photos Marc Ginot
Pour l’ouverture de la saison du Théâtre des Treize Vents, Jean-Marie Besset, son nouveau directeur propose la reprise de « RER » créé la saison dernière à « La Tempète ». Jean-Marie Besset s’est inspiré de deux faits divers similaires dont un a marqué l’opinion française : l’histoire de cette jeune femme (jeanne dans la pièce) qui a simulé une agression raciste dans une rame RER au début de l’été 2004. André Téchiné en a tiré un film, Jean-Marie Besset une pièce, dont la dramaturgie ne se limite pas à ce seul fait divers. Et c’est tout l’intérêt du spectacle, l’auteur fait entrer d’autres personnages, ce qui lui permet d’épaissir le propos. Il y a l’avocat gay et juif de Jeanne (Didier Sandre), sa mère – française moyenne, un peu raciste (Andréa Férréol), son petit ami Jo – qui vit du RMI et de petits boulots (Marc Arnaud). Il y a aussi un couple à la relation particulière : Onyx – une intellectuelle bobo qui ne trouve dans sa relation avec AJ – ingénieur sans culture, que le plaisir du sexe. Et tous ces personnages secrètent au fond d’eux une grande part de fragilité, de malaise, quelque que soit leur positionnement sur l’échelle de la société, il y a des cicatrices dans leur âme.
Sans donner aucune leçon sur cette affaire qui a défrayé la chronique en 2004, Gilbert Désvaux souligne cependant avec finesse l’emballement médiatique de l’époque. On entend les commentaires de confrères journalistes (David Pujadas, Claire Chazal, Philippe Harrouard…). Aujourd’hui ils font forcément sourire. Tout comme la récupération politique de Jacques Chirac, et malheureusement l’on n’est pas à l’abri aujourd’hui d’un nouveau recommencement, même si certaines rédactions sont vigilantes dans leur traitement de l’information, mais avec les nouveaux média il serait difficile d’éviter l’amplification d’un tel fait divers.
Mais revenons au spectacle, et tout d’abord à l’excellence de sa distribution. Le duo Besset-Désvaux s’est entouré d’un sacré casting. Quel plaisir de retrouver Andréa Ferréol et Didier Sandre ! Leur scène de fin est un moment magnifique. Le rôle de la jeune fille du RER est interprété par Mathilde Bisson. Fraîchement sortie du Conservatoire national supérieur d’art dramatique après des débuts au Conservatoire de Bordeaux, elle s’impose d’entrée dans ce rôle et se hisse au niveau de ses aînés, et la barre est haute avec Andréa Ferréol qui joue sa mère. Elle a le ton juste, un phrasé qui régale entre la BB des années 60 et Arletty. Elle est naturelle et bouleversante de sincérité. Le tout est joué dans un dispositif scénique efficace, en mouvement, mais qui n’étouffe pas les comédiens.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
RER de Jean-Marie BESSET
Mise en scène Gilbertl DESVEAUX
avec
Andréa Ferréol – Madame Argense
Didier Sandre – Herman
Marc Arnaud – Jo
Mathild Bisson – Jeanne
Brice Hillairet – un vendeur, un policier
Chloé Olivères – Onyx
Lahcen Razzougui – A.J.
Durée: 2h
du 23 septembre au 9 octobre
Théâtre de Grammont
Montpellier
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