Depuis 2006, aux premiers signes de chaleur printanière, Guillaume Dujardin met le théâtre à l’ombre dans les souterrains de Besançon. Son « Festival de Caves » au fonctionnement si particulier a réussi à se creuser une place dans le paysage français avec un seul mot d’ordre : liberté.
L’histoire du Festival de Caves a tout de l’aventure inattendue : en 2005, Guillaume Dujardin crée le Journal de Klemperer dans les sous-sols du Musée de la Résistance de Besançon. Surgit alors le désir de continuer à occuper cet espace si singulier qu’est le sous-sol. Cela se fera dès l’année suivante sous la forme d’un premier festival grâce à la générosité de bisontins prêtant leurs sous-sols. Des caves laissées à la créativité des comédiens et metteurs en scène libres d’en faire ce qu’ils veulent. Habituée de la première heure, la comédienne Josée Drevon résume en une phrase l’essence de cet événement singulier : « ici, ça passe ou ça casse ».
La Révolution naîtra-t-elle des entrailles de la ville comme des conquêtes sociales ont pu s’arracher du fond des mines ? Guillaume Dujardin croit en son festival comme un lieu pour briser les codes de la production théâtrale française actuelle. Le directeur fustige « l’obligation des théâtres institutionnels à devoir s’engager sur des projets plusieurs années à l’avance », au Festival de Caves, on discute de la programmation quelques mois seulement en amont de l’événement, ce qui permet une latitude importante pour réagir aux derniers soubresauts du monde.
Aujourd’hui, le Festival de Caves s’étend sur 93 communes en France et en Suisse entre le 28 avril et le 24 juin. Mais n’y a-t-il pas un risque de dispersion ? Guillaume Dujardin s’en défend : « toutes les productions sont créées à Besançon puis tournent ensuite dans le pays. Il y a donc une cohérence : tout le monde assiste au même festival ! » De plus, Guillaume Dujardin rassemble dans ce projet une trentaine de comédiens « permanents », créant ainsi une véritable troupe le temps du festival. Chacun joue dans plusieurs productions, peut aussi faire une mise en scène et participe ainsi à l’émulation d’ensemble. Si certains sont issus des grandes écoles, d’autres ont suivi des formations plus modestes à l’Université de Besançon, sous la houlette de Guillaume Dujardin ! Un riche melting-pot.
Des petites jauges, un espace inattendu, et une équipe dévorée par la nécessité de créer ici et maintenant comme il en apparaît de plus en plus ces dernières années (du Théâtre National de Nice à La Commune d’Aubervilliers) font de ce Festival de Caves un endroit singulier, ouvert à tous les possibles.
Hadrien VOLLE – www.sceneweb.fr
Plus d’informations sur le site du Festival de Caves
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !