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Sopro : la tendresse par le souffle

À la une, A voir, Les critiques, Paris, Théâtre

Photo Christophe RAYNAUD DE LAGE

Le Festival d’Avignon accueille la nouvelle création de Tiago Rodrigues, Sopro, construite autour d’un personnage de théâtre qui fut important : le souffleur. Par sa voix murmurée, ce sont les quarante dernières années du Teatro Nacional D. Maria II de Lisbonne qui sont racontées.

Au milieu d’un théâtre en ruine, où ça et là poussent des joncs, on entend le vent qui fait grincer les planches. Dans ce paysage désolé, Cristina Vidal est toujours là, classeur à la main. Depuis le 14 février 1978 elle inspire l’histoire de ce lieu et expire le texte aux acteurs à la mémoire qui flanche. Elle est la plus ancienne entre ces murs, elle sera la dernière à partir.

A la façon de Bovary, que le public avait pu voir notamment au Théâtre de la Bastille, Tiago Rodrigues mélange les souvenirs racontés de la souffleuse, sur son métier, sa vie entre les murs du théâtre, et certaines scènes mémorables du répertoire où la travailleuse de l’ombre a eu un rôle à jouer. Pour la première fois, elle est le personnage central d’un spectacle et ce n’est pas pour autant qu’elle cesse de travailler, à chacun des acteurs sur scène, elle murmure les notes d’une partition qu’elle est la seule à connaître.

Se tissent face à nous 40 ans d’histoire du théâtre. Dans la mise en scène et la lumière, quelque chose de sacré se dégage, de respectueux face à la fragilité d’un personnage central. Les lumières qui l’éclairent sont douces, indirectes, comme pour révérer la pâleur du personnage en noir.

Cristina Vidal est une douce cheffe d’orchestre qui dirige les comédiens avec l’attention d’une mère qui a pour seul but, depuis le début de sa carrière, de les sauver, de les protéger. Elle est aussi virtuose, capable de souffler à 3 ou 4 acteurs différents simultanément. Pour un même phrase, l’espace de quelques secondes, on entend comment le même murmure peut donner naissance à de multiples interprétations.

Tiago Rodrigues, de part son écriture ironique, légèrement provocante mais d’une humanité profonde, signe encore un spectacle important où toute la valeur de ceux qu’on voit le moins explose avec tendresse à la face du monde.

Hadrien Volle – www.sceneweb.fr

Sopro / Souffle
Texte et mise en scène Tiago Rodrigues
Scénographie et lumière Thomas Walgrave
Son Pedro Costa
Costumes Aldina Jesus
Assistanat à la mise en scène Catarina Rôlo Salgueiro
Avec Isabel Abreu, Beatriz Brás, Sofia Dias, Vitor Roriz, João Pedro Vaz, Cristina Vidal
Production Teatro Nacional D. Maria II (Lisbonne)
Coproduction ExtraPôle Provence-Alpes-Côte d’Azur*, Festival d’Avignon, Théâtre de la Bastille, La Criée Théâtre national de Marseille, Le Parvis Scène nationale Tarbes
Pyrénées, Théâtre Garonne scène européenne (Toulouse), Teatro Viriato (Viseu), Festival Terres de Paroles
Avec le soutien de l’Ambassade du Portugal en France – Centre culturel Camões à Paris, l’Onda
*Plateforme de production soutenue par la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur rassemblant le Festival d’Avignon, le Festival de Marseille, le Théâtre National de Nice, le Théâtre National de la Criée, Les Théâtres et la Friche la Belle de Mai
Spectacle en portugais surtitré en français
Durée : 1h45 

Festival d’Automne 2018
Théâtre de Chelles
9 Novembre
Théâtre de la Bastille
12 Novembre au 8 Décembre

9 juillet 2017/par Hadrien Volle
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