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Philippe Torreton : « On est dans un délire verbal sécuritaire »

À la une, Les interviews, Théâtre
photo Stéphane de Bourges

photo Stéphane de Bourges

Ce rôle d’Arturo Ui va comme un gant à Philippe Torreton. La pièce a été créée au Bonlieu à Annecy et va tourner pendant toute la campagne de l’élection Présidentielle. Un tribune artistique et politique pour comédien engagé amoureux des grands textes. Après avoir triomphé dans Cyrano, il retrouve le metteur en scène Dominique Pitoiset pour cette adaptation de la Résistible ascension d’Arturo Ui très ancrée dans notre époque. Philippe Torreton n’en n’a pas fini de discuter politique avec les spectateurs comme cela a été notre cas lors de la première à Annecy.

Vous retrouvez Dominique Pitoiset après le succès de Cyrano pour une pièce politique en prise avec l’actualité.

C’est le projet. On a une échéance électorale, et on a fait le constat que l’on est passé de 2002 avec le choc terrible du Front National au 2ème tour  à l’acceptation de voir Marine Le Pen au 2ème tour. C’est acté. En quinze ans on est passé du choc à la normalité. On doit s’interroger sur la manière dont on évoque certains problèmes, comment on agit vis-à-vis des gens qui fuient la guerre qui cherchent le refuge, le repos et la paix de manière temporaire en attendant que la situation se stabilise dans leur pays. Je trouve que l’on parle de tous ces humains sur un ton inadmissible. La France n’est pas à la hauteur de ce qu’elle revendique. On est en train d’éteindre la lumière.

Brecht parvient à nous expliquer comment les idées extrémistes se construisent.

Il démontre dès le titre. C’est « résistible » et non pas « irrésistible ». Il montre les mécanismes. Il explique comme un individu profite des tares d’une nation, profite de la corruption, profite d’une récession économique pour mettre le pied dans la porte. Quand il est convaincu que le Président a trempé dans une affaire de financement occulte, il en profite pour le faire chanter et pour accéder au pouvoir. On flatte les petites gens. On leur fait comprendre que personne ne les écoute, qu’ils sont incompris. Cela part toujours d’un constat sur lequel on peut être d’accord : il y a de la pauvreté en France, il y a des gens avec des petites retraites avec lesquelles on ne peut pas vivre. De là découle un sentiment de rage. Il faut s’interroger sur la réponse à donner. Et les idées extrêmes donnent des réponses en montrant du doigt des innocents. Il y a 75 c’étaient les juifs. Maintenant ce sont les migrants. Il y a des gens qui me font honte.

Si on ne sait pas que l’on voit une pièce de Brecht écrite en 1941, on peut se dire qu’elle a été écrite aujourd’hui et que c’est une compilation de discours politiques contemporains.

C’est ce qui nous a sautés aux yeux en lisant certaines répliques notamment sur l’insécurité. Quand on vient de traverser une période d’attentats en France on pourrait dire ce discours aujourd’hui : « Des citoyens paisibles assassinés en plein jour ». Lorsque Arturo Ui dit aussi « je vais vous protéger de la violence ». Le point de départ du discours pourrait être prononcé par les politiques d’aujourd’hui qui accusent les autres de ne pas en faire assez. On est dans un délire verbal sécuritaire. Je mets au défi n’importe quel politique dans la situation qui a été celle de François Hollande de faire autrement. Et j’ai pourtant été assez critique avec sa politique. C’est un mensonge de dire le contraire. C’est populiste.
Mais le but du jeu du spectacle n’est pas de pointer du doigt untel ou untel et de dire Arturo Ui ressemble à tel ou tel politique d’aujourd’hui. Nous on joue le spectacle. Et c’est au public de penser. C’est pour cela que l’on termine sur « Alors c’est qui Ui ? ». Et Dominique Pitoiset ne cache pas. Il monte ce spectacle pour ne plus revivre cela. La mémoire humaine a une durée de vie de soixante dix ans !

Propos recueillis par Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr

7 novembre 2016/par Stéphane Capron
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