En France, j’ai beaucoup été confronté à la question : qu’est-ce qu’être Israélien aujourd’hui ? Cela m’a renvoyé à mon propre regard sur mon pays natal et son rapport à la Palestine. Mes précédents spectacles parlaient souvent du conflit israélo-palestinien et c’était de mon point de vue. Avec Tunnel Boring Machine, j’ai voulu entrer dans la tête, le corps, la peau d’un Palestinien. Tenter de comprendre comment lui me regarde, lui qui m’est montré comme l’«ennemi». Mais il y a aussi le sujet du tunnel. Après un gros travail de recherche autour des tunnels palestiniens, un endroit que je connaissais très bien à cause de mon service militaire à Gaza, je suis tombé sur un article qui raconte que les passages souterrains entre la Cisjordanie et Israël ne sont pas utilisés uniquement pour la contrebande et le terrorisme mais aussi par les homosexuels palestiniens. Le vendredi soir, ils paient des passeurs pour rejoindre Tel Aviv et ses fêtes, faire des rencontres. Cela m’a intéressé de mélanger le conflit israélo-palestinien et le conflit homo-palestinien. Comment un homme doit affronter deux camps qui l’empêchent de vivre sa sexualité comme il l’entend. Au cours de l’écriture du spectacle, j’ai entremêlé différentes voix – une mère, un père, un Palestinien, un Israélien – à l’intérieur du personnage de Khalil. Lequel représente chacun d’entre eux, symbolisant en quelque sorte la schizophrénie de ce personnage éclaté entre ces mondes différents, traversé de paradoxes et en quête d’identité.
Durant l’écriture du projet, de nombreuses images ont fait naître le texte, comme cette vision de pétards ou de feux d’artifice évoquant à la fois la fête et la guerre à travers les explosions. Ou cette image de mots écrits en lettres de feu, une tradition en Israël. J’aime casser les codes, travailler sur un symbole et le détourner ou le détruire. Provoquer aussi des ruptures dramaturgiques par l’humour, la musique ou le chant comme lors de la scène d’ouverture qui sera comme une invitation au spectateur à découvrir notre quotidien. J’aime beaucoup prendre des risques : être ensemble dans une salle puis rompre le confort et faire surgir tout à coup le malaise. Une salle de spectacle est un endroit de partage où le public doit être aussi actif ; c’est un lieu d’expériences en dehors du quotidien. Yuval Rozman
TBM – Tunnel Boring Machine
Yuval Rozman
avec Julien Andujar, Gaël Sall, Stéphanie Aflalo, Bachir Tlili, Bertrand de Roffignac
lumière Melchior Delaunay
scénographie Victor Roy
costumes Rachel Garcia
musique Benjamin Cachot
regard extérieur et dramaturgie Youness Anzane
régie générale Marco Laporte
merci à mes complices, leur relecture en 1 2 8 « français-langue maternelle » m’aura été précieuse, Nathalie Kousnetzoff et Damien Simonneau
remerciements à Sophie Barbarit
production déléguée Latitudes Prod (Lille)
coproduction (en cours) Maison de la Culture de Bourges – Scène Nationale / le phénix scène nationale Valenciennes pôle européen de création / TANDEM Scène nationale / Théâtre Garonne, Toulouse / La Villette – Paris
remerciements à Théâtre Nanterre-Amandiers, Théâtre de Vanves, hTh CDN Montpellier
avec le soutien de la DRAC Hauts-de-France, de la Région Hauts-de-France, du fonds de dotation Porosus, de la SPEDIDAM. Avec la participation artistique du Jeune théâtre national
ce texte a reçu les Encouragements de la Commission nationale d’Aide à la création de textes dramatiques – ARTCENA
résidence d’écriture Théâtre de Vanves – Scène conventionnée pour la danse, Vanves Actoral – festival international des arts & des écritures contemporaines – Marseille / Montévidéo – Centre de créations contemporaines – Marseille / Théâtre de l’Odéon – Paris / La Chartreuse – Centre national des écritures du spectacle – Villeneuve-lès-Avignon / Le Tripostal – Ville de LilleCréation
le phénix scène nationale pôle européen de création – Valenciennes
Du 10/11 au 12/11Le Tandem – Arras/Douai
Du 11/04 au 12/04théâtre du Nord – Lille
Du 07/06 au 08/06
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