Photo Pascal Gely
Dans Untitled (Nostalgia, Act 3), l’artiste dévoile son monde intérieur à travers un ensemble de bribes chorégraphiques, entre danse classique et danses africaines.
Sur le plateau, Tiran Willemse, grand danseur élancé, commence quelques pas de danse classique : trois pas en avant, une arabesque pliée, puis il repart en arrière, enchaîne avec un grand penché en avant, puis un piqué, bras en couronne. Chorégraphe sud-africain basé à Zürich, il s’est formé au ballet dans son pays d’origine, avant d’embrasser la danse contemporaine à P.A.R.T.S à Bruxelles et à la Haute école des arts de Bern. Avec Untitled (Nostalgia, Act 3), les gestes du ballet se mêlent à ceux des danses africaines pour se transformer en Giselle.
Dos à nous, Tiran Willemse exécute encore et encore cette phrase, avec une sobriété élégante, en sillonnant le plateau de manière latérale. Ces gestes inspirés du ballet romantique de Jean Coralli et Jules Perrot se délient au fur et à mesure des répétitions, se laissant regarder de mieux en mieux, nous laissant capter leurs subtilités. La simplicité du jogging tranche avec les apparats habituels du ballet, collant et longs tutus en tulle. Après cette longue séquence hypnotique, qui évoque les mouvements des Willis dans Giselle, Tiran Willemse explose, troquant le regard intérieur pour des sourires enjoués, sort de la salle, agite un élément du décor, verse le contenu d’une bouteille sur son torse et se met totalement nu. Le danseur serait-il devenu fou ?
À l’instar du personnage de Giselle qui sombre dans la folie après la trahison du prétendant trompeur Albrecht, Tiran Willemse bascule dans une autre dimension, où d’autres gestes, qui semblent plus libérés, apparaissent : des ondulations du bassin, des balancements du corps, des coups de pied en l’air… Mais dans cette nouvelle version de Giselle, qui défie les codes, le chorégraphe livre son intimité sur scène, dans un élan dont il cultive la spontanéité. En entrant avec lui dans cet espace, on croirait pénétrer dans un rêve, une réalité altérée. Il y dévoile les matériaux et recherches chorégraphiques qui l’habitent. Est-ce à cet endroit qu’il faut voir la nostalgie du titre de la pièce Nostalgia, Act 3 ? Il se distille dans Untitled une mélancolie troublante, qui plane comme une brume sur le plateau, exacerbée par les compositions musicales électroniques de Tobias Koch, qui confèrent à cette explosion de liesse une pointe d’amertume.
Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr
Untitled (Nostalgia, Act 3)
Conception et performance Tiran Willemse
Dramaturgie Andros Zins-Browne
Musique Tobias Koch
Conseil chorégraphique Laurent Chétouane
Création lumières Fudetani RyoyaProduction Association TW
Coproduction Gessnerallee Zürich et Arsenic – Centre d’art scénique contemporain, Lausanne
Avec le Soutien de Ville et Canton de Zürich, Fondation suisse des Interprètes SIS, Pour-cent culturel MigrosDurée : 1h10
Festival Off d’Avignon 2024, dans le cadre de la Sélection Suisse en Avignon
Les Hivernales – CDCN d’Avignon
du 6 au 16 juillet (relâche le 11), à 10hL’Arsenic, Lausanne
du 3 au 6 octobreFestival Actoral, Marseille
les 11 et 12 octobreLa Ménagerie de Verre, Paris
du 15 au 17 octobrePavillon ADC, Genève
du 22 au 25 janvier 2025
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