Sceneweb
  • À la une
  • Actu
  • Critiques
    • Coup de coeur
    • A voir
    • Moyen
    • Décevant
  • Interviews
  • Portraits
  • Disciplines
    • Théâtre
    • Danse
    • Opéra
    • Cirque
    • Jeune public
    • Théâtre musical
    • Marionnettes
    • Arts de la rue
    • Humour
  • Festivals
    • Tous les festivals
    • Festival d’Avignon
    • Notre Best OFF
  • Rechercher
  • Menu Menu

La Cie Diable au Corps met le cirque à nu

À la une, Cirque, Coup de coeur, Les critiques, Paris

© Ian Grandjean

Dans Reflets dans un œil d’homme, la Cie Diable au Corps questionne le désir sous toutes ses formes à travers un trio de portés acrobatiques aussi délicat qu’audacieux. A voir début décembre au Monfort. 

Depuis sa naissance dans les années 70, le nouveau cirque ne cesse de se mêler à d’autres disciplines, et de s’aventurer dans de nouveaux registres. Avec Reflets dans un œil d’homme, la Cie Diable au Corps participe à cette extension du domaine de la piste. Et par la même occasion, elle en révèle un paradoxe. Portée par le duo formé par Caroline Le Roy et Michaël Pallandre – ils ont fondé et dirigé ensemble le collectif Prêt à Porter – et par Adria Cordoncillo qu’ils ont rencontré au sein de la compagnie XY, cette pièce créée en 2017 explore en effet les rapports homme-femme sous un angle peu courant dans la création circassienne contemporaine, où la sensualité est pourtant évidente. « Celui du désir, des différents types de désirs », expliquent les artistes qui se sont inspirés du texte éponyme de Nancy Huston, à qui ils rendent hommage avant le début de chaque représentation. Et dont ils mettent en gestes, en portés surtout, la pensée sur la différence des sexes. Sur le regard porté en Occident sur la femme.

Les trois acrobates n’ont presque pas besoin de mots pour partager la matière accumulée par Caroline Le Roy et son acolyte pendant plusieurs années de travail. Alors que gît sur le sol une grande marionnette qui lui ressemble, la voltigeuse qui se définit comme « pugnace » ouvre la pièce par une sorte de petite danse que nous observons tous mais dont on voit d’emblée qu’elle n’est destinée qu’à un seul. Soit Michaël Pallandre – le « solide » de la bande –, qui l’observe immobile et qu’elle finit par embrasser longuement, langoureusement. Avant de faire la même chose avec Adria Cordoncillo le « déterminé » qui patientait jusque-là dans son coin. Le petit rituel se reproduit quelques fois. Il s’enrichit de portés, s’acrobatise. Avant de laisser place à d’autres, où les rôles des uns et des autres sont à chaque fois redistribués. Où les relations sont tantôt tendres, tantôt érotiques. Parfois violentes, souvent ambiguës.

Si les tableaux vivants qui se succèdent dans Reflets dans un œil d’homme questionnent avec force les relations hommes-femmes, c’est qu’ils le font essentiellement avec les moyens de la piste. En accentuant, ou en décalant légèrement une technique acrobatique, le trio en révèle les enjeux en matière de rapports. En ce qui concerne l’amour, ou du moins sa possibilité. Régulièrement nus, avec autant de sensibilité que d’humour, mais aussi avec pudeur, les artistes donnent à approcher les dessous du cirque. Et ceux de la société. En se mesurant les uns aux autres, ou en construisant ensemble d’éphémères figures, ils mettent à l’épreuve l’image de la femme libre, égale à l’homme, qui prévaut en Occident. Ils soulignent le fait que, s’il peut y avoir égalité entre les sexes dans le porté acrobatique, il y a forcément différence. Que le nier rendrait impossible la pratique de la discipline.

Le trio excelle dans cet art du porté, qu’il exerce avec une grande précision et un plaisir évident, qui prime selon eux sur la pensée critique. Et sur la narration, qui émerge des gestes plutôt que l’inverse, et qui sont donc susceptibles d’évoluer en partie à chaque représentation. La Cie Diable au Corps fait preuve d’une audace qui n’est pas seulement de l’ordre de la prouesse physique, mais qui concerne aussi le sens, dont la naissance dépend autant des couples qui se nouent et se dénouent au plateau, que de nous qui les regardons faire. Et qui nous reconnaissons dans leurs étreintes et leurs déchirements.

Anaïs Heluin – www.sceneweb.fr

Reflets dans un œil d’homme
Mise en scène : Michaël Pallandre
De et avec Adria Cordoncillo, Caroline Le Roy,
Michaël Pallandre
Accessoiriste mannequins : Judith Dubois
Costumes : Anne Jonathan
Régie son et lumière : Samuel Matton
Création lumière : Vincent Millet
Administration, collectif Prêt à Porter : Malika Louadoudi
Production et diffusion : Suzon Mouilleau
Graphisme : Mélinda Sarasar
Production : Cie Diable au Corps / Prêt à Porter
Co-productions : La Verrerie d’Alès – Pôle National Cirque Occitanie CIRCa – Pôle National Cirque – Auch Gers Occitanie.

Durée:1h10

Le Monfort
Du 2 au 7 décembre 2019
Le Triangle – Hunnigue (68)
Le 25 janvier 2020

2 décembre 2019/par Anaïs Heluin
Partager cette publication
  • Partager sur Facebook
  • Partager sur X
  • Partager sur WhatsApp
  • Partager sur LinkedIn
  • Partager par Mail
  • Lien vers Instagram
Vous aimerez peut-être aussi
L’équipe du Monfort écrit à Jean Castex
De bonnes raisons photo JL Chouteau La Volte-Cirque, le risque pour le meilleur et pour la peur
La saison 2020/2021 du Monfort
Le collectif NightShot braque le théâtre contre le Mal
Notre Histoire : autofiction amoureuse
Les voyages par la Cie XY
Willy Wolf ou l’absurdité d’un saut
0 réponses

Laisser un commentaire

Rejoindre la discussion?
N’hésitez pas à contribuer !

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Dans le moteur de recherche, plus de 22 000 spectacles référencés

© Sceneweb | Création site et Maintenance par Limbus Studio
  • L’actualité du spectacle vivant
  • Qui sommes-nous ?
  • Newsletter
  • Politique de confidentialité
  • Signaler un abus
  • Contact
  • Politique de cookies (UE)
Faire défiler vers le haut