Hofesh Shechter recrée Political Mother avec les jeunes interprètes de sa compagnie junior. La troupe s’est installée pour quelques jours au Théâtre des Abbesses, et sans public, le spectacle sera donné plusieurs fois en direct pour les réseaux sociaux.
Je me suis demandé, en voyant la pré-générale à huis-clos de Political Mother Unplugged, ce qui pouvait pousser de jeunes danseurs à choisir cette voie. Surtout en 2020. La générale de ce spectacle à Londres en mars a été la première et la dernière d’un série de représentations, confinement oblige. Arrivée à Paris en cette fin d’année, la troupe a « essuyé » un second confinement. Il n’y aura pas plus de spectateurs dans la salle mais à l’initiative d’Emmanuel Demarcy-Mota les interprètes de Shechter II vont donner une série de dates retransmises en direct sur le net.
Ce n’est pas pour parader devant des caméras que ces danseurs ont répondu aux auditions d’Hofesh Shechter. Ils étaient 1500 candidats pour 10 places ! Danser en 2020 c’est espérer –constituer une « famille », servir son art. Et combattre bien sûr. Peut-être l’idée que, justement, cet art n’est pas essentiel. Créé il y a 10 ans Political Mother avait surpris par l’intensité de sa gestuelle, la justesse de son propos. Montrant une foule à la fois fascinée par un meneur et rétive au populisme. Depuis, il y a eu les manifestations de rue, la grève contre le climat ou les actions de Extinction Rebellion à Londres ou Paris. On peut presque voir ces événements en filigrane dans Political Mother Unplugged. La chorégraphie joue des unissons comme des duos, multiplie les rondes en état de transe et les emprunts au langage des danses traditionnelles.
Sa bande-son, redoutable d’efficacité, convoque le baroque et la batucada brésilienne, les guitares saturées et Joni Mitchell. Certains effets sont faciles. Mais la pièce d’Hofesh Shechter tient le cap. Elle dit beaucoup sur la jeunesse actuelle, confinée et libérée. Il y avait une douce mélancolie aux saluts ce soir-là. Mais tout autant une envie d’y croire –surtout face à l’objectif des caméras. Ces jeunes professionnels vont passer un an dans le giron de Shechter II. Un temps d’apprentissage. Certains vont devenir des danseurs en vue, d’autres, qui sait, vont abandonner la partie. Ils viennent du monde entier. Leur vie de danseur commence à peine, avec ces soubresauts et cette pandémie. Ces filles et ces garçons auront, pour moi, le visage de 2020. A moins que ce ne soit le contraire.
Philippe Noisette – www.sceneweb.fr
Political Mother Unplugged
CHORÉGRAPHIE & MUSIQUE Hofesh ShechterLUMIÈRES ORIGINALES Lee Curran // COSTUMES ORIGINAUX Merle Hensel // PROJECTION VIDÉO Shay Hamias // COLLABORATION MUSICALE Nell Catchpole & Yaron Engler // ARRANGEMENTS PERCUSSION Hofesh Shechter & Yaron Engler // MUSIQUE ADDITIONNELLE J.S. Bach, Cliff Martinez, Joni Mitchell, Giuseppe VerdiDiffusion sur le site ou sur le facebook du Théâtre de la Ville
samedi 26 décembre 16h en DIRECT
mardi 29 décembre 21h en DIRECT
samedi 2 janvier 11h en DIRECT
dimanche 3 janvier 22h en DIRECT
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