Thomas Blanguernon, la trentaine, quitte son exil berlinois, et revient en France, pour y donner une conférence sur le théâtre dans un Centre Dramatique National. « J’avais simplement oublié (…) que ces théâtres ne sont, somme toute, que des entreprises culturelles du territoire français affiliées à l’Etat français et empoissées d’esprit français ». L’auteur Christophe Pellet a écrit un véritable pamphlet burlesque « anti français » avec une plume trempée dans l’acide qui réveille ainsi chaque « bon français » toujours certain d’être le centre du monde.
Stanislas Nordey se jette à corps perdu dans ce monologue d’une heure et demie. Avec ce phrasé tout en accélération, sur le fil du rasoir, il avale le texte de Christophe Pellet comme on englouti la meilleure de nos pâtisserie françaises. La première pause intervient après quarante minutes, faisant fi des didascalies de l’auteur qui prévoit dans son texte des pauses. Stanislas Nordey va au-delà de l’écrit, relevant ainsi un nouveau défi théâtral.
Le texte est une variation critique autour du théâtre et autour de la société française. Une réflexion sur notre système culturel et politique. Thomas Blanguernon, le récitant est sorti du système, du circuit. « J’étais doublement prisonnier : prisonnier de l’Etat français : la France, et du territoire des gens de théâtre : les entreprises culturelles ». De retour en France il va retrouve d’anciennes connaissances dont Marijo (Roig ? – Maire d’Avignon, et membre du Conseil d’Administration du Festival) figure du Théâtre Français. L’apparition de ce personnage fait hurler de rire le public averti….Christophe Pellet égratigne à grand coups de griffes. La gastronomie française qui vient de rentrer au Patrimoine Mondiale de l’UNESCO en prend aussi pour son grade. « Une nation de plat en sauce avec un esprit de plat en sauce », voilà ce que pense le récitant de notre cuisine ! Il y a du Thomas Bernhard, mais aussi du Rousseau dans le texte. Lorsqu’il évoque cette société « où il est de bon ton de se divertir à tout prix donc de se dissimuler…», on ne peut s’empêcher de penser aux écrits du rêveur solitaire sur le théâtre : « Je pense que tout amusement inutile est un mal ». C’est incisif, bien écrit, et magistralement mis en bouche par Stanislas Nordey.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
La Conférence de Christophe Pellet
spectacle conçu et interprété par Stanislas Nordey
collaboratrice artistique Claire ingrid Cottanceau
scénographe Emmanuel Clolus
lumière Stéphanie Daniel
son Michel Zurcher
coproduction Théâtre du Rond-Point / Le Rond-Point des tournées, Compagnie Nordey
texte publié aux éditions de l’Arche
Théâtre de Grammont – CDN des Treize Vents
du 13 au 17 septembre 2011
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