Dans sa dernière création, Time’s Journey through a room, donnée au T2G dans le cadre du Festival d’Automne, Toshiki Okada conjugue le passé avec le présent, et fait cohabiter vivants et morts avec une délicatesse infinie. Beau et troublant.
C’était en 2011. L’accident nucléaire majeur de Fukushima provoquait un séisme aux conséquences désastreuses sur l’environnement et la santé mondiale. Le metteur en scène japonais prend pour point de départ cette situation tragique pour dépeindre une fracture évidente dans l’histoire de son pays exhorté au changement. Il signe une fable tout à fait intimiste qui traite des questions du deuil et de l’espoir. Un jeune homme, dont la femme est décédée d’une crise d’asthme quelques jours après la catastrophe et dont le souvenir le hante indéfiniment alors que la vie doit continuer, s’apprête à recevoir dans son petit studio en ville celle qui deviendra sa future nouvelle petite amie. Autour d’une petite table en bois où sont disposées dans un simple pot en verre deux petites fleurs de la couleur du soleil, le fantôme de l’ancienne épouse, longue silhouette souple et menue, corps vêtu de noir et visage blafard, rencontre la demoiselle discrètement, tendrement éprise.
Ce qui pourrait relever de la noirceur et du pathos est raconté sans excès de dramatisme avec une subtile et éloquente retenue introspective. Riche en silence, économe en gestes et en déplacements, empreinte de l’apparente banalité du quotidien et écrite comme la partition d’une sonate triste et légère, la pièce voit évoluer l’étrange trio d’une douceur désarmante face à la douleur et habité d’une force tranquille pour affronter le futur. Les corps, les mots, la langue, le son, tout participe à faire naître un climat dense et fragile où le souvenir intensément prégnant doit finir par laisser place à l’avenir – tout comme l’obscurité laisse pénétrer de petites et radieuses étincelles de lumière au rythme lent d’un pouls variable.
Inextricablement liés, le temps d’avant et le temps d’après réunis dans un même espace temporel fonctionne comme un appel à la douceur, à la beauté, à la consolation, à la rédemption.
Christophe Candoni – sceneweb.fr
Toshiki Okada / chelfitsch
Time’s Journey Through a Room
Avec le Festival d’Automne à Paris
Texte, mise en scène Toshiki Okada
Avec Izumi Aoyagi, Mari Ando, Yo Yoshida
Son, scénographie Tsuyoshi Hisakado
Régisseur général Koro Suzuki
Régisseur son Norimasa Ushikawa
Régisseur lumières Tomomi Ohira (ASG)
Costumes Kyoko Fujitani (FAIFAI)
Traduction française Mathieu Capel
Assistante à la mise en scène Yuto Yanagi
Photo, communication Masumi Kawamura
Productrice Akane Nakamura, Tamiko Ouki (precog)
Assistante de production Mai Hyodo (precog)
Coordination de la production Chizuru Matsumoto
Production chelfitsch – Production associée precog
Coproduction
Kyoto Experiment / ROHM Theatre Kyoto ; Kunstenfestivaldesarts (Bruxelles) ; Künstlerhaus Mousonturm Frankfurt ; FFT Düsseldorf ; La Bâtie-Festival de Genève ; HAU Hebbel am Ufer (Berlin) ; SPRING Performing Arts Festival Utrecht ; Festival d’Automne à Paris
Coréalisation T2G – Théâtre de Gennevilliers ; Festival d’Automne à Paris
Avec le soutien de l’Agence des affaires culturelles du Japon dans l’année fiscale 2016, de la Fondation pour l’étude de la langue et de la civilisation japonaises sous l’égide de la Fondation de France et de l’Onda
En collaboration avec Nishi-Sugamo Arts Factory, Suitengu Pit, Kyoto Art Center Artist in Studio Program
Spectacle créé le 17 mars 2016 au Kyoto Experiment 2016
Durée 1h15 – Spectacle en japonais surtitré françaisThéâtre de Gennevilliers
[23, 24, 26 sept. à 20h30] bus
[27 sept. à 19h30]
[25 sept. à 15h00]
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