Dans le cadre du Festival jeune et très jeune public organisé par la ville de Gennevilliers, le collectif Maryse a transporté son concert expérience au sein d’une crèche. Un défi pour Marie-Christine et Marie-Rose Laurel, obligées de se réinventer pour capter l’attention d’enfants de six mois à deux ans dans cet espace atypique.
Marie-Christine et Marie-Rose Laurel sont habituées au confort des boîtes noires. C’est là que les deux soeurs jumelles, fondatrices du collectif Maryse, ont créé Mount Batulao, un concert expérience pour les enfants à partir de six mois. Programmé dans le cadre du Festival jeune et très jeune public organisé du 3 au 14 février par la ville de Gennevilliers, en partenariat avec l’association Enfance et Musique, ce spectacle sensoriel qui retrace l’évolution inversée, de l’enfance à la vie in utero, a dû se réinventer pour trouver, cette année, en dépit des impératifs sanitaires, ses très jeunes spectateurs. Faute de pouvoir les accueillir au pied de leur arbre lumineux, capable de réagir à la fréquence des sons, Marie-Christine et Marie-Rose Laurel sont allés à leur rencontre. Pendant une semaine, elles ont posé leurs harpe, violon et boules japonaises au sein de la crèche Hector Berlioz pour expérimenter, au contact de ce public si particulier, ce qui pouvait, ou non, retenir son attention.
Malgré l’atypisme du lieu, le silence se fait plus que rapidement. Qu’ils aient dix mois ou presque deux ans, tous les enfants, rassurés par les assistantes maternelles présentes, sont captivés par les quelques notes de musique que le duo leur distille. Loin d’être passive, leur écoute est sur-active et se traduit même, parfois, corporellement, comme lorsque ce petit garçon d’à peine un an cale spontanément sa respiration sur celle d’une comédienne-musicienne. « Cette expérience permet d’alimenter nos réflexions, d’observer que notre spectacle fonctionne même sans l’arbre et que, finalement, le son prime pour eux sur le visuel », constate Marie-Rose Laurel. Car, lorsque vient le moment des essais lumineux, l’exercice s’avère bien moins concluant, entravé par la lumière du jour qui traverse les quelques fenêtres dépourvues de volets.
Effet boule de neige
Qu’importe, pourrait-on presque dire, puisque ce très jeune public, qui ne distingue pas toujours parfaitement les couleurs, paraît bien plus sensible aux mouvements et aux vibrations, qu’elles proviennent de bruits de pas ou d’un tambourin. « Au niveau du texte, nous fonctionnons également selon la même logique puisque les enfants, à cet âge, saisissent plus l’intention que le sens, précise Marie-Christine Laurel. Nous nous focalisons donc surtout sur le ton employé et la musicalité pour générer une certaine émotion. » A en croire Nadège, l’une de leurs accompagnantes, ce type d’expériences ne laissent d’ailleurs pas les enfants tout à fait insensibles. « Chez les plus petits, de tels spectacles participent à l’éveil des sens quand, chez les plus grands, qui nous en reparlent très souvent ensuite, ils stimulent la curiosité, remarque-t-elle. Il n’y a qu’à les voir se précipiter, à la fin de la séance, sur les instruments qu’ils ne connaissent pas, comme le violon et la harpe, pour constater que l’on a réussi quelque chose. »
L’assistante maternelle espère même faire boule de neige et encourager les parents à emmener eux-mêmes leurs chérubins à ces spectacles conçus spécialement pour eux. « Même si certains sont un peu frustrés de ne pas avoir pu les accompagner lors de ces expériences, et qu’il faut souvent revenir en détail sur les réactions que cela a provoquées chez les petits, ils peuvent se dire : « S’ils le font à la crèche, pourquoi pas nous ? », souligne-t-elle. Quant à nous, assistantes maternelles, ces séances peuvent nous permettre d’adapter nos pratiques de travail au quotidien, en observant, par exemple, que tel ou tel enfant est plus cadré lorsqu’il écoute de la musique. » Et d’emplir la crèche d’une sérénité qu’on lui méconnaissait.
Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr
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