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Soir de Première avec Marie Albert

À la une, Danse, Festival d'Avignon
Marie Albert
Marie Albert

Photo DR

Marie Albert s’est formée à la danse sur l’île de La Réunion, puis au Conservatoire national supérieur de Paris. Elle intègre le Ballet de l’Opéra de Lyon en 2021, où elle interprète des œuvres de William Forsythe, Pina Bausch et Lucinda Childs. Elle collabore également avec Pierre Pontvianne et Fabrice Mazliah et participe aux créations de Marcos Mauro (La belle au bois dormant) et Christos Papadopoulos (Mycelium). Elle fait partie de la distribution de NÔT, la nouvelle création de Marlene Monteiro Freitas, présentée dans la Cour d’honneur du Festival d’Avignon.

Avez-vous le trac lors des soirs de première ?

Je ne sais pas si j’appellerai ça du trac, ou plus de l’excitation. Je pense que c’est une sensation à la fois salvatrice, et vertigineuse. C’est la première fois que la matière créative, encore instable, prend forme. Un chorégraphe avec qui j’ai travaillé m’a dit un jour : « Le jour de la première, c’est la première vraie répétition de la pièce ». Je suis assez d’accord avec lui. Avant la première, c’est comme des mots sans phrase. Une fois la phrase posée, la parole peut être interprétée. La première confrontation d’un travail au regard de quelqu’un est un grand moment de vulnérabilité, mais on se rappelle toujours des premières fois, comme sur un fil tendu entre le connu et l’inconnu.

Comment passez-vous votre journée avant un soir de première ?

Un jour de première, j’essaye de maintenir le calme et la joie. Je sais que je dois rassembler mon énergie pour qu’elle puisse sortir au bon moment. Je passe du temps seule, des temps de contemplation. J’aime bien prendre ces moments pour mobiliser des souvenirs. C’est important pour moi de me remémorer à chaque fois la raison pour laquelle je fais ce métier, pourquoi j’ai eu envie d’aller sur scène la première fois. Je communique avec la petite Marie qui rêvait de faire des spectacles dans le jardin, me souviens que c’était important. Je me connecte aussi à ce qui me rend en colère, ou qui me révolte, en me rappelant que faire de l’art est un acte politique avant tout. Et puis, bien sûr, je me focalise sur des choses plus pragmatiques liées au travail, en fonction des types de préparation.

Avez-vous des habitudes avant d’entrer en scène ? Des superstitions ?

Je n’ai pas de superstitions, parce que je n’aime pas vraiment ça. Surtout que je ne pense pas qu’il y soit vraiment question de chance ou de malchance dans le fait d’aller en scène, c’est un acte conscient que l’on décide d’habiter dans ce qu’il a de plus rassurant et de plus surprenant. Mes habitudes sont variables en fonction de la pièce : visualisation, effort physique pour transpirer et faire monter le cardio… Par contre, ce qui revient toujours, c’est la musique. J’ai besoin de beaucoup de musique avant d’aller sur scène. C’est un moyen pour moi d’éveiller mes sens, de m’émouvoir, pour faire vibrer ma carapace avant d’aller danser. Certaines musiques sont devenues un peu comme des hymnes pour moi à force de les écouter en boucles avant d’aller sur scène. Par exemple, le live Feeling de Nina Simone m’a beaucoup accompagnée, Ballad of a Thin Man de Bob Dylan, Loder mon péi de Oussanousava, Ederlezi de Goran Bregovic, Lilac Wine de Jeff Buckley… Je prends aussi soin de mes interactions avec l’équipe du spectacle, souvent par la joie et le rire. Un moyen pour se connecter avant d’entamer une traversée collective.

Première fois où vous vous êtes dit « Je veux faire ce métier » ?

C’est étrange par ce que je n’arrive pas vraiment à répondre à cette question par un acte défini. J’ai l’impression que la question ne s’est pas vraiment posée. J’ai toujours dansé et j’ai l’impression que ce n’était pas vraiment une question, il fallait que je danse et puis tout s’est enchainé jusqu’à maintenant. J’ai été guidée par des personnes qui m’ont fait confiance et m’ont mise sur cette route. J’ai l’impression que c’est devenu mon métier par la force des choses, mais je pense que, dans tous les cas, j’aurais dansé, même si ce n’était pas ce qui me permet aujourd’hui de gagner ma vie. Parfois, je me demande à quel point une passion reste une passion lorsqu’elle devient un métier, d’où le fait que j’aime aussi beaucoup danser avec des gens qui n’en font pas leur métier.

Premier bide ?

Quand j’étudiais au Conservatoire, dans le cadre d’une présentation de solo. Je travaillais dans des positions d’équilibre un peu extrêmes, avec des appuis restreints, sur un chant flamenco de Agujetas. Le jour de la présentation devant mes camarades de classe, je me suis mise à trembler dans toutes les positions, je ne tenais pas du tout sur mes jambes. Les tremblements s’ajoutant à la voix d’Agujetas, qui vibrait beaucoup dans sa lamentation, ont transformé la situation en quelque chose de très comique. Plus il se lamentait, plus je m’empêtrais. Tout le monde s’est mis à rire, ce qui n’était pas prévu à la base, mais c’était presque plus intéressant comme ça. En création avec Marlene, j’ai l’impression de faire face au bide chaque jour, mais je crois que le bide c’est aussi oser mettre un pied dans le vide, c’est là que le travail commence et qu’on apprend à se connaître. Le bide est une merveilleuse source de création.

Premier fou rire ?

Mes premiers fous rires remontent au moment où ma mère m’emmenait au cirque à La Réunion quand j’étais jeune. Les clowns me faisaient tellement rire… C’était les chutes. Lors d’une des représentations de Biped, une pièce de Merce Cunningham à l’Opéra de Lyon, je suis tombée sur les fesses en glissant après un saut. Il faut imaginer que Biped est une pièce très technique avec des mouvements de lignes très formelles, on ne peut pas vraiment masquer une chute comme celle-ci. Je me suis relevée directement, mais une autre danseuse en me voyant est tombée à son tour juste après moi, et tout aussi grotesquement. En la voyant, j’ai explosé de rire. Incontrôlable, le rire était accentué par le fait qu’il fallait continuer d’exécuter tous ces mouvements si exigeants et abstraits. Le simple fait de croiser son regard me faisait perdre pied, une sorte d’état de survie pour continuer coûte que coûte.

Premières larmes en tant que spectatrice ?

C’est difficile de trouver, car je suis une spectatrice qui pleure beaucoup… Quand je creuse dans le fond de ma mémoire, si j’avais à dire les premières larmes, je pense que c’est en regardant une répétition lorsque j’étais jeune, à l’île de La Réunion, d’une amie qui dansait un solo sur une musique de Mahler. Je ne pourrais expliquer comment la force et la sensibilité de sa présence m’ont profondément touchée ce jour-là. Son regard portait l’histoire d’une vie compliquée et la nécessité de la raconter. Sinon, j’ai aussi un souvenir très marquant du jour où je suis allé voir le cirque Romanès, une troupe d’artistes tziganes à la périphérie de Paris. Des corps vibrants au sang brûlant, dans un décor fait à la main, en bois et en carton. Mes larmes ont débordé. « Sa i débord i koul a tèr » pour reprendre les paroles de Danyel Waro (un chanteur réunionnais) qui, je trouve, représentent bien l’idée des larmes de spectateur (ça déborde et ça coule parterre).

Première mise à nu ?

J’étais allée voir une expo au Centre Georges-Pompidou, je ne sais plus sur quoi. Ce jour-là, je n’étais pas très bien. Je n’avais pas envie de voir cette expo en réalité. Je me suis arrêtée devant une vidéo de mer projetée sur un mur. Je crois que les émotions qui me traversaient altéraient un peu ma perception de la réalité. Je suis restée assise longtemps en me disant qu’il suffisait de si peu pour que, d’un coup, je me mette à danser, que je sorte de ma posture sociale pour entrer dans un état de transe. Je regardais mes chaussures longtemps en me disant qu’il suffisait simplement de les enlever, de poser mon manteau et mon sac, de faire trois pas et la danse pourrait commencer. Ça m’a pris du temps, mais, à un moment, j’ai lâché : je me suis levée et je suis allée danser en jouant avec les reflets de la vidéo projetée sur mon corps. J’avais la sensation de voler dans un espace entre le cadre social et une espèce de vide magique. Des personnes se sont mises à me filmer, j’avais l’impression que tout était possible. Je pense que la scène est un espace où l’on est protégé par le quatrième mur. C’est souvent dans les espaces informels que je me sens le plus à nu, mais c’est aussi ceux qui m’attirent le plus.

Première fois sur scène avec une idole ?

C’est difficile pour moi de parler d’idole, parce qu’à chaque fois que je rencontre des gens que j’admire, je me rends compte qu’ils sont tout aussi humains que moi, dans leur propre complexité, et la sensation d’« idolisation » disparaît très vite. Je ne sais pas si c’est vraiment être sur scène avec une idole, mais je me souviens d’un concert de Bob Dylan. Même s’il a déjà un certain âge, j’ai tellement écouté sa musique que le simple fait d’entendre le grain de sa voix me fascinait. Vers la fin du concert, avec un ami, on voulait aller aux toilettes, on est sorti de la salle. En arrivant dans le couloir, on entendait encore très bien la musique, on s’est mis à danser, sauter, dans tout l’espace du couloir vide sur la voix de Bob Dylan qui chantait juste à côté. Ce fut un grand honneur de partager ce moment avec lui, même s’il ne nous a sûrement pas vus, peut-être nous a-t-il sentis ?

Première interview ?

Je pense que mes premières interviews remontent à ma période de travail à l’Opéra. La première année, je dansais dans une pièce de Pina Bausch. Il y avait des petites capsules vidéo pour suivre les danseurs. Je n’aime pas vraiment parler devant une caméra, mais très vite, je me suis dit qu’à part être moi-même, je ne pouvais pas y faire grand-chose.

Premier coup de cœur ?

Mon premier coup de cœur, ce sont mes parents qui dansent le rock dans un dîner dansant à La Réunion et Alicia Keys qui chante Illusion of Bliss.

30 juin 2025/par L'équipe de sceneweb
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