interdits et Théâtre National Populaire
avec le soutien de l’Office National de Diffusion Artistique

Durée : 1h30

THÉÂTRE JEAN-VILAR
DIMANCHE 24 OCTOBRE – 17H

Théâtre Durance (Château-Arnoux-Saint-Auban) – 20 octobre

Théâtre Vitry sur Seine – 24 octobre

Festival Sens Interdits 2021 au TNP de Villeurbanne
jeudi 28 octobre et vendredi 29 octobre 2021
Petit théâtre • salle Jean-Bouise

Scène Nationale du grand Narbonne – 9 novembre

L’Estive, Scène Nationale (Foix) – 12 novembre

Théâtre Michel Portal (Bayonne) – 16 novembre

Théâtre Molière, Scène Nationale de Sète – 19 novembre

27 octobre 2021/par Anaïs Heluin
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