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L’affaire Makropoulos éclate côté coulisses

A voir, Les critiques, Lyon, Opéra

photo Jean-Louis Fernandez

En plaçant l’œuvre de Janáček dans les coulisses d’un après-concert agité, le metteur en scène et directeur de l’Opéra de Lyon Richard Brunel donne à voir la déclin d’une cantatrice adulée qu’interprète superbement Ausrine Stundyte entre irradiance et crépuscule.
Un rideau lamé or s’ouvre sur le cérémonial convenu d’une soirée de concert. Une prestigieuse diva  débute son récital, mais celle-ci perd sa voix et ne manque pas de s’écrouler sur scène. L’ouverture retentissante de l’œuvre accompagne l’intervention d’un médecin et l’affolement général en coulisses où la chanteuse se débat rageusement contre son funeste déclin. Ainsi commence la représentation lyonnaise de L’affaire Makropoulos, un des derniers ouvrages écrit par Leoš Janáček avant de mourir. Fantastiquement moderne mais aussi redoutablement dense et complexe à saisir, l’opéra demeure moins joué que d’autres titres plus populaires comme Jenufa ou Katia Kabanova. Sa dernière version de référence remonte aux années 2000 : le metteur en scène Krzysztof Warlikowski convoquait un univers prodigieusement fantasmatique empreint de références éparses au glamour hollywoodien et faisait de l’héroïne une star de cinéma légendaire. Dans la nouvelle production présentée, le personnage d’Elina Makropoulos, trois fois centenaire après avoir bu un élixir d’immortalité, retrouve son statut de cantatrice décrit dans le livret. Montrée au crépuscule de sa carrière, l’artiste est hantée par la perte de ses moyens, par le temps qui passe et par la mort que représente une ribambelle de vieillards aussi cocasses qu’inquiétants baignant dans une fumée sépulcrale. On suit le parcours labyrinthique du personnage traqué par les hommes (fervents admirateurs ou adversaires féroces) qu’elle parvient à séduire, à tromper, au cours d’un procès alambiqué, avant de se laisser aller à une lassitude désabusée : elle finit par brûler la lettre contenant la formule magique de sa longévité dans un piano à queue qui prend feu.
Habituée aux rôles de femmes fortes et torturées, la soprano Ausrine Stundyte montre beaucoup d’aisance à camper une héroïne dont le magnétisme est aussi saisissant que la part d’ombre. Loin de la supposée froideur qui colle à la peau du personnage, la chanteuse vit et défend passionnément son rôle. Elle déploie le style intense et tranchant qui est le sien, une énergie vibrante dans l’expression, une humanité à la fois combative et résolue, mais sans jamais chercher à passer en force. Une qualité dont manque cruellement son partenaire le ténor Denys Pivnitskyi. Maîtrisant mal les fiévreuses ardeurs de Gregor, son chant inélégant déplaît à force d’outrances poussives et d’acidité. Solide et bien sonore, Tómas Tómasson impose la violence d’un Prus percutant avec autrement plus de musicalité. Enfin, Krista qui rêve de devenir une star lyrique à la hauteur de sa rivale est une figure-clé de l’intrigue. Elle bénéficie de la finesse et de la flamme juvénile de Thandiswa Mpongwana.
La mise en scène évolue dans un espace continuellement mobile qui se transforme sans pour autant laisser la confusion s’installer. Tout passe, s’efface, apparaît et disparait, comme dans les contes fantastiques ou un cauchemar éveillé, et ce au gré d’une partition trépidante qui n’hésite pas à s’emballer au rythme ds idées, ds émotions véhiculées, du langage parlé dont l’écriture vocale cherche à se rapprocher. Sous la direction remarquablement maîtrisée du chef Alexander Joel, l’orchestre fait preuve d’une franche vivacité et réalise un beau travail de mise en valeur de la diversité des registres et des timbres permettant de faire osciller le ton entre le grave et le léger, avec ce qu’il faut d’âpreté, de nervosité et d’élans lyriques passionnés.
Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

L’Affaire Makropoulos
Langue
En tchèque surtitré en français
Opéra en 3 actes de Leoš Janáček
Livret du compositeur, d’après la comédie de Karel Čapek
Création à Brno en 1926

DIRECTION MUSICALE
Alexander Joel

MISE EN SCÈNE
Richard Brunel

DÉCORS ET COSTUMES
Bruno de Lavenère

COLLABORATRICE COSTUMES
Claudine Crauland

LUMIÈRES
Laurent Castaingt

CHEF DES CHŒURS
Benedict Kearns

DRAMATURGIE
Catherine Ailloud-Nicolas

EMILIA MARTY
Ausrine Stundyte

ALBERT GREGOR
Denys Pivnitskyi

VITEK
Paul Curievici

KRISTINA
Thandiswa Mpongwana *

JAROSLAV PRUS
Tómas Tómasson

JANEK
Robert Lewis *

MAÎTRE KOLENATY
Károly Szemerédy

UN MACHINISTE
Paolo Stupenengo

LE COMTE HAUK-SENDORF
Marcel Beekman

ORCHESTRE ET CHŒURS DE L’OPÉRA DE LYON
Orchestre et Chœurs de l’Opéra de Lyon
* SOLISTES DU LYON OPÉRA STUDIO
Lyon Opéra Studio

Durée : 1h35

Nouvelle production de l’Opéra de Lyon
du 14 au 24 juin 2024

17 juin 2024/par Christophe Candoni
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