Le tube du chorégraphe israélien star Ohad Naharin Sadeh21, créé en 2011, entre au répertoire de l’Opéra de Paris. Le corps de ballet s’empare des contrastes et de la physicalité de cette pièce figurer une succession de paysages.
Connu à l’international pour sa danse physique qui fait exploser les affects, Ohad Naharin, directeur artistique de la Batsheva Dance Company depuis 1990, est le porte-étendard de la danse israélienne en Europe. Régulièrement à l’affiche dans les grandes salles et festivals français, il fait entrer une des pièces phares Sadeh21, créée en 2011 au Sherover Theater de Jérusalem, au répertoire de l’Opéra Paris. Laissant les étoiles stars et premiers danseurs de côté, un groupe de vingt-trois danseurs du corps de Ballet se glisse dans cette chorégraphie, ses ruptures, sa grâce et son intensité en suggérant une multitude de paysages.
Sur le plateau gris clair, bordé de grands piliers qui dépassent des coulisses, un danseur entre sur la scène, déploie de grands développements, succédés de gestes vifs et rapides. Les interprètes se succèdent au milieu de la scène, les uns après les autres, traversant ce grand espace vide, sorte de désert aride. Sadeh 1 s’affiche sur un écran de surtitrage au milieu du plateau (“sadeh” signifie champ en hébreu). On comprend qu’on va assister à 21 tableaux et autant de sadeh.
Habillés en simples shorts et débardeurs colorés, parfois de leggings en velours, les danseuses et danseurs révèlent des mouvements en contrastes, construisant une danse faite d’accélérations et de ruptures, gracieuse et parfois brutale. Ces gestes se déclinent dans plusieurs espaces. Ils sont plus ou moins abstraits, agricoles avec ce qui semble un mime de labour, festifs à travers une farandole, ou historiques avec des saynètes en plusieurs groupes dans le même espace. Lors d’un monologue, un danseur à la voix cartoonesque finit par se faire dégager du plateau par une danseuse… À travers l’écriture de Naharin, le corps de Ballet de l’Opéra de Paris expérimente plusieurs manières de traverser l’espace, à grandes enjambées et secondes moelleuses, ou sur la pointe des pieds en petits pas. En virevoltant en grands sauts ou en se roulant par terre. Leur danse est plutôt libre, bien que toujours précise et étirée.
A travers ces gestes, comme la répartition des interprètes, par moment en blocs, parfois éparpillés ou en lignes, bien espacés, ils façonnent l’espace, nous donnent à voir une diversité de paysages. Serait-ce une relation à la terre et au territoire de Naharin qui se dessine ici ? A l’heure où le conflit isrélo-palestinien sévit toujours à Gaza, la catastrophe résonne dans cette pièce, même si aucun mot n’en est dit.
Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr
Sadeh21 d’Ohad Naharin
Maxim Waratt
Bande-sonAvi Yona Bueno
Décors et lumièresAriel Cohen
CostumesRaz Friedman
VidéoLe Corps de Ballet de l’Opéra
Musiques enregistrées
Durée 1h15
Palais Garnier
du 07 février au 02 mars 2024
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