Le bouillonnant Laurent Brethome met en scène une pièce de Clémence Weill qui a reçu le Grand Prix de littérature dramatique du Centre National du Théâtre en 2014, une référence en matière théâtrale. Le projet très séduisant sur le papier se transforme en bouillie indigeste.
La scène est transformée en plateau de télévision avec des éclairages rouges écarlates. Les trois personnages sont installés sur des fauteuils empruntés au télé-crochet « The Voice ». Il y a un homme proche de la retraite (Benoît Guibert), une RH carnassière (Julie Recoing) et un jeune homme insouciant (Thomas Rortais). Ce sont les trois cobayes d’une expérience énigmatique dont il nous a été très difficile de percer le mystère.
La narration de Clémence Weill est morcelée. Elle a écrit un jeu de piste dont on perd très vite le fil. Son texte hybride et abscons provoque un sentiment d’étouffement et de trop plein. Entre « phrases définitives » et aphorismes on a eu beaucoup de mal à trouver la trajectoire de cette histoire. On sent bien percer les thématiques de la Shoah, de l’oppression, mais tout cela est serti dans une densité littéraire qui ne parvient pas à faire ressortir des idées simples.
La direction d’acteurs de Laurent Brethome est parfaite. Les trois comédiens jouent très proches du public, même s’ils sont calfeutrés dans leur fauteuil. Ils l’interpellent. Ils donnent à entendre ce texte. Ils l’escaladent telle une montagne rocheuse truffée de pièges en plaçant çà et là des piquets pour mieux se retenir et éviter de tomber dans le précipice. Ils se maintiennent à flots. Ils ne se ménagent pas.
On s’est laissé néanmoins prendre au jeu dans la première partie du spectacle. Les monologues s’enchainent et parfois on esquisse un sourire. Puis on décroche et on tente de revenir dans le cours du spectacle. On comprend bien à la fin que les trois histoires se rejoignent, on recolle tant bien que mal les morceaux mais on se heurte à un mur d’incompréhension. Bref, ce spectacle est une épreuve.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Le texte, publié aux éditions Théâtrales, est lauréat du Grand Prix de littérature dramatique 2014 du CnT.
Pierre. Ciseaux. Papier
Texte Clémence Weill
Mise en scène Laurent Brethome
Assistante à la mise en scène Anne-Lise Redais
Avec Benoît Guibert, Julie Recoing et Thomas Rortais
Musicien interprète Benjamin Furbacco / Antoine Herniotte
Scénographe Laurent Brethome
Créateur environnement sonore Antoine Herniotte
Créateur lumière David Debrinay
Créatrice costumes Julie Lacaille
Conseiller chorégraphique Eric Lafosse
Production LMV-Le menteur volontaire
Coproduction-résidence Théâtre Sorano – Toulouse
Le menteur volontaire est en convention avec le Ministère de la Culture et de la Communication – DRAC Pays de la Loire, la Ville de La Roche-sur-Yon et le Conseil Régional des Pays de la Loire. Il reçoit également le soutien du Conseil départemental de la Vendée.
Avec le soutien de la Spedidam, société de perception et de distribution qui gère les droits des artistes interprètes en matière d’enregistrement, de diffusion et de réutilisation des prestations enregistrées.
Durée: 1h40– les 5 et 6 avril 2016 au Théâtre Sorano de Toulouse
– le 12 avril au Théâtre de Bourg-en-Bresse
– du 19 avril au 14 mai 2016 au Théâtre du Rond-Point de Paris
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