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Lotissement, huis clos toxique

À la une, A voir, Les critiques, Paris, Théâtre

Photo Alain Fonteray

Lauréat du prix Impatience 2016, le spectacle mis en scène par Tommy Milliot revient au Centquatre. Derrière le texte en dents de scie de Frédéric Vossier, se cache un metteur en scène à suivre.

Alors que le Festival Impatience 2017 débute dans quelques jours au Centquatre, au T2G et à la Gaîté Lyrique, l’édition 2016 bouge encore. Prix du jury l’an passé, repris cette semaine au Centquatre, Lotissement illustre parfaitement la raison d’être d’un tel évènement : donner de la visibilité à la scène émergente et faire découvrir de jeunes compagnies de théâtre contemporain à un large public. Son metteur en scène et scénographe, Tommy Milliot, méritait amplement une telle distinction tant son travail apparaît prometteur.

A la manière du Dogville de Lars von Trier, l’artiste franco-belge installe le lotissement imaginé par Frédéric Vossier sur un plateau nu. Il reprend ces bandes blanches qui font office de murs intérieurs et extérieurs, et opte pour un parti-pris scénographique dépouillé où seuls quelques néons, un écran au format modeste et une mini-caméra font face aux comédiens. Dans cet espace physiquement ouvert mais symboliquement clos, se noue un huis clos anxiogène entre trois personnages aux désirs ambigus, complexes et difficilement déchiffrables. Il y a d’abord le père, André. Cet ancien CRS vit avec son fils, ou plutôt cohabite avec lui tant les relations entre les deux hommes semblent passablement dégradées. Retraité célibataire, il propose à sa nouvelle compagne, Patricia, de venir s’installer chez eux. Leur couple n’est pas un modèle de relation passionnelle, ni fusionnelle. L’homme semble aussi attaché que la jeune femme apparaît méfiante, voire distante. Entre fascination et répulsion, le fils voyeur épie tous leurs faits et gestes. Grand adolescent mal dans sa peau, il ne se contente pas d’écouter aux portes mais a installé des mini-caméras capables de saisir les instants, y compris les plus intimes, du couple.

Dans une ambiance toute en clair-obscur où la lumière la plus crue succède à la pénombre la plus sombre, l’atmosphère instaurée par Tommy Milliot semble viciée, voire toxique. Il scrute, décortique, ausculte ce trio de personnages autant qu’ils les laissent se confondre dans un théâtre d’ombres. La nuit agit comme un catalyseur de leurs pulsions enfouies. De leurs personnalités duales, il est compliqué de saisir les contours, de comprendre les motivations, de décoder les attentes. De ce grand flou, né un malaise que le metteur en scène se plaît à cultiver. L’utilisation de la vidéo, impeccablement maîtrisée, n’y est pas pour rien. Elle entretient cette impression de cauchemar familial et brouille, en combinant scènes en direct, scènes enregistrées et citations cinématographiques – Mado de Claude Sautet, Reflets dans un oeil d’or de John Huston – les frontières entre réalité et fantasmes noirs.

Malgré des faiblesses textuelles qui parfois égarent et des comédiens inégaux dans leurs rôles complexes, Tommy Milliot réussit à imprimer un rythme. Du haut de sa trentaine tout juste passée, le metteur en scène saisit grâce au souffle glaçant qu’il diffuse. Créateur d’images et de moments captivants, sa scène finale est un modèle du genre « coup de poing ». Sublimée par la musique de Max Richter, extraite du générique de la série The Leftovers, elle laisse les spectateurs sans voix mais prêts, leurs applaudissements en témoignent, à suivre les futurs travaux de cet artiste prometteur.

Lotissement
texte : Frédéric Vossier
mise en scène, scénographie, lumière : Tommy Milliot
avec : Eye Haidara, Miglen Mirtchev, Matthias Hejnar
dramaturgie et voix : Sarah Cillaire
images vidéo : Vlad Chirita
régie lumière : James Groguelin, Baptiste Mongis
régie son et vidéo : Gaëlle Hispard
Durée: 1h25

Centquatre Paris
Du 2 au 9 décembre 2017

6 décembre 2017/par Vincent Bouquet
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