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Salopards, une histoire d’hommes

À la une, A voir, Les critiques, Reims, Théâtre

photo Romu Ducros

Dans Salopards qu’il a écrit et met en scène, Ferdinand Barbet exacerbe l’ardeur fougueuse comme l’extrême fragilité d’hommes portraiturés sur trois générations qui interrogent avec pertinence les thèmes du modèle dominant, du désir masculin, de l’héritage et de la filiation.

Charles, Jack, Isidore… Trois hommes appartenant à trois époques se présentent en simple sous-vêtement blanc comme mis à nu ou presque dans, et autour d’une boite transparente qui efface toute frontière entre espace public et intimité. Elle tourne sur elle-même et traduit l’enfermement des personnages comme leur impossibilité d’échapper au caractère cyclique et inéluctable de l’existence. On suivra progressivement et successivement leur parcours, leur destin, chahutés, bouleversants. Chacun apparaît comme dans l’ombre effrayante de celui qui le précède et en recherche d’affirmation de soi.

On rencontre d’abord l’aîné (vigoureux Lucas Gentil) présenté dans la force de l’âge comme un séducteur féroce au sang chaud. Puissant appétit sexuel et virilité sauvage s’affichent d’emblée dans une étreinte moins câline que brutale. Le corps à corps qui inaugure le spectacle dit toute la jouissance et la violence contenues dans l’intériorité du personnage. Tout aussi bouillonnant, son fils (Salim-Eric Abdeljalil, totalement écorché) apparaît sous les traits sombres d’un éternel post-adolescent échevelé. Sa soif d’idéal s’exprime dans un désir volontaire de danger qu’il trouve dans l’adrénaline que lui procure la course de vitesse en moto, un moyen d’échapper au conformisme lisse de la vie familiale. Le dernier de la dynastie, le petit-fils (Benjamin Dussud) se laisse découvrir confiné dans un centre hospitalier après avoir été la victime d’un passage à tabac pour une histoire de fric ou de drogue. A travers leurs tranches de vie, le temps fuit et s’écoule, de l’inconséquence à l’autodestruction.

Les femmes tiennent aussi des rôles déterminants dans ce triptyque masculin. A commencer par Louise Dupuis qui joue avec beaucoup de justesse et de délicatesse une femme, une mère, toujours aimante, attentionnée et déterminée, une sorte de pilier solide et de trait d’union entre les histoires présentées.

Après Les Bacchantes et Narcisse, autant empreints de mythologie antique que de contemporanéité, Salopards est le troisième et dernier spectacle que propose Ferdinand Barbet à la Comédie de Reims où il a été artiste associé. Ne lui reste qu’à proposer la représentation unique de Concord floral réalisé avec un groupe de jeune de la ville pour le prochain festival Reims Scènes d’Europe. Avec une indéniable maîtrise, il signe un spectacle aussi bien pensé que monté. Peut-être, veut-il trop en dire, trop en faire. Plus de mystère et moins de volonté d’expliquer pourraient planer sur la représentation. Mais il parvient assez magistralement à développer la consistance de ses protagonistes et leurs histoires. Il porte le plateau à ébullition. L’écriture, le jeu, la mise en scène, l’habillage visuelle et sonore, le rythme du spectacle, tout est à vif, plein d’embrasement et d’électricité. S’il n’a recours à la vidéo, il utilise des langages scéniques bien d’aujourd’hui qui assurent notamment à la scénographie une belle plasticité. Et la musique occupe une belle place en soutien à la narration. Elle est réalisée en direct par les deux artistes du groupe Potochkine nichés dans un coin du plateau. Leurs compositions plongent idéalement la pièce dans un univers trouble electro aux accents jouissifs et psyché.

Salopards se présente comme profondément dramatique mais fait alterner peine et joie, gravité et légèreté et captive en donnant à voir une saga humaine pleines d’émotions.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Salopards
TEXTE ET MISE EN SCÈNE FERDINAND BARBET
PAR LE COLLECTIF 17
AVEC SALIM-ÉRIC ABDELJALIL, LOUISE DUPUIS, BENJAMIN DUSSUD, LUCAS GENTIL, ÉLOÏSE HALLAUER, LUCILE OZA, CAMILLE SOULERIN, POTOCHKINE (PAULINE ALCAÏDÉ, HUGO SEMPÉ)
MUSIQUE POTOCHKINE – SCÉNOGRAPHIE CASSANDRE BOY – LUMIÈRE GAUTIER DEVOUCOUX – COSTUMES AUGUSTIN ROLLAND – SON ADRIEN KANTER – ASSISTANAT À LA MISE EN SCÈNE NAÏMA PERLOT–LHUILLIER

Durée : 2h.

9 > 18 JANVIER 2019 À LA COMÉDIE
MER 09, 19H30 / JEU 10, 19H30 / VEN 11, 20H30 / SAM 12, 18H30 / MAR 15, 20H30 / MER 16, 19H30 / JEU 17, 19H30 / VEN 18, 20H30

12 janvier 2019/par Christophe Candoni
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