Robin Renucci a réussi son pari à la tête des Tréteaux de France. Cette institution créée par Jean Dasté, végétait un peu du temps de Marcel Maréchal. Il lui a donné un sacré coup de fouet en l’installant dans le 21ème siècle comme en témoigne la nouvelle création, La Leçon de Ionesco, dans une mise en scène de Christian Schiaretti.
Que cette pièce reste féroce
Nous avons tous vécu à un moment ou un autre un coup de règle sur les doigts ou une humiliation scolaire. Ici nous ne sommes pas dans le cadre de l’Éducation Nationale car ce professeur travaille chez lui, donc tout est permis. C’est un homme fou, illuminé, peut-être un chercheur et un tortionnaire qui n’entend pas la place de l’autre. Il utilise la jeune fille pour en faire ce qu’il veut qu’elle soit.
Cette élève se transforme, elle devient même par moment animale
Il la manipule totalement, elle lui échappe aussi et elle est réduite à être soumise et il la tue. C’est l’emprise des cerveaux et le passage à l’acte. Il confond la véritable autorité qui consiste à faire croître quelqu’un par la connaissance et la volonté de détruire. Et on rit beaucoup. Même lorsque je sors mon ceinturon comme un tortionnaire face à cet enfant recluse, les gens rient car Ionesco nous rappelle ce qu’est la discipline, l’autorité de sanction, la violence, la manipulation, le désir de soumission qui sont des tares humaines.
Et dans le style de Ionesco il y a une gradation dans la montée de la tension
Cela commence avec un homme extrêmement sympathique dont on apprendra qu’il a tué 40 élèves dans la journée. Alors je pense à nos amis de l’Éducation Nationale qui ont en général 30 à 35 élèves et qui se demandent le soir en rentrant chez eux, s’ils ont bien fait, s’ils n’ont pas abîmé l’un ou l’autre lors d’un moment d’énervement ou de violence verbale. Car avec le mot on peut abîmer et détruire. Il y a une courbe d’interprétation très amusante à créer.
Quand on rentre dans la salle, on est saisi par la modernité de la scénographie
Elle répond à des exigences car je souhaite que chaque spectateur de France voit le même objet scénique dans les mêmes lumières quelque soit le lieu où nous jouons. Dans un gymnase, en plein air, dans un théâtre ou dans une halle, le spectacle est le même. La scénographie est un appartement contemporain blanc, lumineux, et toutes les lumières sont accrochées à la boîte. C’est une idée démocratique pour que chacun voit le même spectacle. C’est luxueux et cela se passe dans les lumières.
Vous êtes en tournée au moins jusqu’en janvier 2016 avec cette pièce
Oui car les Tréteaux de France se constituent un répertoire. Après L’école des femmes et Mademoiselle Julie c’est un suite dans ce premier mandant où je voulais travailler sur l’emprise des cerveaux et le passage à l’acte. Le Leçon est créée avec René Loyon qui a répété en même temps que moi pour permettre aux Tréteaux de jouer plusieurs spectacles en même car je joue aussi Arnophle dans L’école des femmes.
Propos recueilli par Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !