Lars Eidinger serial-killer machiavélique dans le Richard III de Ostermeier

photo Arno Declair

Avignon et Thomas Ostermeier, c’est une longue histoire d’amour depuis ses débuts et Die Baracke. Elle ne se dément pas. Le public a réserve une ovation à Lars Eidinger qui incarne Richard III. Un acteur époustouflant ! On peut le revoir à l’Odéon pour quelques dates.

Cette pièce est une machination politique incroyable, celle qui conduit Richard, frèce cadet du roi Edouard IV à monter sur le trône, à usurper le pouvoir à la mort au détriment de ses neveux Edouard V et Richard de Shrewsbury (représentés sur scène par deux marionnettes). Et pour porter ce rôle, il faut un comédien d’envergure. Ce qui ne manque pas dans la troupe de la Schaubühne de Berlin. Thomas Ostermeier a choisi Lars Eidinger qui avait déjà marqué les esprits à Avignon dans le rôle de Hamlet (Cour d’honneur en 2008).

Bossu, la tête difforme, le sourire carnassier, Lars Eidinger incarne un formidable Richard III manipulateur et conspirateur. Il joue avec le public, réveillant un spectateur au premier rang en lui jetant de la terre, il vole dans les airs suspendus à un micro-caméra – point central de la scénographie de Thomas Ostermeier. Il est captivant de bout en bout dans ce rôle de serial-killer machiavélique.

La mise en scène est ponctuée de morceaux de métal, interprétés à la batterie par Thomas Witte qui font trembler les boiseries de l’Opéra-Théâtre comme dans un concert rock. C’est grisant. Le décor n’est pas le plus innovant de la carrière de Thomas Ostermeier, une maison en terre sur trois niveaux. Certaines scènes (très rares) manquent un peu d’intensité. Mais tout est balayé d’un revers de main par une direction d’acteurs exceptionnelle.

Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr

Mise en scène Thomas Ostermeier Traduction Marius von Mayenburg Scénographie Jan Pappelbaum Dramaturgie Florian Borchmeyer Musique Nils Ostendorf Lumière Erich Schneider Vidéo Sébastien Dupouey Costumes Florence von Gerkan, Ralf Tristan Scezsny Marionnettes Susanne Claus, Dorothee Metz Chorégraphie du combat René Lay Avec Thomas Bading, Robert Beyer, Lars Eidinger, Christoph Gawenda, Mortiz Gottwald, Jenny König, Laurenz Laufenberg, Eva Meckbach, Sebastian Schwarz, et le musicien Thomas Witte Production Schaubühne (Berlin)

Durée: 2h30

Les Gémeaux à Sceaux
du 20 au 30 janvier 2022