Sceneweb
  • À la une
  • Actu
  • Critiques
    • Coup de coeur
    • A voir
    • Moyen
    • Décevant
  • Interviews
  • Portraits
  • Disciplines
    • Théâtre
    • Danse
    • Opéra
    • Cirque
    • Jeune public
    • Théâtre musical
    • Marionnettes
    • Arts de la rue
    • Humour
  • Festivals
    • Tous les festivals
    • Festival d’Avignon
    • Notre Best OFF
  • Rechercher
  • Menu Menu

Les Bonnes déconnent au Festival d’automne

À la une, Les critiques, Moyen, Paris, Théâtre

photo Robyn Orlin

La metteuse en scène et chorégraphe Robyn Orlin tourne excessivement en dérision Les Bonnes de Jean Genet dont elle présente au Festival d’automne une version extravagante entre théâtre et cinéma.

Un simple écran sert de cadre et de support de jeu dans la singulière proposition scénique de Robyn Orlin qui réutilise un procédé qu’elle affectionne, celui du realtime movie. Les interprètes jouent devant une caméra sur pied et s’incrustent directement dans les images tirées du film que Christopher Miles a réalisé en 1975 à partir de la pièce de Genet. Le dispositif permet un choc total des esthétiques, d’une part, le bourgeoisisme cossu, ostentatoire, de l’objet cinématographique précité et, de l’autre, une imagerie qui s’apparente à celle d’une mauvaise série télévisée ou d’un clip vidéo commercial. La fabrication en direct de ce film cheap (et assumé comme tel) peut sembler ludique mais elle finit par prendre le pas sur le jeu et les véritables enjeux de la pièce.

Dans son oeuvre la plus célèbre, Genet imagine le puissant dérapage d’une révolte domestique. Deux sœurs fomentent le plan d’empoisonner leur infernale patronne et courent à leur propre perte. L’intrigue qui ne peut se réduire aux seuls rapports de force qu’elle contient, distille, dans son extrême violence, toute l’ambiguïté érotico-perverse d’un jeu de rôles et de domination vertigineux auquel s’adonnent les personnages épris autant de fascination que de détestation pour leur riche maîtresse de qui elles endossent les somptueux habits et singent les manières autoritaires. Il est du coup bien difficile de définir à quel registre appartient la pièce. On a connu Les Bonnes montées sur tous les tons, tantôt plutôt burlesque, tantôt franchement macabre, tantôt plus onirique et fantasmatique.

L’artiste et militante iconoclaste qu’est Robyn Orlin ne cesse de proposer dans son travail une matière politique et polémique qui vise à pulvériser la culture dominante ethnocentrée. Elle vit et travaille aujourd’hui en Europe mais a grandi en Afrique du Sud pendant l’apartheid. C’est à cette époque qu’elle découvre la pièce et en retient un sentiment offusqué parce que les rôles de Claire et Solange étaient jouées par des comédiennes blanches. Plusieurs décennies après, ses bonnes sont campées par deux acteurs noirs, Arnold Mensah et Maxime Tshibangu, vêtus de combinaisons qui font figure de mixte entre le pantalon de jogging et l’uniforme d’éboueur. Madame est tenue, quant à elle, par Andréas Goupil, un comédien blanc sur semelles blanches compensées, aux allures de fashionista douée en ready made.

En choisissant un trio de jeunes et beaux garçons pour camper les trois personnages féminins de la pièce et en insistant sur l’opposition de leur couleur de peau, Robyn Orlin ajoute au conflit de classes les questions de race et de genre. Ainsi, voudrait-elle signer un spectacle fondamentalement engagé. Et bien, sa lecture est trop épaisse, blagueuse, caricaturale, pour être à la hauteur de son ambition. Plein d’une énergie physique survoltée, au mépris de la justesse et de la profondeur, les acteurs prennent la pose et hyperbolisent une féminité parodiée. A l’exception de sa fin plus habitée, le spectacle cède continuellement à l’outrance et à la superficialité. Sans cruauté, le texte, cette fois, ne bouscule, ne dérange pas comme il devrait.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Les bonnes de Jean Genet
Mise en scène, Robyn Orlin
Avec Andréas Goupil, Arnold Mensah, Souleyman Sylla
Lumières, Laïs Foulc
Vidéo, Eric Perroys
Costumes, Birgit Neppl
Coproduction City Theater & Dance Group ; CDN de Normandie-Rouen ; Théâtre Garonne – scène européenne (Toulouse) ; Kinneksbond, Centre culturel Mamer ; Théâtre de la Bastille (Paris) ; Festival d’Automne à Paris
Coréalisation Théâtre de la Bastille (Paris) ; Festival d’Automne à Paris
Spectacle créé le 3 novembre 2019 au CDN de Normandie-Rouen

Durée : 1h20

Théâtre de la Bastille
4 au 15 Novembre 2019

Théâtre Louis Aragon, scène conventionnée d’intérêt national Art et création – danse de Tremblay-en-France
30 Novembre 2019

7 novembre 2019/par Christophe Candoni
Partager cette publication
  • Partager sur Facebook
  • Partager sur X
  • Partager sur WhatsApp
  • Partager sur LinkedIn
  • Partager par Mail
  • Lien vers Instagram
Vous aimerez peut-être aussi
Jean-Clone de Julien Mellano
Emmanuelle Haïm dirige le Pygmalion de Rameau à l’Opéra de Dijon sur une chorégraphie de Robyn Orlin
Mathieu Touzé monte Les Bonnes de Jean Genet au Théâtre 14« Les Bonnes » en folie de Mathieu Touzé
Benjamin Pech, danseur étoile et Roi-Soleil
Des Bonnes de papier glacé
La programmation des Nuits de Fourvière 2021
Nadia Beugré dans ’in a corner the sky surrenders – unplugging archival journeys… # 1 (for nadia ❣️)…’ de Robyn Orlin
Géry BarbotLes Enfants hiboux ou les petites ombres de la nuit de Basile Yawanké
0 réponses

Laisser un commentaire

Rejoindre la discussion?
N’hésitez pas à contribuer !

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Dans le moteur de recherche, plus de 22 000 spectacles référencés

© Sceneweb | Création site et Maintenance par Limbus Studio
  • L’actualité du spectacle vivant
  • Qui sommes-nous ?
  • Newsletter
  • Politique de confidentialité
  • Signaler un abus
  • Contact
  • Politique de cookies (UE)
Faire défiler vers le haut