Depuis longtemps, j’aime Molière. J’aime ce que je perçois dans son oeuvre de vitalité à toute épreuve, de générosité foncière, de pulsions contradictoires, de désir éperdu de transparence entre les êtres ; j’aime ses coups de gueule contre les mensonges de la comédie sociale, son penchant pour les personnages monomaniaques taraudés par un tourment secret, son goût du burlesque mêlé à ce quelque chose de sombre – cette « nappe de douleur » dont parlait Mauriac à propos du Misanthrope ; j’aime enfin cette façon (« tchekhovienne », oserais-je dire …) qu’il a d’imbriquer dans son écriture le psychique et le social, au-delà de tout manichéisme.
J’ai monté huit pièces de Molière (L’Avare, L’Ecole des femmes, Les Femmes savantes, Le Tartuffe entre autres), mais j’ai longtemps hésité avant de me lancer dans l’aventure de Dom Juan. C’est sans doute sa pièce la plus étrange, la plus baroque dans sa construction, la plus difficilement cernable dans sa forme et sa thématique. Peut-être parce qu’elle est née de circonstances très particulières : Molière s’est laissé convaincre par ses comédiens, après l’interdiction du Tartuffe, et alors qu’il se trouvait sans création nouvelle à proposer au public, d’écrire une comédie sur un thème à la mode, censé gagner les faveurs du plus grand nombre : Le Festin de pierre mis en vogue par l’Espagnol Tirso de Molina. Il y avait là, semble-t-il, indéniable matière à succès : une histoire romanesque à souhait, des péripéties surprenantes, un séduisant exotisme et un savoureux mélange des genres où s’entrecroisent comédie, tragédie, farce et merveilleux. Il y avait là encore pour la troupe du Palais-Royal l’occasion de rivaliser avec le Théâtre du Marais, spécialiste des pièces à machinerie et des merveilles que celle-ci autorise : changements de décors, apparitions, disparitions, effets multiples susceptibles d’épater la galerie. Extrait de la note d’intention de René Loyon
DOM JUAN de Molière
Mise en scène – René Loyon
Avec Claire Barrabes (Charlotte, La femme voilée) – Clément Bresson (Dom Juan) – Jacques Brucher (Gussman, La Ramée, Le pauvre, Dom Alonse, M. Dimanche, Dom Louis, Le Commandeur)- Yedwart Ingey (Sganarelle) -Adrien Popineau (Pierrot, Dom Carlos, La Violette)- Claire Puygrenier (Elvire, Mathurine)
Dramaturgie Laurence Campet – Scénographie Nicolas Sire – Lumières Laurent Castaingt – Création sonore Françoise Marchesseau,- Costumes Nathalie Martella – Direction technique François Sinapi
Production Compagnie RL – Coréalisation Théâtre de l’Atalante
Compagnie RL conventionnée par le Ministère de la culture et de la communication (DRAC Ile-de-France)
et par la Région Ile-de-France – aide à la création Ville de Paris
Avec la participation artistique du CFA des Comédiens, Studio d’Asnières
Du samedi 03/03/12 au lundi 26/03/12
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