Ce Roméo et Juliette là est une découverte. Une de ces œuvres qui ont par miracle pu être écrites au beau milieu de la tourmente puis se sont fait oublier dans un repli du temps. Boris Blacher fut très célèbre. Compositeur allemand adulé par l’avant-garde des années 30, il est peu à peu marginalisé par les nazis. Sa musique est allègre, chaleureuse sans une once de sentimentalisme.
Il s’inscrit dans le courant de l’avant-garde berlinoise aux côtés de Paul Hindemith et de Kurt Weill. Il est passionné de théâtre, écrit des musiques de scène, des ballets, des opéras. Il parle anglais, il aime Shakespeare. Lorsque la situation n’est vraiment plus tenable à Berlin, il part se réfugier dans les montagnes autrichiennes et là veut continuer.
Ecrire des oeuvres qui puissent être jouées n’importe où sous les bombes, sans moyens, des œuvres qui marquent le monde. C’est ainsi qu’il écrit en 1944 son Roméo et Juliette. 1h15 pas plus, 8 chanteurs, 9 musiciens, mais l’essence de l’oeuvre de Shakespeare et le texte employé à la virgule près.
Lui qui écrivait une musique ample et joyeuse compose une œuvre à la beauté dépouillée et fantomatique. Le romantisme a déposé ses oripeaux pour montrer un amour dévoré jusqu’à l’os. Et au beau milieu de cela, des chansons dans la plus pure tradition du cabaret berlinois en hommage à cette avant-garde insolente que les nazis voulaient effacer.
L’œuvre est créée en 1950 au Festival de Salzbourg et on oubliera presque Blacher. Sa création en France, mise en scène par Jean Lacornerie en collaboration avec l’Opéra de Lyon, est un événement pour tous ceux qui aiment la musique et sans doute un cadeau précieux pour ceux qui crurent un jour aimer à en mourir…
Roméo et Juliette
d’après William Shakespeare | composition Boris Blacher | direction musicale Emmanuel Calef | mise en scène Jean Lacornerie | avec l’Orchestre et les Chanteurs du Studio de l’Opéra de Lyon : Alexandre Pradier (Roméo), Erika Baikoff (Juliette), Eira Huse (Lady Capulet), Andrew Henley (Tybalt), Timothy Murphy (Capulet, Benvolio), April Hailer (la diseuse, la nurse, Peter), Anna Cavaliero (soliste) | danseurs Alexandre Hernandez et Nicolas Diguet | décor Lisa Navarro | costumes Robin Chemin | lumières David Debrinay | chorégraphie Raphaël Cottin
production Opéra de Lyon | coproduction durée 1h15 environThéâtre de la Croix-Rousse 08 > 15 février 2019
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