À la Scène Maria Casarès de Poitiers, Sylvain Levey met en scène sa propre pièce sur deux préados qui vivent une histoire d’amour en accéléré. Un très beau spectacle qui s’adresse à tous les publics, à partir de 8 ans.
Contre toute attente, c’est une technique de drague plutôt efficace. Pierre dit « Ouasmok ? » aux filles qui lui plaisent, histoire d’intriguer, de faire le malin, de lancer une conversation… « Ouasmok ? » comme « Comment tu t’appelles ? » en arabe. Avec Léa, ça marche, même si elle trouve ça un peu « masculin » et lourdingue. Comme lui, elle est en cinquième et livrée à elle-même. Comme lui, elle se sent prête à vivre une histoire, à l’instar des adultes : le grand amour, le mariage, la vie conjugale… Alors, en l’espace de quelques jours, ils emménageront sous les toits de leur collège, dans des combles abandonnés, et ils organiseront une cérémonie, avec des bougies et des boîtes de thon. Et puis, fatalement, ils découvriront les doutes, les disputes, et enfin la séparation. Ou plutôt leur divorce – pour parler comme eux. Et la vie reprendra son cours, pour le meilleur, car ils n’ont que 11 ans et la vie devant eux.
Signée en 2005, accessible à partir de 8 ans, cette pièce de Sylvain Levey a été montée de nombreuses fois sur les planches. Et c’est un petit tube qui mérite son succès, car l’auteur conjugue l’efficacité et la délicatesse. L’efficacité qui consiste à croquer un monde en miniature et à monter une intrigue comme un bateau dans une bouteille, en cinquante petites minutes ; la délicatesse de savoir nouer de puissantes émotions autour de ses personnages, puis de les dénouer en douceur, sans caricature ni mièvrerie. Ainsi, les jeunes spectateurs ont un aperçu de la vie qui les attend, et le public plus âgé redécouvre la part enfantine et théâtrale qui compose toute relation : on joue à l’amour comme on jouerait à la dinette, aux cowboys et aux Indiens, on joue à l’amour comme celles et ceux qui nous ont précédés.
L’auteur est aussi le metteur en scène et, sur les planches de la Scène Maria Casarès, à Poitiers, ce sont Théo Salemkour et Léa Sery qui incarnent le duo. Avec un tel texte, la réussite du spectacle tient surtout à la direction d’acteurs. Une affaire de justesse, et d’alchimie. Léa Sery est une Léa exubérante. Elle en fait beaucoup, parfois un tout petit peu trop, mais cette caractéristique colle avec le passif du personnage, avec sa mère en hôpital psychiatrique, entre autres. Théo Salemkour est un Pierre un brin hâbleur, mais sensible et touchant, qui se sentira dépassé par les événements avec beaucoup finesse. Alors on applaudit, parce qu’il s’agit là d’un travail bien fait, et qu’il est extrêmement plaisant de voir nos enfants confrontés à cette intelligence et cette délicatesse.
Igor Hansen-Løve – sceneweb.fr
Ouasmok ?
Texte, mise en scène et dispositif scénique Sylvain Levey
Avec Théo Salemkour, Léa Sery
Costumes Alex Costantino
Espaces sonores Grégoire Leymarie
Lumières Thomas Elsendoorn accompagné de Manuel Desfeux
Régie générale Thomas Elsendoorn
Construction et régie Daniel Peraud, Thomas ElsendoornProduction déléguée Veilleur®
Coproduction Le Grand Bleu – Scène conventionnée d’intérêt national, art, enfance, jeunesse de Lille ; Le Théâtre du Champ Exquis – Scène conventionnée d’intérêt national de Blainville-sur-Orne ; Espace 600 – Scène d’intérêt national, art, enfance,
jeunesse
Avec le soutien de La Maison Maria Casarès et des Tréteaux de France
Avec la participation artistique du Jeune Théâtre NationalVeilleur® est conventionnée par le ministère de la Culture (DRAC Nouvelle-Aquitaine) et subventionnée par la Région Nouvelle-Aquitaine et la Ville de Poitiers. Le texte est publié aux éditions Théâtrales Jeunesse.
Durée : 50 minutes
À partir de 8 ansScène Maria Casarès, Poitiers
du 9 au 24 novembre 2024
Espace 600, Grenoble
les 19 et 20 décembre
Théâtre du Champ Exquis, Blainville-sur-Orne
les 10 et 11 mars 2025
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