Les directrices et directeurs des Centres Dramatiques Nationaux ont été échaudés par leur rencontre annuelle avec Régine Hatchondo, la directrice générale de la Création artistique en marge du Festival d’Avignon. Un rendez-vous très tendu dans un contexte de rigueur budgétaire après l’annonce d’une baisse de 50 millions dans le budget de la culture.
« Votre modèle économique est à bout de souffle ! » Voilà ce qu’ont entendu les directrices et directeurs des Centres Dramatiques Nationaux de la bouche de Régine Hatchondo, directrice générale de la Création artistique (DGCA). « C’est méprisant et arrogant » clament en cœur tous les directeurs que l’on a pu joindre ce matin. Les plus anciens n’ont jamais entendu autant de violence de la part d’un représentant de l’État. Le ton est monté très vite lors de cette rencontre annuelle à Avignon lorsqu’il a été question du rapport de René Bonnell, encore tenu secret et commandé par l’ancien gouvernement. Certains directeurs ont pu se procurer le document destiné à trouver des solutions en faveur du théâtre privé. L’une d’elles serait de prélever 1 euro sur chaque billet de spectacle dans le secteur public pour le reverser au fond de soutien du privé qui est géré par l’Association pour le Soutien du Théâtre privé (ASTP).
« Quand vous me parlez d’argent, vous ne me faites pas rêver… heureusement que j’ai autre chose que vous dans ma vie. » Le sang n’a fait qu’un tour chez beaucoup de metteurs en scène. La première à réagir a été Marie-José Malis, directrice du CDN d’Aubervilliers. Sur sa page facebook elle écrit. « On imagine Robert Abirached (il a dirigé le département du Théâtre et des Spectacles pendant les mandats de Jack Lang dans les années 80 – NDLR) dire à Planchon ou à Vitez « vous me faites pas rêver » et « Il va falloir quand même penser à faire tomber le mur de Berlin entre vous et le théâtre privé » a poursuivi Régine Hatchondo. « On va pas laisser crever les théâtres parisiens« .
Alors que l’on va fêter cette année les 70 ans de la décentralisation, les patrons des CDN sont tombés de leur chaise. « Nous faire le reproche de ne pas chercher un nouveau mode de fonctionnement est indécent » explique Arnaud Meunier, le directeur de la Comédie de Saint-Étienne. « Quand je suis arrivé, les recettes propres étaient de 18%, elle sont montées à 30% grâce aux spectacles vendus en tournée« . Cette réunion tendue révèle un malaise profond entre les artistes et la tutelle, alors que Françoise Nyssen, la nouvelle ministre va devoir réaliser des arbitrages dans son budget amputé de 50 millions, à prendre sur son « fonctionnement ».
Les syndicats préparent leurs armes pour la rentrée. Dans un communiqué, la CGT rappelle les promesses du candidat Macron pendant la campagne électorale, « pas un euro ne manquerait au budget du ministère de la Culture« . Il s’inquiète pour « le travail des agents et leurs conditions de travail, en administration centrale, en DRAC et dans les établissements« . La CGT appelle « les professionnels-les du spectacle, du cinéma, de l’audiovisuel et de l’action culturelle et ceux du ministère de la Culture à préparer dès maintenant la mobilisation et la grève pour le 12 septembre« .
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
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