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Un Dom Juan déboulonné par David Bobée

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© Arnaud Bertereau

Pour sa première création à la tête du Théâtre du Nord à Lille, David Bobée met en scène Dom Juan de Molière qu’il fait tomber de son piédestal dans une version décapante.

« Faut-il déboulonner les statues dont les histoires nous encombrent ? » s’interroge David Bobée qui monte Dom Juan de Molière non sans faire remarquer combien le mythe littéraire et théâtral peut poser problème aujourd’hui. Le célèbre personnage, éthiquement contestable et contesté, cristallise, selon le metteur en scène, un classisme, un sexisme, un masculinisme, caractéristiques d’un système patriarcal qui, dans l’élan du mouvement MeToo, doit être justement rejeté. Bobée n’est bien sûr pas le premier ni à moderniser Dom Juan ni à en révéler la part d’ombre – bon nombre de mises en scène devenues des références, au théâtre comme à l’opéra, ont tenté de donner à voir le vrai visage d’un héros sans foi ni loi, manipulateur et destructeur – mais sa lecture a la force de s’inscrire de plein fouet dans les sujets qui agitent notre contemporanéité en proie au changement et à vraiment renouveler notre approche de l’œuvre.

Si David Bobée donne à voir la terrible toxicité de Dom Juan, il ne le défait pas non plus complètement de son pouvoir de séduction, surtout en le confiant à un jeune acteur de la trempe de Radouan Leflahi. Ce dernier prête une silhouette virile et athlétique, une arrogante assurance, au personnage qu’il interprète sans manière mais plutôt avec quelque chose de brut, de sauvage et de sévère. Incontrôlable, son Dom Juan porte sur lui et en lui une dangerosité aussi menaçante que magnétique. Il aimante de sa violence rentrée ou impétueusement exacerbée. Cherchant moins à plaire qu’à dominer, il va droit au but, sait satisfaire ses envies, parvenir à ses fins et en jouir instantanément. Il n’hésite pas à recourir au rapport de force : il abuse, saccage, soumet, maltraite, humilie… Chacun se trouve sous son emprise, à commencer par l’Elvire rageuse et éplorée de Nadège Cathelineau dont le jeu souffre d’une trop forte et étrange artificialité.

Par ailleurs, une distribution particulièrement inventive et mélangée fait s’extraire les personnages des clichés auxquels ils sont encore souvent assignés. L’acteur congolais Shade Hardy Garvey Moungondo incarne un Sganarelle tout à fait innovant et réjouissant. Les paysans sur lesquels Dom Juan jette son dévolu (ici autant Charlotte que Pierrot) sont pris en charge par deux jeunes interprètes d’origine asiatique (XiaoYi Liu et Jin Xuan Mao) aux corps déliés et dansants, et qui parlent sur scène le français comme le mandarin. David Bobée fait aussi le choix de remplacer le père de Dom Juan par une figure maternelle ; c’est Catherine Dewitt, avec une imposante autorité.

La monumentalité du cimetière de statues qui sert de décor unique n’écrase pas le plateau. Dom Juan se mesure à de massifs colosses, illustres conquérants de pierre usée, avant de se statufier lui-même en s’enduisant le visage et les cheveux d’une pâte grège. L’atmosphère nocturne, un brin lugubre, est imprégnée de sang et de glace. De nombreux effets spectaculaires un peu appuyés (type lumières stroboscopiques et musiques ravageuses) secouent autant qu’étirent la représentation. Celle-ci trouve pour issue la vengeance unanime des victimes triomphantes : abattu sans pitié d’un coup de revolver, le héros déchu disparaît dans les limbes du plateau ouvert telle une béante tombe.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

DOM JUAN
OU LE FESTIN DE PIERRE

Texte Molière

Mise en scène et adaptation David Bobée

Avec
Radouan Leflahi
Dom Juan

Shade Hardy Garvey Moungondo
Sganarelle

Nadège Cathelineau
Elvire

Nine d’Urso
Dom Carlos

Orlande Zola
Gusman, Dom Alonso

Grégori Miège
M. Dimanche, Le pauvre

Catherine Dewitt
Dom Louis

Xiao Yi Liu
Charlotte, un spectre

Jin Xuan Mao
Pierrot, Mathurine, La Ramée

Scénographie
David Bobée et Léa Jézéquel
Lumière
Stéphane Babi Aubert
Vidéo
Wojtek Doroszuk
Musique
Jean-Noël Françoise
Costumes
Alexandra Charles
Construction décor
Les ateliers du Théâtre du Nord
Assistanat à la mise en scène
Sophie Colleu et Grégori Miège
Production Théâtre du Nord, CDN Lille Tourcoing-Hauts de France
Coproduction (en cours) Tandem, Scène Nationale d’Arras – Douai ; La Villette – Paris ; Equinoxe – Scène Nationale de Châteauroux ; Maison de la culture d’Amiens – Pôle européen de création et de production ; Le Phénix – Scène Nationale de Valenciennes ; La Comédie de Clermont-Ferrand, Scène Nationale ; Maison des arts de Créteil ; Le Quai – CDN Angers Pays de la Loire ; Théâtre des Salins – Scène Nationale de Martigues ; Scènes du Golfe Théâtres
Arradon – Vannes
Avec le dispositif d’insertion de l’École du Nord, soutenu par la Région Haut-de-France et le Ministère de la Culture Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National

Durée du spectacle 2h40

vu en 2022 à Lille à la création au Théâtre du Nord

Tournée 2024/2025

25 AU 27 SEPTEMBRE 2024
Théâtre.s de la Ville de Luxembourg (Luxembourg)

17 ET 18 OCTOBRE 2024
Comédie de Béthune CDN (62)

6 AU 8 NOVEMBRE 2024
Théâtre Auditorium de Poitiers – Scène nationale (86)
14 ET 15 NOVEMBRE 2024 l Maison de la Culture de Bourges – Scène nationale (18)

8 AU 16 JANVIER 2025
Théâtre National de Strasbourg (67)

23 ET 24 JANVIER 2025
Théâtre de Sartrouville et des Yvelines CDN (78)

30 ET 31 JANVIER 2025
Théâtre du Beauvaisis – Scène nationale, Beauvais (60)

5 ET 6 FÉVRIER 2025
Le Volcan – Scène nationale du Havre (76)

22 janvier 2023/par Christophe Candoni
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