Metteur en scène et comédien, Jacques Vincey dirige le Théâtre Olympia – Centre dramatique national de Tours depuis janvier 2014. Il achève cette année son 3e mandat. Voici la liste des artistes retenus par les tutelles. Ils vont déposer un dossier de candidature pour lui succéder.
Compagnie du Double : Amine Adjina et Emilie Prévosteau
La Compagnie du Double a été créée en 2012, à Saint-Ay (Loiret – 45). Elle est co-dirigée par Émilie Prévosteau, actrice et metteuse en scène et Amine Adjina, acteur, auteur, metteur en scène et scénariste. Formés à l’ERACM (École Supérieure de Théâtre à Cannes et Marseille), leurs sensibilités communes pour l’écriture les amènent très vite à travailler ensemble. Leur recherche principale se porte sur l’art de l’acteur.rice, les formes théâtrales et les récits contemporains. L’idée du Double pose intrinsèquement les questions d’identité, de ressemblance/dissemblance, de frontières, et porte un déséquilibre contenu dans le geste créatif du binôme.
Le Double compte plusieurs spectacles à son répertoire ; tous sont écrits par Amine Adjina mais chacun propose une forme singulière : Sur-prise, monologue féminin interrogeant les identités plurielles par la figure de Marilyn Monroe, Retrouvailles ! repas de famille observant la place de « la pièce rapportée » dans un dispositif circulaire, Dans la chaleur du foyer une réécriture du mythe de Phèdre axée sur sa situation d’étrangère, Arthur et Ibrahim premier texte à destination de la jeunesse (Actes Sud – Heyoka jeunesse) sur la question des identités, Projet Newman, spectacle hybride sur la famille et la puissance de la fiction, mêlant performance, travestissement, documentaire, vidéo… à partir de la pensée du philosophe Günther Anders, La diversité est-elle une variable d’ajustement…, fausse conférence-élection, écrite et conçue par Amine Adjina, Gustave Akakpo et Métie Navajo autour du mot « diversité », et Histoire(s) de France (Actes Sud – Heyoka jeunesse), deuxième comédie à destination de la jeunesse.
Depuis le début, la Compagnie du Double interroge et investit le travail de transmission auprès d’amateurs mais également auprès d’écoles artistiques : conservatoires régionaux (Tours, Blois), conservatoire de musique et de danse d’Évry, la prépa Arts Visuels de l’Essonne, l’EDT91, ou encore d’écoles supérieures telles que l’Académie Fratellini, l’ESAD à Paris et l’ERACM.
Lors de la saison 2022/23, le Double mettra en scène deux nouvelles créations : Nos Jardins, qui poursuit le cycle d’écriture sur l’Histoire et Théorème / Je me sens un cœur à aimer toute la terre, au Théâtre du Vieux Colombier à la Comédie Française en avril 2023.
Amine Adjina et Émilie Prévosteau sont artistes-complices de la scène nationale d’Angoulême et artistes-associés de la Halle aux Grains, scène nationale de Blois, et du Théâtre 71, scène nationale de Malakoff. La Compagnie du Double est conventionnée par la Région Centre/Val de Loire depuis 2019, et par la DRAC Centre-Val de Loire depuis 2021.
Cie Babel : Elise Chatauret et Thomas Ponderie
La cie Babel est codirigée par Élise Chatauret, autrice et metteuse en scène, qui a créé la compagnie en 2008, et par Thomas Pondevie, dramaturge. A leurs côtés pour mettre en oeuvre le projet de la compagnie : Marion Souliman est en charge du développement, de la diffusion et de la coordination des activités, Maëlle Grange administre la compagnie, Jori Desq est directeur technique, et Bérangère Magnani s’occupe de la logistique de tournée.
Entourés de collaborateurs fidèles, nous affirmons une démarche de théâtre documenté. Nous construisons des spectacles au croisement du réel et de la fiction et travaillons à une poétique singulière ancrée dans le monde contemporain. Nos créations traitent de grands sujets de société et se construisent à partir d’entretiens que nous menons auprès d’habitants, de professionnels et d’experts lors d’immersions et d’enquêtes au long cours sur des territoires.
Notre travail s’articule autour de deux axes : spectacles au plateau et spectacles itinérants/participatifs, projets qui sont tous nourris par ailleurs par un travail continu de transmission et de formation. Nous travaillons comme des réalisateurs de films documentaires. Pour chacun des spectacles, nous choisissons un sujet et nous enquêtons. Les personnages sont d’abord des personnes que nous rencontrons et auprès de qui nous menons des entretiens. Nous travaillons à partir du lien que nous créons ensemble. L’écriture scénique s’élabore à partir de cette matière documentaire que nous avons recueillie. Les documents sont de natures diverses : fichiers audio, photos, tableaux, textes, utilisés bruts ou transformés par des opérations de traduction, de montage, de mise en dialogue et en frottement.
Si le travail d’enquête est le socle de l’écriture scénique, les spectacles de la compagnie Babel interrogent toujours le lien entre le document et la fiction, et questionnent la potentielle théâtralité du document, en s’émancipant peu à peu de la matière initiale.
Au croisement de la grande et de la petite histoire, les spectacles de la compagnie entendent parler et mettre en lumière des sujets, des personnes, des lieux qui ne sont pas habituellement exposés.
Annabelle Sergent
En parallèle de ses études universitaires théâtrales (DEA sur Didier-Georges Gabily, Eugène Durif…), Annabelle Sergent devient autrice et interprète de ses spectacles. Elle fait partie de cette génération d’artistes issus des arts du récit, qui mêle intimement écriture textuelle et écriture de plateau.
Avec Peaux de femmes (création 2002), elle trace une ligne et pose sa singularité dans le champ des arts de la parole, accompagnée en écriture par Bernadète Bidaude. La même année avec Chuuut ! (création 2002), librement inspiré de l’album Chuuut ! de Minfong Ho, Annabelle propose un travail en direction des tous petits et impose un univers délicat et pleins d’images où le rêve et la poésie viennent dérégler une trépidante réalité. Avec Vagabonde (création 2005/2006), elle interroge la relation entre le conte et la danse contemporaine. Les poésies d’Albane Gellé et le travail chorégraphique avec Mic Guillaumes posera les bases de l’écriture du corps dans le volume de la scène.
Avec Bottes de prince et bigoudis (2006), P.P. les p’tits cailloux (2010) et Le Roi des Rats (2015), Annabelle Sergent compose une trilogie sur les récits qui traversent l’enfance, et défend le spectacle tout public « à partir de… ». Pour elle, s’adresser au jeune public c’est avant tout écrire de plusieurs points de vue : l’enfance, l’adulte, l’enfance de l’adulte.
En 2016, devant les secousses sociétales, les attentats, les guerres, Annabelle Sergent interroge la source du geste de création. Tenter de cerner ce qui se trame aux portes de l’Europe… Elle quitte les récits de fiction, et ouvre un cycle sur les écritures du réel, en direction des adolescents. Elle invite des autrices à explorer un champ artistique et politique à partir de cette question :
Elle met en scène Waynak, co-écrit avec Catherine Verlaguet [publié chez Lansman Editeur]. Le second volet, Shell Shock, est une commande d’écriture à l’autrice Magali Mougel [publié aux Editions Espaces 34].
Après quatre années de recherches sur ces sujets politiques, Annabelle Sergent interroge la question de la bagarre, proposant une pirouette sur la notion de conflit, à hauteur d’enfant. Comment conjuguer toutes ces forces qui traversent l’humain, dès le plus jeune âge ? Elle passe commande à l’autrice Karin Serres pour écrire Bagarre, à partir de 6 ans, sorte d’écho artistique et fantaisiste, sur la source des conflits. La Trilogie du Ring est ainsi composée de trois pièces : Bagarre (spectacle), Titus (O.M.A. pour Objet de Médiation Artistique) et Tata Moisie (happening).
Les lectures croisées d’Annabelle Sergent et Karin Serres, à la fois « quantiques » et inspirées des philosophes du vivant, les amènent aujourd’hui à poursuivre leur geste de création à travers un cycle sur le vivant, avec deux formes : SAUVAGE (spectacle à partir de 10 ans) et la petite forme artistique, Conférence passionnée (titre provisoire). Ces deux spectacles, ainsi que le projet de médiation seront créés avec les araignées philosophes en 2023.
En tant qu’artiste, Annabelle Sergent participe au jury ARTCENA des Grand Prix de Littérature Dramatique et Grand Prix de Littérature Dramatique Jeunesse depuis 2022. Elle intervient également comme co-directrice pédagogique du LABO, Maison du Conte à Chevilly-Larue depuis 2021, ainsi que comme chargée d’enseignement pour l’analyse des spectacles auprès des étudiants en Licence 1 Arts du spectacle à l’Université Catholique de l’Ouest à Angers depuis 2021.
À ses débuts, elle s’entoure de collaborateurs artistiques à l’écriture comme Vincent Loiseau (Kwal), et à la mise en scène comme Bernadète Bidaude, Hélène Gay, Anne Marcel. L’esthétique d’Annabelle Sergent, exigeante et audacieuse, seule-en-scène, plateau nu, avec pour seuls partenaires de jeu la scénographie lumière et sonore – vaut à P.P. les p’tits cailloux une nomination aux Molières Jeune Public 2011.
Toujours dans une volonté de collaboration et de transmission, Annabelle Sergent a utilisé son expérience pour accompagner d’autres artistes tels que Cécile Morelle (Compagnie Le Compost), Kwal (Vincent Loiseau) ou Clément Pascaud et Marion Solange-Malenfant (Compagnie Le Point du Soir).
Ces accompagnements ont pris différentes formes selon les besoins et les spécificités de chaque projet. Auprès de Cécile Morelle, Annabelle Sergent apport une aide à l’écriture dramaturgique et un regard en direction d’actrice, pour le spectacle La Trouée, création en 2022.
Pour Kwal, Annabelle Sergent a apporté son regard sur la mise en scène mais également, par le biais du padLOBA, elle a proposé un accompagnement sur la diffusion de son nouveau spectacle, Nouvelles chroniques sur la route (Titre provisoire).
Avec Clément Pascaud et Marion Solange-Malenfant, pour le projet Serena, elle propose un regard artistique ainsi qu’un accueil en résidence au padLOBA sur la saison 2022/2023. Cet accompagnement s’inscrit dans une collaboration avec le Théâtre de l’Hôtel de Ville de Saint-Barthélemy-d’Anjou qui accueillera les premières en novembre 2023.
En parallèle de son travail avec d’autres artistes, Annabelle Sergent est membre active de plusieurs réseaux du secteur Jeune Public, notamment par le biais du padLOBA. A l’échelle départementale, c’est au sein des PJP 49 (Partenaires Jeune Public du Maine-et-Loire) qu’Annabelle Sergent s’implique auprès de programmateurs pour le choix et le suivi d’accompagnement d’un projet de création Jeune Public par saison.
À l’échelle des Pays de la Loire, le padLOBA et Annabelle Sergent font partie du comité de pilotage de PlatO, plateforme jeune public des Pays de la Loire pour le développement du secteur du Jeune Public. Depuis 2017, elle fait également partie du comité technique théâtre du Conseil régional.
Le travail en réseau d’Annabelle Sergent se traduit également par sa participation au Conseil d’Administration de Scènes d’enfance – Assitej France, association à l’échelle nationale.
Gurshad Shaheman
Gurshad Shaheman a été formé à l’École Régionale d’Acteurs de Cannes et Marseille (ERACM). Il a aussi un master II de littérature comparée obtenu à Paris VIII sur la traduction de la poésie persane. En tant qu’acteur, assistant à la mise en scène ou encore traducteur du persan, il a notamment collaboré avec Thierry Bédard, Reza Baraheni, Thomas Gonzalez ou Tatiana Julien.
Depuis 2012, Gurshad écrit et interprète ses propres performances. Sa trilogie, Pourama Pourama, toujours en tournée, est publiée aux éditions Les Solitaires Intempestifs. En 2018, il crée au Festival d’Avignon, Il pourra toujours dire que c’est pour l’amour du prophète, spectacle écrit à partir de récits de réfugiés LGBT issu.es du Moyen Orient. En 2019, il crée sa compagnie La Ligne d’Ombre, implantée dans les Hauts-de-France. Artiste associé au théâtre Les Tanneurs à Bruxelles, Gurshad y crée en 2020 Silent Disco, projet citoyen mené avec des jeunes gens en rupture avec leurs familles.
En France, il est associé au Manège, scène nationale de Maubeuge, et au Théâtre de l’Union CDN de Limoges. Il est également accompagné par Le Phénix, scène nationale de Valenciennes et la Maison de la Culture d’Amiens. En 2021, il écrit et met en scène Les Forteresses, spectacle toujours en tournée. Le livre a obtenu en 2022 le Prix de la Librairie Théâtrale et est nommé à trois autres prix littéraires : Le prix de la littérature dramatique de l’Artcena, le prix Sony Labou Tansi et le Prix Koltes du TNS. Gurshad est également à l’origine des Cabarets Dégenrés, rendez-vous annuel et festif créé à Confluences à Paris puis transporté au Point Ephémère. Il vient de terminer l’écriture de Pour que les vents se lèvent – Une Orestie, créée en octobre 2022 au TNBA à Bordeaux dans une mise en scène de Catherine Marnas et de Nuno Cardoso. Lauréat de l’appel à projet, Mondes Nouveaux, en 2023, il créera Jadis, lorsque mon cœur cassa, installation sonore et florale écrite à partir de récits de personnes en parcours de soin psychiatrique. Le projet est produit en partenariat avec le Centre des Monuments Nationaux et verra le jour au Monastère Royal de Brou à Bourg-en-Bresse. Comme pédagogue, il intervient, entre autres, à l’ERACM, à l’ESTU Limoges, et dans l’antenne belge du Cours Florent à Bruxelles.
Frédéric Sontag
Auteur et metteur en scène, Frédéric Sonntag a créé la compagnie ASANISIMASA à sa sortie du CNSAD. Il a écrit et mis en scène une quinzaine de pièces, notamment la « Trilogie Fantôme » composée de George Kaplan, Benjamin Walter et B. Traven, un cycle qui, à travers trois personnages fantomatiques, mène l’enquête sur la notion d’identité et sur les enjeux politiques des récits du XXème siècle à aujourd’hui. Il travaille également à l’élaboration de formes performatives et de formes courtes consacrées aux mythologies de la culture pop, comme Atomic Alert ou le diptyque Beautiful losers. En 2019, il crée son premier spectacle jeune public L’Enfant océan, adaptation du roman de Jean-Claude Mourlevat.
A partir de 2021, Frédéric Sonntag travaille sur un nouveau cycle, le diptyque « Se souvenir du futur », composé de D’autres mondes et de L’Horizon des événements – mettant en scène deux générations, celle des Trente glorieuses et celles de leurs enfants à l’âge adulte au début des années 2000. À travers leurs difficultés à communiquer et le poids des héritages, se racontent la dette d’une génération envers l’autre, ainsi que le virage idéologique, économique et écologique de la fin des années 70;
D’autres mondes est créé en septembre 2021 au Théâtre Public de Montreuil – CDN, la première de L’Horizon des événements aura lieu en novembre prochain à la Scène nationale d’Alençon. Les spectacles pourront jouer seuls ou en diptyque.
En mars 2023, Frédéric Sonntag créera également Sócrates (gagner ou perdre mais toujours en démocratie), pièce pour deux acteurs sur l’histoire du joueur de foot brésilien légendaire Sócrates. Parallèlement, L’Enfant océan poursuivra sa tournée, pour une troisième saison (une quatrième est déjà en préparation).
En avril 2023, à l’invitation du TNG – CDN de Lyon, Atomic Alert sera repris et la compagnie proposera une version lecture-concert de Nous étions jeunes alors.
La compagnie fait partie du collectif d’artistes « Les Intrépides » de la Scène nationale Alençon / Flers / Mortagne-au-Perche. Elle est conventionnée par la DRAC Île-de-France et par la Région Île-de-France au titre de l’aide à la permanence artistique et culturelle.
Bérangère Vantusso
La compagnie trois-six-trente s’est créée en 1999 sur les bancs de l’Université de Paris 3, avec le désir de monter des pièces du répertoire contemporain en croisant acteurs et marionnettes et de s’orienter vers un théâtre hybride, au croisement des arts plastiques et du théâtre. Au départ trois personnes – Bérangère Vantusso, Eddy Pallaro et Anne Dupagne – ont donné le nom trois-6ix-trente (TROIS personnes ont SIX mains et TRENTE doigts). Rapidement, le musicien Arnaud Paquotte a rejoint le trio, augmentant la scène de sa présence en live. La première pièce créée a été Le Dieu Bonheur de Heiner Müller.
2000-2005. La compagnie est assez vite repérée dans le milieu de la marionnette contemporaine qui militait activement à travers son association Themaa pour favoriser les rencontres entre auteurs contemporains et marionnettistes. En 2000, elle participe aux Rencontres Nationales de la Marionnette organisées conjointement par Themaa et La Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon. Suite à ces Rencontres, la compagnie passe commande d’un texte à Jean Cagnard et Christian Caro et crée Sur une chaise renversée (2002). En 2004, Bérangère Vantusso crée un autoportrait en marionnette, intitulé Va où -ce qui m’arrive à tout le monde, inspiré du recueil de poèmes de Valérie Rouzeau. Cette création est restée un mois à l’affiche de La Maison de la Poésie à Paris et a largement contribué au rayonnement de la compagnie.
2006-2016. En 2006 c’est le désir de monter un texte de Jon Fosse intitulé Kant (dont le personnage principal est un garçon de 8 ans), qui ouvre sans le savoir un champ d’exploration qui durera 10 ans. Le travail dramaturgique sur ce texte était en cours au moment où la Fondation Cartier consacrait une rétrospective à l’œuvre du sculpteur Ron Mueck. L’évidence est apparue de créer une marionnette de garçon qui aurait vraiment l’air d’être un garçon.
C’est de manière très empirique, avec la complicité et le talent de Marguerite Bordat que la compagnie recentre dès lors son identité sur l’hyperréalisme (tombé en désuétude au début du XXe siècle) comme source de renouvellement du lien entre le théâtre et la marionnette contemporaine, entre l’acteur et la poupée. L’équipe s’agrandit et se structure. La collaboration avec Marguerite Bordat se poursuit ; d’étranges personnages voient le jour au fil des créations, dont la présence singulière (au seuil du vivant et du mort) trouble la perception du réel et ouvre un espace de jeu théâtral inédit. Le « cycle hyperréaliste » dure 10 ans et englobe 7 créations : Kant de Jon Fosse, Les Aveugles de Maeterlinck, L’herbe folle d’Eddy Pallaro, Violet de Jon Fosse, Le rêve d’Anna d’Eddy Pallaro et L’institut Benjamenta d’après Robert Walser (créé au 70ème Festival d’Avignon). En tout, c’est une troupe de 40 marionnettes hyperréalistes qui a peuplé les spectacles de la compagnie.
En 2015, Bérangère Vantusso est lauréate du programme Hors les murs de l’Institut Français et part deux mois au Japon à la rencontre des maîtres du théâtre de Bunraku.
Elle en revient en ayant notamment découvert le kamishibai, un art du conte qui se joue dans la rue et s’appuie sur de grandes images peintes et manipulées au gré du récit. C’est ce dispositif scénique qui sera le point de départ de la création de Longueur d’ondes – histoire d’une radio libre (voir plus bas).
En 2016, Eloi Recoing, alors directeur de l’Institut International de la Marionnette, invite Bérangère Vantusso à mettre en scène les élèves de la 10° promotion de l’ESNAM dans leur spectacle de sortie. Elle crée avec eux, Le cercle de craie caucasien de Bertolt Brecht.
Ce spectacle opère comme une charnière entre la fin du travail sur l’hyperréalisme et la suite de la recherche de la compagnie qui s’appuie toujours sur les ressources du jeu avec marionnettes pour questionner des formes théâtrales affranchies de tout naturalisme qui s’appuie de plus en plus sur l’imaginaire du spectateur comme moteur et lien de l’écriture scénique.
2017-2021. En janvier 2017 Bérangère Vantusso est nommée directrice artistique du Studio-Théâtre de Vitry. Elle y est toujours en poste et développe un projet centré sur la création, la recherche et l’expérimentation pour le spectacle vivant.
Des compagnies viennent y créer leurs pièces qui donnent parfois lieu à des Ouverture(s) publiques. C’est également un endroit de recherche qui permet aux artistes de travailler en équipe sur des problématiques théâtrales qui leur sont propres et n’aboutissent pas directement à des spectacles. Le Studio-Théâtre organise régulièrement des ateliers et stages à destination des amateurs et des scolaires et propose régulièrement des projets situés, dans l’espace public ou hors les murs.
La création de Longueur d’ondes – histoire d’une radio libre (2018) marque le début de la collaboration avec le peintre Paul Cox. Ensemble, ils entament un travail théâtral où le trio acteurs, texte et images peintes trouve un équilibre entre formalisme et émotion, au service d’un récit historique, celui de la lutte des ouvriers sidérurgistes de Longwy en 1979.
C’est au Studio-Théâtre que Bérangère Vantusso rencontre Mariette Navarro. La lecture de son texte Alors Carcasse – récit épique sur l’immobilité – vient toucher le désir de renouer avec l’écriture poétique et de ramener la marionnette à sa plus simple expression, celle d’un bout de bois. À l’occasion de cette création, de nouvelles collaborations se tissent, les actrices Sophie Rodrigues, Stéphanie Pasquet et Fany Mary rejoignent la compagnie, ainsi que Géraldine Foucault pour le son et Florent Jacob pour les lumières. Drôle de destin pour un personnage qui se tient immobile au seuil de son époque, Alors Carcasse a été coupé dans son élan par le confinement en mars 2020, une reprise est envisagée en octobre 21.
Après avoir oscillé entre l’inertie inquiétante et la mobilité stupéfiante des marionnettes hyperréalistes, le désir de création tend de plus en plus à déjouer nos catégories fondamentales d’appréhension de la représentation théâtrale en assumant un certain formalisme et une abstraction. En travaillant les vides plutôt que les pleins.
En septembre 20, Gildas Milin, auteur et metteur en scène, directeur de l’Ecole Nationale Supérieure d’Art Dramatique de Montpellier, propose à Bérangère Vantusso de mettre en scène la promotion 2020 dans l’un de leur spectacle de sortie. C’est la première fois qu’une classe d’acteur.euse.s « sort » avec un spectacle de marionnette. Il s’agit d’un texte de Charles Pennequin – modestement intitulé Comprendre la vie. Vaste projet au sortir de l’école… Dans ce spectacle jubilatoire aux airs novariniens, les mots, les corps, le décor, les marionnettes, tout est manipulation.
Nous arrivons à l’actualité de la compagnie : la collaboration avec la compagnie de L’Oiseau Mouche pour la création de Bouger les lignes – histoires de cartes. Une pièce destinée au jeune public (à partir de 10 ans) écrite par Nicolas Doutey, pour laquelle la collaboration entre Paul Cox et Bérangère Vantusso se poursuit.
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