Entré en 2008 à l’École de Danse de l’Opéra de Paris, Julien Guillemard est engagé en 2014 dans le corps de ballet. Quadrille, il participe à de nombreuses créations, de Sadeh21 d’Ohad Naharin en 2024 à Vers la mort de Sharon Eyal cette saison. Cette semaine, au Palais Garnier, il crée Red Carpet d’Hofesh Shechter avec treize autres danseurs du ballet de l’Opéra national de Paris.
Avez-vous le trac lors des soirs de première ?
Toujours. Avec l’expérience le trac prend de nouvelles formes, il est peut-être moins vif, mais plus profond : on sait ce qui nous attend. Mais on sait mieux l’apprivoiser, on est plus apte à relativiser l’enjeu. Et une fois le pied posé en scène, il s’envole, toujours.
Comment passez-vous votre journée avant un soir de première ?
Elle ne diffère pas beaucoup des autres journées. On répète toujours jusqu’à quelques heures avant l’ouverture du rideau. Après la répétition, il y a un temps de repos, de concentration, avant de se préparer au spectacle, se chauffer, s’habiller, se maquiller/coiffer éventuellement. Puis, on se retrouve en groupe un moment avant le lever de rideau pour se reconnecter les uns aux autres.
Avez-vous des habitudes avant d’entrer en scène ? Des superstitions ?
Je fais toujours de la méditation après m’être préparé. C’est la dernière chose que je fais après avoir repassé le spectacle dans ma tête, et avant de retrouver les autres danseur·euses. Entre nous, il y a souvent des rituels pré-spectacle. Ça dépend des pièces, mais on se réunit souvent en cercle pour se donner du courage avant l’ouverture du rideau.
Première fois où vous vous êtes dit « Je veux faire ce métier » ?
Je n’ai jamais voulu faire de la danse mon métier. Pouvoir en vivre est une très grande chance. J’ai toujours adoré danser et aurais beaucoup de mal à m’en passer quotidiennement. Mais, même si je me sens chez moi en scène, je n’ai jamais rêvé des planches.
Premier bide ?
Honnêtement, je ne me souviens pas d’avoir fait un gros bide. On a dansé beaucoup de pièces qui n’ont pas très bien marché, mais je ne me rappelle pas avoir vécu des saluts avec une salle qui hue ou qui applaudit très peu…
Première ovation ?
J’ai un souvenir ému de la première du trio Aunis de Jacques Garnier pour le spectacle de l’École de Danse en 2013. Quand une pièce est bien écrite comme celle-ci, il suffit aux interprètes d’être rigoureux et engagés pour qu’elle marche auprès du public. C’était une belle aventure humaine de la porter pour la première fois à l’École de Danse aux côtés de Pablo Legasa et Marin Delavaud, sous l’œil attentif de Wilfried Romoli.
Premier fou rire ?
En scène ? La Fille mal gardée, en juillet 2015.
Premières larmes en tant que spectateur ?
Le Sacre du Printemps de Pina, grande grande émotion. Il y a aussi eu le dernier pas de deux d’Onéguine de Cranko.
Première mise à nu ?
La question est difficile. Je pourrais parler des petits spectacles présentés par les enfants dans les réunions de famille, où je dansais devant mes proches, mais aussi des premiers concours en scène avant de rentrer à l’École de l’Opéra. En tant qu’enfant, je me mettais à nu plus facilement. En scène, je faisais le show, sans avoir vraiment conscience du regard posé sur moi. À la puberté, je suis devenu plus conscient, moins désinvolte, c’est devenu plus difficile de me livrer. Et puis, il y a de nouvelles mises à nu au fil d’une carrière : première improvisation en scène, première chorégraphie…
Première fois sur scène avec une idole ?
Le Rendez-vous de Roland Petit, avec Nicolas Le Riche dans le rôle-titre. Je faisais un petit duo d’enfants, c’était mon premier spectacle avec la compagnie à Garnier.
Première interview ?
Très jeune, pour le quotidien local La Montagne. Je ne me souviens plus de mon âge exact.
Premier coup de cœur ?
Yondering de John Neumeier. C’est une pièce pour jeunes danseur·euses, très poétique. Je l’ai vue lors de ma première année à l’École de l’Opéra. Ensuite, j’ai eu la chance de pouvoir la danser lors du spectacle de l’École, en dernière année.
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