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Séverine Chavrier, par-delà les frontières

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Séverine Chavrier
Séverine Chavrier

Photo Alexandre Ah-Kye

Génération sceneweb (20/30). Patronne du CDN d’Orléans depuis janvier 2017, la metteuse en scène tente de briser les murs symboliques et artistiques, de combiner les disciplines et d’ouvrir grand les portes du milieu théâtral.

Quand on l’interroge sur ses forces, Séverine Chavrier répond sur ses « failles ». Façon pour elle d’y dénicher une certaine lumière. Arrivée à la tête du CDN d’Orléans il y a tout juste quatre ans, l’artiste souligne d’emblée qu’elle ne vient pas « du sérail ». « Si j’ai fait mes classes prépa à la République, je n’ai pas fait d’école de mise en scène, rappelle-t-elle. Avant Epousailles et représailles créé à Nanterre, j’ai réalisé deux ou trois spectacles qui sont restés souterrains. A l’époque, les institutions étaient très fermées et il y avait bien moins de lieux d’émergence qu’actuellement. » Pour percer, la trentenaire prend alors appui sur son savoir-faire musical, qui lui permet de travailler, aux côtés de Rodolphe Burger, sur plusieurs spectacles de Jean-Louis Martinelli – Schweyk, Kliniken et Les Fiancés de Loches –, alors directeur des Amandiers. « C’est comme ça que j’ai pu rentrer dans l’institution et rencontrer le milieu de la danse, du théâtre et du cirque, précise-t-elle. Je suis, encore aujourd’hui, étonnée de voir l’étanchéité entre ces différents milieux et leurs difficultés à échanger dans la polémique et l’exigence. »

Un constat d’autant plus criant pour la metteuse en scène qu’elle s’est fait une spécialité de brouiller les cartes et les pistes, de combiner et d’enchevêtrer les arts, qu’elle s’attaque à Ballard (Plage ultime), Bernhard (Nous sommes repus mais pas repentis) ou Faulkner (Les Palmiers sauvages). « Parce qu’on ne joue pas Mozart comme on joue Debussy, je lis quasiment tout lorsque je travaille sur un auteur, détaille-t-elle. Je cherche à entrer pleinement dans son univers, souvent fort, total, pour pouvoir mettre en place une aire de jeu pour les comédiens et permettre un saut esthétique qui ne se contente pas d’une sous-lecture de l’oeuvre. Je dois donc avoir un rendez-vous personnel avec lui, le faire mien, afin d’être, à la fois, fidèle et libre à son endroit. » Avec, toujours, cet héritage musical qui structure sa dramaturgie, la pousse à construire un thème et ses variations, voire trois mouvements à la manière d’un concerto.

Logique patriarcale

Plutôt que d’être, comme d’autres, en prise directe avec le monde, Séverine Chavrier tient à travailler sur des sujets qu’elle « connait de l’intérieur », qui la « touche », l’« agite », à la manière de cette aristocratie perdue dépeinte par Bernhard. « Pour moi, le théâtre consiste, avant tout, à transposer quelque chose et à créer des êtres humains sur scène, ce qui, quand on y pense, est extraordinaire, appuie-t-elle. C’est aussi un art hybride – et donc médiocre, dirait Bernhard – qui suppose un travail collectif car le metteur en scène est toujours en défaut de connaissances. Isolé, il réussirait à tirer un seul fil, mais pas tous, car il n’en sait jamais assez sur les lumières ou les machines par rapport aux personnes qui l’entourent. »

Une vision à rebours de la figure du metteur en scène omnipotent contre lequel Séverine Chavrier « lutte à tout prix ». « Je fais un travail total, mais, de façon permanente, en collaboration, co-écriture, co-création, assure-t-elle. Il ne faut pas se leurrer sur la démagogie de la figure du metteur en scène, qui répond à une logique patriarcale encore très inscrite dans le milieu du théâtre. Plutôt que d’être dans l’idéologie, dans la posture, nous devons tenir notre liberté et notre acuité par rapport au monde. Diriger un lieu ne fait pas de moi une artiste différente, nécessairement engagée, mais cela ne m’empêche pas de creuser l’endroit dans lequel je crois. Dans cette période tourmentée, je crois au choc et à la nécessité permanente d’ouvrir les portes d’un milieu très centré sur la profession et l’entre-soi. J’aime l’insatisfaction, le doute et l’obligation, toujours, de faire mieux. » A la tête du CDN d’Orléans, du Théâtre du Nord, où elle a posé sa candidature, ou avec son adaptation d’Absalon, Absalon ! de William Faulkner, prévue dans les prochains mois, gageons qu’elle aura encore maintes occasions de le prouver.

Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr

20 décembre 2020/par Vincent Bouquet
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