Signataire de la première mise en scène en langue française d’une pièce du new-yorkais Richard Maxwell, Marie-José Malis propose à La Commune d’Aubervilliers une longue et éprouvante traversée dans les peurs et les rêves d’employés d’une agence de surveillance au cœur de Manhattan.
Plusieurs fois invité au festival d’Automne et à Nanterre-Amandiers, le dramaturge Richard Maxwell écrit et met en scène une œuvre à l’esthétique minimaliste et très singulière qui cherche à dépeindre la société étasunienne contemporaine aux antipodes du rêve américain. Son approche très économe du texte et très plastique de la scène conduit à une forme qui oscille entre abstraction et hyperréalisme.
Maxwell qui monte toutes ses pièces avec sa compagnie les N.Y.C Players a donné en 2006 The End of reality en 1h30. Il en faut quasiment le double à Marie-José Malis pour représenter la pièce. Il lui faut certes 5 heures pour monter Dom Juan ou Hypérion mais Maxwell n’est pas Molière ou Hölderlin. L’écriture et le propos elliptiques appellent la concision. Les dialogues sont minces et d’une telle simplicité. Leur banalité, leur quasi littéralité, leur évidence brute permettent d’aller à l’essence des choses et des êtres. Cela ne réclame pas l’appesantissement !
La lenteur et l’immobilisme systématiques dans le théâtre de Marie-José Malis enferment la pièce dans un système. La manière invariante de faire parler les acteurs avec lenteur et monotonie provoque ici quelque chose d’inopérant. Non pas que le théâtre de Maxwell ne soit pas statique. D’ailleurs l’antithéâtralité de Malis lui convient mais pourquoi ce degré de dénervement qui plombe à ce point ce qui est en train de se jouer ?
il est bien question d’une prégnante solitude dans la prise de parole de personnages vulnérables en proie aux doutes, et à des aspirations diverses face à leur existence menacée par une violence réelle ou fantasmée. Mais il semble y avoir autant de brutalité que tendresse dans les relations qu’ils entretiennent, bien plus d’aspérité et d’intensité que ce qui est montré.
Christophe Candoni – www.sceneweb.fr
The end of reality
de Richard Maxwell mis en scène par Marie-José Malis
création
avec l’école des actes
avec Maxime Chazalet, Marie Schmitt…
traduction Stéphane Boitel
production La Commune – CDN d’AubervilliersDurée : 2h45
Théâtre de la Commune – CDN Aubervilliers
6 Février au 22 Février 2019
MAR, MER, JEU, VEN À 19H SAM À 18H, DIM 16H JEU 14 À 14H30
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !