Par les Villages de Peter Handke, texte exigeant, composé de longs monologues, raconte la lutte d’une famille pour une succession. Un texte radical et brut porté sans fioritures par Stanislas Nordey et sa troupe. La radicalité divise comme toujours. Mais le metteur en scène excelle dans cette quête du « non spectaculaire ».
La complainte de la guitare électrique d’Olivier Mellano déchire le ciel encore bleu de la Cour d’honneur. Des petites baraques de chantier sont alignées en fond de scène. « Ce n’est pas possible que la maison devienne une maison de deuil ! » clame Gregor (Laurent Sauvage – un peu tétanisé le soir de la première par l’enjeu) dans son premier monologue. Le frère le plus intellectuel de la famille revient dans la vallée pour régler l’héritage et expose ses sentiments sur sa sœur (Emmanuelle Béart) et son frère Hans, l’ouvrier (Stanislas Nordey). Puis chacun des personnages vient raconter sa vision de l’humanité. Il y a la servante (avec la toujours captivante Annie Mercier) qui raconte l’état dans lequel se trouvent les ouvriers de la vallée qui viennent de terminer un chantier. Puis Hans vient présenter ses collègues. « Sors du chantier et pousse ton premier cri » vient conclure ce monologue d’exception salué par les applaudissements du public qui retient son souffle.
Dans ce théâtre de l’intime, les mots de Peter Handke imposent un tempo bien réglé. Stanislas Nordey aime cette pureté, cette radicalité, cette façon de sculpter la langue. La force des mots impose une force dans le jeu de l’acteur. Le metteur en scène s’est entouré d’acteurs fidèles pour incarner ce texte. Aucun ne tire la couverture à lui. Emmanuelle Béart et Jeanne Balibar, les deux actrices vedettes de la distribution sont sur le même pied d’égalité que le reste de leurs camarades, sur cette même corde tendu qui les amène à porter ce poème brulant. L’exercice n’est pas facile. Il divise. Mais le texte magnifique de Peter Handke l’emporte sur le reste.
Dans la deuxième partie, les baraques de chantier se transforment en un mur de béton sur lequel poussent des arbres. Le scénographe Emmanuel Clolus aime créer des œuvres monumentales (c’était aussi le cas dans Tristesse animal noir). Ce n’est pas le moment le plus réussi du spectacle. Certes ce mur impose aux comédiens de se rapprocher encore un peu plus du public mais il donne l’impression de les écraser. Avec la fatigue l’attention des spectateurs commence à décroitre. Et la fin du spectacle est plus douloureuse. On se raccroche à la beauté du texte et au dernier monologue de Nora. Jeanne Balibar a la lourde tache de conclure le spectacle après quatre heures. Elle est parfaite. Sa voix si particulière permet aux dernières phrases de Peter Handke de s’envoler dans le ciel d’Avignon.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Par les villages
mise en scène Stanislas Nordey
collaboration artistique Claire ingrid Cottanceau
scénographie Emmanuel Clolus
lumière Stéphanie Daniel
musique Olivier Mellano
son Michel Zürcher
assistanat à la mise en scène Anthony Thibault, Yassine Harrada
avec Jeanne Balibar, Emmanuelle Béart, Raoul Fernandez, Moanda Daddy Kamono, Olivier Mellano, Annie Mercier, Stanislas Nordey, Véronique Nordey, Richard Sammut, Laurent Sauvage
production Festival d’Avignon – MC2: Grenoble
coproduction Compagnie Stanislas Nordey, La Colline-théâtre national (Paris), Espace Malraux Scène nationale de Chambéry et de la Savoie, Centre dramatique national Orléans/Loiret/Centre, MCB° Bourges, La Filature Scène nationale Mulhouse, Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines Scène nationale, Le Parvis-Scène nationale Tarbes-Pyrénées avec le soutien de la Région Rhône-Alpes
Par son soutien, l’Adami aide le Festival d’Avignon à s’engager sur des coproductions.
Durée: 1ère partie 2h – entracte 20 min – 2ème partie 1h40
Festival d’Avignon 2013
Cour d’Honneur
Du 6 au 13 juillet à 21h – relâche le 9 juillet
Théâtre National de la Colline
Du 5 au 30 novembre 2013
Les 5,6 et 7 décembre 2013
Les 12,13 et 14 décembre 2013
Les 19 et 20 décembre 2013
Les 9,10 et 11 janvier 2014
Les 15, 16 et 17 janvier 2014
La Comédie de Clermont-Ferrand
Les 23,24 et 25 janvier 2014
Les 30, 31 janvier et 1er février 2014
Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines
Les 6, 7 et 8 février 2014
Les 13 et 14 février 2014
Les 19,20 et 21 février 2014
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